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Vivre sur Terre, retour du Larzac

Dernière mise à jour : 21 juin



Après une première série d'instantanés (ICI), les humanités reviennent sur la première édition des Résistantes – Rencontres des luttes locales et globales, qui ont eu lieu du 2 au 6 août 2023 sur le plateau du Larzac. Façon de prendre date pour d'autres développements à partir de cet automne.


A l’initiative de la Confédération Paysanne de l’Aveyron, de l'association Terres de Luttes et des Faucheuses et Faucheurs Volontaires d’OGM, la première édition des Résistantes Rencontres des luttes locales et globales, a eu lieu du 2 au 6 août 2023 sur le plateau du Larzac, lieu emblématique des luttes contre l’extension d’un camp militaire de 1971 à 1981, puis en 2003 d'un grand rassemblement qui avait réuni 200.000 personnes : c’est là que naîtront les Faucheurs Volontaires d’OGM à l’initiative de Jean-Baptiste Libouban, porte-parole de la Communauté de l’Arche de Lanza del Vasto.


Cette année, pour les Résistantes, de grands moyens ont été déployés sur la commune de la Couvertoirade. D’immenses champs ont été mis à disposition par un paysan. Des chapiteaux, un réseau d’eau potable, des toilettes sèches, des douches, des cantines ont été installés par des bénévoles. 700 d’entre ont assuré avec dévouement le déroulement des rencontres qui ont accueilli quelque 5.000 personnes.

Conférences et ateliers y ont eu lieu dans des espaces aux noms d’animaux : barnums Triton Marbré, Avocette Élégante, Cuivré des Marais, chapiteaux Outarde, Muscardin, Salamandre…


De toute la France des militantes et militants sont venus présenter et partager leurs luttes : le réseau Sortir du nucléaire, Alternatiba, les comités locaux des Soulèvements de la Terre, Secrets Toxiques, et bien d’autres... L’objectif : s’informer des luttes existantes, partager les stratégies, réfléchir sur les modes d’action face à une répression policière devenue très violente notamment après la manifestation contre les méga-bassines de Sainte Soline. Des membres des Soulèvements de la Terre ont témoigné de leur traumatisme après cette manifestation et la peur qui en est restée. Or, il s’agit de ne pas baisser les bras. Un rendez-vous est donné, du 18 au 27 août, avec un "convoi de l’eau" qui partira de Sainte-Soline jusqu’à Paris, un "méga tracto-vélo" contre les bassines (www.lessoulevementsdelaterre.org)


L’eau, devenu un enjeu crucial, a évidemment été au cœur de nombreuses discussions. Quelle utilisation, pour qui ? Les communs perdus (terme préféré au bien commun qui sous-entend une exploitation) doivent être repris, soignés aussi. Deux modèles de société traversent tous les débats. Continuer le productivisme à outrance, le pillage des ressources, la pollution endémique, l’exploitation de la planète et de sa population, ou bien engager une véritable transition vers une société respectueuse de la terre et ses habitants.


Des adversaires sont identifiés. Des marques, des firmes, des politiques, locaux, nationaux, transnationaux.

Les centaines de comités et groupements de luttes partagent leurs expériences, leur victoires et leurs défaites. Quelles actions directes, quelles stratégies, violence ou non-violence, où commence l’une ou s’arrête l’autre ?

La lutte des femmes dans ce contexte est également abordée : ne pas reproduire dans les associations le mode de de fonctionnement du patriarcat. Des luttes plus anciennes menées en Angleterre, aux États-Unis, au Mexique, sont ainsi évoquées.


Certaines conférences ont attiré des centaines de personnes amassées sous les chapiteaux. Les ateliers ont permis des rencontres qui réunissaient de plus petits groupes où chacun.e pouvait se livrer sans fard. Se désenvoûter de la pensée néo-libérale jusque dans nos fonctionnement les plus intimes. On travaille sur notre individualisme, notre "perfectionnisme". Quelle imprégnation le patriarcat laisse-t-il parmi les hommes présents ? Il y a de l’humour, de l’émotion, des prises de conscience. "Porte en toi le changement que tu veux voir dans le monde", disait Gandhi.


La coalition Secrets Toxiques s’attaque aux pesticides. Des images terrifiantes posées à même le sol montrent les résultats de cet emploi en Amérique Latine, notamment auprès des enfants. Un film (voir ci-dessous), un livre, présentent les enjeux et la lutte pour faire abolir l'usage de ces pesticides.


Les repas (cantines à prix libres et producteurs locaux) et les concerts le soir permettent de se retrouver et fêter ensemble une commune détermination à faire bouger les lignes. Un peuple jeune, magnifique, conscient de sa force et de son unité, puissant dans son action et léger dans son approche. On a dansé sur des raps et des cumbias engagés, dans plusieurs bal-trads, du folk aussi en bravant des conditions météo très variables et un vent incessant. On y a vu la lune aussi et même le soleil.


Plus de 500 rencontres ont eu lieu pendants ces quatre jours. Elles ont permis de s’informer, de resserrer les liens, se donner des rendez-vous et avancer ensemble vers un monde respectueux de la nature et de ses habitants. Une exigence vitale, dont cette première édition des Résistantes, sur le plateau du Larzac, a été le cœur battant.


Florian Cevert


Dès le début des humanités, nous n’avons pas seulement joint notre voix à celles et ceux qui, ici, dénoncent « l’inaction climatique ». Nous avons mis en cause « les pyromanes de la maison qui brûle » (en juillet 2021), mais aussi attiré l’attention sur « les peuples autochtones, gardiens de la terre », et mis en avant, lors de la COP 26, des portraits de jeunes activistes du climat, telle l’Ougandaise Vanessa Nakate (ICI), ou encore la jeune Amazonienne Helena Gualinga (ICI). Nous avons publié un entretien exclusif avec Michel Prieur, pionnier d’un droit de l’environnement (ICI), et aussi raconté des histoires de par le monde, comme celle de Yurub Abdi Jama, modeste éleveuse du Somaliland, survit aujourd’hui dans un camp de réfugiés climatiques (ICI).

Dès cet automne, nous souhaitons poursuivre ce travail de "glanages", pouvoir raconter des histoires de luttes, de lieux, de gens, en France et pas seulement.


Pour cela, nous avons besoin de vous.

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