top of page
Photo du rédacteurLa rédaction

Ukraine : sur le front des évacuations


Étudiantes indiennes tentant de fuir l'Ukraine. Photo Wojtek Radwanski / Agence France-Presse


Parmi les civils qui fuient la guerre en Ukraine, de nombreux ressortissants étrangers, notamment étudiants, mais aussi des réfugiés afghans, qui se retrouvent pris au piège.


Ce "fil Ukraine" vous est offert par la rédaction des humanités, média alter-actif. Pour persévérer, explorer, aller voir plus loin, raconter, votre soutien est très précieux.

Abonnements ou souscriptions ICI.


Près de 15.000 citoyens indiens restent bloqués dans le pays, a déclaré hier, dimanche 27 février, le ministre indien des affaires étrangères, Harsh Vardhan Shringla. Alors que des vidéos montrant des étudiants bloqués aux postes-frontières dans le froid et la neige sont apparues sur les réseaux sociaux, le Premier ministre indien Narendra Modi a tenu une réunion tard dans la nuit avec ses plus hauts responsables sur la situation critique des citoyens indiens bloqués en Ukraine


Parmi les civils qui fuient la guerre en Ukraine, se trouvent plus de 10.000 étudiants arabes, dont de nombreux Marocains et Égyptiens, mais aussi des Irakiens ou Syriens. Ils se retrouvent pris au piège du conflit et leur rapatriement est un casse-tête pour leur gouvernement. Inquiètes, des familles se sont rassemblées, ce vendredi 25 février, à Rabat, devant le ministère marocain des Affaires étrangères. Les Marocains forment le principal contingent d’étudiants arabes avec les Égyptiens en Ukraine, prisée pour les études de médecine et d’ingénierie. Au moins 12.000 Marocains dont 8000 étudiants y résident habituellement. Samedi, le Maroc a mis en place de nouveaux numéros verts dans le cadre de l’évacuation de ses ressortissants, et a également invité ses ressortissants à se rendre à des points d’accès frontaliers avec la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne.

Pour les 700 à 750 étudiants libanais bloqués en Ukraine, la situation est plus critique. « J’ai quitté le Liban à cause de l’effondrement économique », raconte Samir, 25 ans, arrivé il y a un mois et demi seulement à Kharkiv. « Il n’y a pas de directives des autorités », se plaint-il.

Ali Mohammad, un étudiant irakien en ingénierie de 25 ans, appelle constamment son ambassade sans succès depuis Chernivtsi, proche de la frontière roumaine : « On est partis d’Irak pour changer de mode de vie, la guerre, les galères. On est venus en Ukraine, et c’est la même chose ». L’Irak compte 5500 ressortissants en Ukraine dont 450 étudiants.

L’ambassade d’Égypte, pays qui compte 6000 ressortissants dont plus de la moitié sont des étudiants en majorité inscrits à Kharkiv, a affirmé sur Facebook coordonner l’évacuation de ses ressortissants vers la Roumanie et la Pologne.

Vendredi, la Tunisie et la Libye ont également assuré préparer la sortie de leurs ressortissants vers des pays limitrophes. La Tunisie, qui ne dispose pas d’ambassade en Ukraine, va envoyer en Pologne et en Roumanie des avions pour rapatrier ses ressortissants qui souhaitent partir parmi les 1700 vivants en Ukraine, dont 80% d’étudiants. Tunis a pris contact avec l’ONU et la Croix-Rouge internationale pour aider à les évacuer par voie terrestre. De son côté, la Libye a prévu des points de ralliement en Ukraine et des évacuations vers la Slovaquie pour une diaspora estimée à près de 3000 personnes, selon son ambassade en Ukraine.

L’Algérie, qui compte un millier d’étudiants en Ukraine et qui est liée à la Russie par des accords militaires, s’est distinguée en n’appelant pas ses ressortissants à quitter le pays. Mais elle les a exhortés à « une extrême prudence et à ne sortir de chez eux qu’en cas d’urgence ».

Sur Twitter, via l’hashtag #AfricansinUkraine, les témoignages se multiplient pour dénoncer le sort des étudiants, notamment originaires d’Afrique subsaharienne. Ils accusent la Pologne de leur refuser l’entrée sur son territoire et l’Ukraine de leur bloquer l’accès aux trains. »Les Africains et les maghrébins semblent être discriminés », rapportait ce dimanche, le journaliste de France 24 Tahar Hani, présent au niveau du passage frontalier entre l’Ukraine et la Pologne. (source : Huffington Post)


Exfiltrés d'Afghanistan, Zakhra, 42 ans, et sa famille, ici protégés par un milicien de la présidence ukrainienne, vivaient depuis six mois dans l'hôtel Ukraine à Kiev. Photo Philippe de Poulpiquet / Le Parisien.


Et qui pour évacuer les réfugiés afghans, et vers où ?

Hier, Le Parisien rapportait l’histoire de Zakhra, institutrice afghane de 42 ans réfugiée avec ses enfants à Kiev (Lire ICI).

Ce matin, l’AFP raconte l’histoire d’Ajmal Rahmani, réfugié depuis un an en Ukraine :

« Après avoir quitté l’Afghanistan il y a un an, Ajmal Rahmani pensait trouver un havre de paix en Ukraine, avant qu’il n’ait dû fuir à nouveau, cette fois en Pologne, avec des centaines de milliers d’autres réfugiés, pour échapper aux bombes russes. “J’ai fui une guerre, et voilà qu’une autre guerre a commencé. Je n’ai vraiment pas de chance”, constate amèrement cet Afghan d’une quarantaine d’années. Il vient tout juste d’arriver en Pologne, avec sa femme Mina, son fils Omar, onze ans, et sa fille Marwa, sept ans, qui ne se sépare jamais de son chien en peluche beige. Arrivé au poste frontalier polonais de Medyka, ils attendent avec les d’autres réfugiés l’arrivée des bus qui les conduiront vers un centre d’accueil dans la ville voisine de Przemysl.

(…)“J’ai travaillé pendant dix ans pour l’Otan à l’aéroport international de Kaboul”, explique Ajmal Rahmani. Il a décidé de quitter son pays quatre mois avant le départ des Américains car il se sentait menacé.“Je recevais des coup de fil avec des menaces de mort pour mes enfants. J’en ai parlé à mon travail, mais personne n’a voulu m’entendre, personne ne voulait m’aider, m’accorder un visa”. Il est parti en Ukraine, le seul pays à vouloir l’accueillir, et s’est installé à Odessa, ville portuaire sur la mer Noire. “J’avais une bonne vie en Afghanistan, une maison, une voiture, un bon salaire. J’ai tout vendu, j’ai tout perdu. J’ai choisi de partir pour mes enfants, pour ma famille, pour leur éducation”.

Il y a quatre jours, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine, il a dû tout laisser à nouveau. Avec sa famille, il a parcouru 1.110 kilomètres séparant Odessa de la frontière polonaise. Les derniers trente kilomètres, ils les ont faits à pied, la route étant complètement bouchée par les voitures. “Quand nous sommes arrivés, il faisait tellement froid, j’ai pris une couverture pour ma fille. Quelques minutes plus tard, elle s’est sentie très très mal et sa mère s’est mise à pleurer”. Une ambulance est arrivée et la police des frontières ukrainienne a laissé passer toute la famille.

“On avait de la chance, il y avait plus de 50.000 personnes à la frontière”, dit-il. “Tout le monde attendait debout, avec les bébés, les bagages, en attendant chacun son tour. Et voilà que nous, on est passé devant”. Près de 213.000 personnes venant d’Ukraine sont entrées en Pologne depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, ont annoncé dimanche après-midi les garde-frontières polonais. Pour la seule journée de samedi, ils ont recensé 77.300 arrivants, et dimanche jusqu’à 15H00 (14.00 GMT), 53.000 réfugiés supplémentaires.

Désormais, Ajmal Rahmani et sa famille, comme toute personne sans visa polonais, dispose d’une période de quinze jours pour faire une demande officielle en vue de régulariser sa situation, explique Tomasz Pietrzak, un juriste de l’ONG polonaise Ocalenie, s’occupant des réfugiés. “Un délai désormais irréaliste, compte tenu du nombre croissant des réfugiés”.

“La Pologne devra amender très rapidement sa législation en cette matière”, estime-t-il. Ajmal Rahmani ne cache pas son inquiétude quant à son avenir, mais les premières heures en Pologne ont été encourageantes : “On a été très bien accueilli, les gens sont bienveillants et souriants. Ils nous ont donné des chocolats pour nos enfants, une bonne dose d’énergie pour l’avenir”.

73 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentários


bottom of page