Admirée par Picasso, rendue célèbre par une série de travaux sur Tchernobyl, Maria Primachenko a été une figure majeure de l’art ukrainien. Conservées au musée d’Ivankiv, près de Kiev, certaines de ses œuvres parmi les plus emblématiques ont été détruites par un bombardement russe. Article suivi d'un portfolio.
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« Maudite soit la guerre. Au lieu des fleurs y poussent les bombes ». Tel est le titre d’une des dernières toiles de Maria Primachenko (1909-1997). « Je m'incline devant le miracle artistique de cette brillante Ukrainienne », avait lâché Picasso, visitant une exposition à Paris de cette artiste hors nomes. Une vingtaine de ses toiles, parmi les plus précieuses viennent d’être détruites dans l’incendie d’un musée historique d'Ivankiv, à environ 80 km au nord-ouest de Kiev, consécutif à un bombardement russe.
Le nom de Maria Primachenko avait été connu dans le monde entier avec la série de travaux qu’elle avait consacrés en 1986 à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, tout près du village où elle habitait. Cette série était notamment l’une des pièces majeures de l’exposition « Il était une fois Tchernobyl » au Centre de culture contemporaine de Barcelone (CCCB) en 2006 (cf article du Monde, « Monter l’invisible à Tchernobyl »). En Ukraine, Maria Primachenko était aussi connue comme illustratrice de livres pour enfants dont La cigogne et La cigogne qui prend une douche de Mikhaïlo Stelmakh.
Née le 30 décembre 1908 dans le village Bolotnia près de Kiev, et morte le 18 août 1997, Maria Avksentievna Primachenko (en ukrainien : Марія Оксентіївна Примаченко), est une artiste peintre représentante de l'art naïf. Baignée de folklore ukrainien (pyssanka, broderie, peinture), elle a commencé par décorer à la peinture sa maison et les maisons de ses voisins. Invitée à l'atelier expérimental du Musée national d'art d'Ukraine à partir de 1936, elle a pu y perfectionner son style : broderies, décorations de céramiques fabriquées spécialement pour elle par le céramiste Yakim Guérassimenko, etc.
Sa manière de peindre à la gouache, surtout, ou à l'aquarelle sur Papier Wathman avec des pinceaux fabriqués industriellement est toute imprégnée de tradition populaire. Ses créations, qui évoquent les légendes de son pays, relient les anciennes traditions folkloriques ukrainiennes et le présent. Son don pictural pour donner vie aux idées, aux sentiments et aux impressions s’est progressivement mué en une véritable maîtrise de son art. Elle a travaillé sur format horizontal pour illustrer une suite d'évènements tandis que sur format vertical elle illustrait des « compositions représentatives ». Très originale elle pouvait représenter les arbres en « vision double », montrer simultanément l'intérieur et l'extérieur d'une maison, humaniser ses animaux fantasmagoriques avec de grands yeux bordés de longs cils, exprimer la dualité de la tristesse et de la joie avec ses tombes ornées de fleurs et de rouchniks qui sont des serviettes brodées éclatantes de couleurs.
Portfolio. Le bestiaire fantastique de Maria Primachenko en 15 images
Et pour finir, "Notre armée, nos protecteurs"
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