
Illustration : Maksym Palenko
Maxym Palenko est un graphiste et illustrateur ukrainien.
Né dans un village de la région de Dnipropetrovsk, il a étudié à l'école des beaux-arts
et à l'Académie de l'imprimerie, où il s'est spécialisé dans la conception de livres.
Il vit et travaille à Dnipro et à Lviv.
Making off d’une enquête. Par souci d'honnêteté, le rédacteur en chef des humanités dévoile les arcanes de l'investigation qui a précédé la publication de "Trump défèque sur l'Ukraine", sans occulter les parts d'ombre qui demeurent, et en apportant de nouveaux "compléments d'enquête". Cette publication s'inscrit par ailleurs dans le fil d'une série d'articles consacrés à la "constellation Trumpland", depuis le 9 novembre 2024, dont nous dressons l'index, à toutes fins utiles.
Il s’agit d’être honnête. Dans l’enquête publiée le 1er mars en soirée ("Trump défèque sur l’Ukraine"), suis-je certain à 100% de ce que je révèle, notamment sur ce qui s’est passé dans la nuit du 9 au 10 novembre au Ritz Carlton de Moscou, entre Donald Trump et ses "accompagnatrices" ? La réponse est non. Seule la diffusion de la vidéo dont je parle permettra d’en avoir le cœur net. Mais seraient-ce alors simples supputations ? Non plus.
Certains lecteurs m’accusent alors de "conspirationnisme" pour diffuser des fake news et dénient à l’article que j’ai publié la qualité d’enquête. Primo, si ce que j’avance est une fake news, il faudrait en apporter la preuve : non, il ne s’est rien passé, ou autre chose, voilà la réalité avérée. Or, dans cette histoire, rien n’est avéré. Secundo, je défends qu’il s’agit bien d’une enquête, qui ne m’a certes pas contraint à aller sur le terrain (j’ai moyennement envie de fréquenter de trop près la mafia russe et de terminer dans un bain d’acide). De même, je ne suis allé ni en Ukraine ni en Russie pour mener l’enquête sur les déportations d’enfants ukrainiens en Russie, qui fut d’abord considérée de haut par certains médias importants (il n’avaient, me disaient-ils, pas les moyens de vérifier ce que je révélais et documentais), qu’ils se sont empressés pour certains de reprendre et plagier, pour certains, lorsque est tombé le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale à l’encontre de Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova.
Il y a mille manières de "mener l’enquête". Internet, à condition de savoir naviguer dans ses méandres, permet aujourd’hui de pratiquer ce qu’on appelle un "journalisme en sources ouvertes". Il ne faut pas se leurrer : cela demande beaucoup de temps, d’exploration, dans plusieurs langues, avec des tâtonnements parfois infructueux. Cela peut ressembler à un puzzle.
Mais Internet n’est pas tout. Il faut parfois chercher des interlocuteurs, journalistes ou non, pour vérifier telle ou telle information, telle ou telle "intuition". Je ne peux dévoiler certaines des sources qui m’ont aidé dans cette enquête, sous le sceau de la confidentialité, et donc d’une confiance accordée. Rompre cet anonymat serait trahir cette confiance, et pour au moins deux de ces personnes, prendre le risque de les mettre très sérieusement en danger.
Une lectrice demande, par ailleurs, comment ces informations me « sont parvenues ». La réponse est simple : elles ne me sont pas parvenues, je suis allé les chercher. Je n’ai pas été contacté par un mystérieux interlocuteur qui m’aurait, par miracle, donné des "informations" sans la moindre preuve, que j'aurais derechef pris pour argent comptant. Pour autant, je ne peux totalement exclure d'avoir été "manipulé". Quelles qu’aient été les difficultés à parvenir à l’une de mes sources principales (l’une des rares personnes qui aurait eu accès à la vidéo en question), il n’est pas impossible que cette personne m’ait raconté un bobard afin de discréditer Trump. Au feeling, je ne crois pas que ce soit le cas, mais l’avenir le dira. Je suis en revanche totalement certain d’une autre source, grâce à une intermédiaire (une amie rencontrée lors de mon seul séjour à Moscou pour... une plateforme de danse contemporaine !) qui m’a raconté ce qui s’est passé avant l’hôtel Ritz Carlton, au Crocus City Hall Center où se déroulait le concours Miss Univers 2013. Là encore, je ne peux en dire plus, sous peine de très sérieusement mettre en danger cette source précieuse. Or, si cette fameuse sex-tape (dont l’existence même n’est pas formellement avérée, le Kremlin a démenti, mais on sait ce que peuvent valoir les démentis du Kremlin) a été évoquée dès 2017, personne, à l’exception d’un journaliste du Guardian, n’avait encore eu la curiosité de chercher à savoir ce qui s’était passé avant.
Je précise enfin que j’ai commencé à travailler sur cette enquête il y a environ un mois, certes pas à plein temps, mais touche par touche, et je considère qu’elle n’est pas terminée. Ce qui s’est passé à Washington, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, m’a décidé à en "précipiter" la parution, en l’état.
Enfin, on sort là de l’aspect strictement journalistique de l’enquête, mais un lecteur estime que cette « histoire sordide (de cul et de caca) ne grandit personne et surtout pas les personnes qui la lisent, et finalement elle ne fait avancer en rien ». Pour ma part, je m’interdis de penser à la place des lecteurs. Par ailleurs, je précise que l’article parle aussi des coulisses de la "rencontre" entre Zelensky et Trump-Vance, de la mafia russo-américaine, des terres rares et des droits de douane. Et cette enquête arrive après toute une série de publications sur "TRUMPLAND", depuis le 10 novembre 2024. Liste détaillée ci-dessous : malgré notre peu de moyens, les humanités ont été souvent parmi les premiers à révéler et documenter un certain nombre d’aspects de cette Amérique trumpisée. Évidemment, ci ça parle de cul et de caca, ça attire beaucoup plus d’attention qu’une enquête fouillée sur la "facho-tech". Mais qu’y pouvons-nous ?
Un « Kompromat », mais quel « Kompromat » ?
Plus grand monde, aujourd’hui, ne semble mettre en doute que Donald Trump puisse être un agent des services de renseignement russes. L’accusation est portée par trois anciens hauts gradés du KGB, Youri Chvets, (qui a alimenté la thèse en 2021, source principale du journaliste Craig Unger, auteur du livre American Kompromat: How the KGB Cultivated Donald Trump, and Related Tales of Sex, Greed, Power, and Treachery), Sergueï Jirnov (qui vit aujourd’hui en France), et plus récemment l’ancien chef des services de renseignement du Kazakhstan Alnour Moussayev, qui a affirmé que Donald Trump a été « recruté par le KGB », les services secrets de l’ex-URSS, en 1987 comme agent étranger. « Notre direction a recruté Donald Trump sous le pseudonyme de Krasnov », a-t-il écrit, en ajoutant que le « dossier personnel » de cet agent serait désormais « géré en privé par l’un des proches collaborateurs de Poutine ». Aux Etats-Unis mêmes, l’ancien directeur de la CIA Michael Morell avait affirmé en en 2016 que Donald Trump était un « agent involontaire » de la Russie. Affirmation reprise par l’ancien directeur de la sécurité nationale James Clapper a soutenu l’affirmation, et un autre ex-patron de la CIA, John Brennan. Problème : il n’y a aucune preuve. De même, en 2019, le rapport Mueller (400 pages, grandement expurgées par les avocats de Trump) n’a pu établir de preuves formelles d’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016, sans dissiper non plus les soupçons qui règnent toujours. Deux mois après la remise de son rapport, le procureur spécial Robert Mueller, démentant Trump qui se disait « blanchi », déclarait : « Un président ne peut être poursuivi pour une infraction fédérale tant qu’il est en fonction, c’est anticonstitutionnel, a rappelé le procureur spécial. Si nous avions eu la conviction que le président n’avait clairement pas commis un délit, nous l’aurions dit »
Dimanche dernier, dans l’émission Signes des temps de Marc Weitzman, les quatre intervenants (les journalistes Boris Genté et Anne-Elisabeth Moutet, la philosophe Valérie Kokoszka et l’historienne Françoise Thom) ont convenu que Donald Trump pouvait être l’objet d’un "kompromat" (1) russe, qui pourrait être lié à un chantage financier lié aux activités immobilières de Trump (certes, les Russes avaient alors fait miroiter à Trump la construction d’une "Trump Tower" à Moscou), en balayant d’un revers de main, avec une stupéfiante assurance, et beaucoup de dédain, que ce "kompromat" puisse aussi avoir un caractère « sexuel ».
Voici, pour la forme, quelques "compléments d’enquête"…
Miss Univers 2013 à Moscou
En 2018, le Washington Post a révélé que Donald Trump était si impatient de voir Vladimir Poutine assister au concours de Miss Univers 2013 à Moscou qu’il lui avait écrit une lettre personnelle pour le convier à l’événement. À la fin de la lettre, Donald Trump a griffonné un post-scriptum pour ajouter qu’il avait hâte de voir de « belles femmes » pendant son voyage à Moscou.
« Honnêtement, lorsque j'ai acheté Miss Univers [en 1996], les maillots de bain sont devenus plus petits, les talons plus hauts et l'audimat a augmenté », a déclaré Donald Trump au magazine Vanity Fair. Et il a aussi instauré les séances « seins nus », ce dont ils se vante moins…
De gauche à droite : Miss Ukraine, Olga Storozhenko, lors du concours Miss Univers à Moscou en novembre 2013 ;
Donald Trump avec Olivier Culpo, Miss Univers 2012, lors du concours 2013 à Moscou ;
Donald Trump avec Aras Agalarov (à doite de la photo) et son fils Emin, au Corcus City Hall de Moscou, en novembre 2013
Trump et la mafia russe
J’évoque dans l’article les liens de Trump avec la mafia russe, et notamment avec Aras Agalarov (et son fils Emin), propriétaire du Corcus City Hall où a eu lieu Miss Univers 2013 .
Voici ce qu’écrit le site rucriminal.info, l’un des mieux documentés en la matière (ICI) :
Né en Azerbaïdjan, Aras Agalarov est connu pour son incroyable capacité à trouver des fonds pour ses projets. Plus le projet est ambitieux et de grande envergure, plus il trouve rapidement l'argent nécessaire, qu'il vienne d'Amérique, du gouvernement de Moscou ou même « de nulle part ». C'est cet argent « aérien » suspect qui a permis à Agalarov de devenir l'une des personnes les plus riches de Russie : dans la liste Forbes de 2016, il occupe la 55e place avec un capital personnel de 1,2 milliard de dollars. Et bien sûr, comme l'estime Rucriminal.com, il ne s'est pas passé de l'aide de la mafia, ou plutôt d'un certain nombre de « voleurs dans la loi ». (…)
Agalarov a commencé modestement - il a organisé une coopérative appelée Saffron, qui exportait des souvenirs russes et importait du matériel informatique, à la mode à l'époque. L'échelle n'était pas très grande, mais on ne sait pas d'où venait le capital pour « importer des ordinateurs ». En 1989, le syndicaliste Agalarov a créé de manière inattendue la coentreprise russo-américaine Crocus International. Là encore, les sources de financement sont restées dans l'ombre.
(…) La carrière d'Aras Agalarov a connu un véritable essor grâce à sa part dans le marché de Cherkizovsky, qui a été criminalisé au-delà de toute limite raisonnable. Cherkizon a donné au pays plus de milliardaires que le théâtre Bolchoï n'a donné de ballerines. Une personne qui a passé avec succès la dure école de ce marché aux puces a acquis de telles relations criminelles qu'elle est devenue « respectée » dans le monde criminel pour toujours. Le marché Cherkizovsky est devenu une excellente plate-forme pour Agalarov en termes d'accumulation initiale de capital imposable illégal et d'acquisition de relations.
Dès 1997, Aras Agalarov, qui huit ans plus tôt vendait des poupées matryoshka, a construit un complexe d'élite, la « Maison Agalarov », située dans l'un des quartiers les plus en vogue de Moscou, à l'intersection des rues Bolshaya Gruzinskaya et Klimashkina. En 2005, Agalarov est devenu propriétaire du centre d'ameublement Grand, avec les hommes d'affaires God Nisanov et Zarakh Iliev. Selon certaines rumeurs, Agalarov a été aidé à prendre le contrôle du plus grand magasin de meubles de la capitale par l'ancien président du Comité national des douanes, Mikhaïl Vanin, un de ses amis proches. Grâce à ses relations avec le « chef des douanes », l'homme d'affaires azerbaïdjanais a considérablement développé ses activités… »
Sextape ou pas ?
Lorsque cette affaire de supposée sextape a été diffusée, en janvier 2017, à partir des révélations d'un espion britannique, Christopher Steele (mandaté par le camp démocrate), le Kremlin s'est empressé de démentir. Quelques mois plus tard, toutefois un journaliste et animateur de télévision américain, Stephen Colbert, parvient à réserver la chambre 1101 du Ritz Carlton de Moscou : la fameuse suite où Donald Trump a passé la nuit du 9 novembre 2013. Avant lui, aucun autre journaliste n'avait réussi à louer cette fameuse suite de 10 pièces. Il est accompagné d'un journaliste indépendant et expert en surveillance, Andrei Soldatov : « Lorsque nous sommes entrés dans l'ancienne chambre de Trump, j'ai suggéré que Colbert et moi cherchions les caméras de surveillance derrière le grand miroir et, à notre grand étonnement, nous avons découvert un câble électrique, qui ne pouvait pas avoir d'utilité claire, car le miroir n'avait pas d'éclairage électronique » (Lire ICI). Là encore, ça ne prouve rien, mais ça fait beaucoup de "coïncidences".
Une séquence d'anthologie. "La bataille des milliardaires" : Vince McMahon, alors président de la World Wrestling Entertainment, et Donald Trmp, faisant le "show" lors du WrestleMania en 2013...
Donald Trump et les excréments
Là encore, rien qui puisse servir de preuve. Mais dans un article pour The Atantic, publié en janvier 2018 (ICI), le guinguiste et lexicographe Ben Zimmer dresse un intéressant "guide linguistique des insultes scatologiques de Donald Trump ". Et il revient notamment sur une phrase de Trump, lors d'une recontre avec des sénateurs à la Maison Blanche, en janvier 2018, où il avait lancé, à propos des immigrants africains, « Pourquoi faisons-nous venir tous ces gens de pays de merde ? ("shitole") », ajoutant : « Nous devrions faire venir plus de gens de pays comme la Norvège ». Ben Zimmer cite une autre utilisation du mot "shithole" (ou, variante, "shithouse") dans la bouche d'un gouverneur du Maryland, William Donald Schaefer, estant contre la côte est de l'Etat, qui avait voté contre lui : « Comment va cette merde de côte orientale ? » (“How’s that shithouse of an Eastern Shore?”). William Donald Schaefer était démocrate, mais avait un point commun avec Dolald Trump : c'était un grand amateur de catch professionnel. Trump l'avait d'ailleurs invité en 1989 au WrestleMania, un méga-événement annuel de catch organisé fin mars ou début avril par la World Wrestling Entertainment, que présidait alors Vince McMahon, celui que ça excite de déféquer pour "faire l'amour", j'ai parlé dans l'article... Il y aurait tout un sujet à traiter sur les rapports entre Donald Trump et le catch, qui a visiblement inspiré son comportement et son vocabulaire. Une autre fois ?
Plus surprenant encore, et plus récemment, le 6 avril 2024, lors d'une collecte de fonds à Palm Beach, organisée par le "voyou de l'immobilier" John Paulson (lire ICI), Donald Trump se met soudain à parler du Resolute Desk, que la reine Victoria avait offert aux États-Unis en 1880, et qui se trouve à la Maison Blanche. Et il déclare, devant un parterre médusé : « Et [Biden] l'utilise. Je ne l'utiliserai peut-être pas la prochaine fois. Il a été souillé. Et je veux dire cela littéralement, ce qui est triste » (“And [Biden is] using it. I might not use it the next time. It’s been soiled. And I mean that literally, which is sad”). En clair, Trump insinue que Joe Biden aurait chié sur le fameux bureau ! C'est quand même étrange, cette obsession pour le caca...
Jean-Marc Adolphe
(1). En russe : компромат, abrégé de компрометирующий материал ; litt. « matériel compromettant » en français) est un terme russe désignant des documents compromettants, authentiques ou fabriqués (c'est le cas le plus courant) qui sont utilisés pour nuire à une personnalité politique, un journaliste, un homme d'affaires ou toute autre figure publique, généralement un service de renseignement.

Publié suir les humanités, le xxxxx
Trumpland, une enquête au long cours.
Index des articles publiés par les humanités
9 novembre 2024
"Fore, chéri, fore". L'ouragan Donald frappe les États-Unis (et pas seulement)
https://www.leshumanites-media.com/post/l-ouragan-donald-frappe-les-%C3%A9tats-unis-et-pas-seulement
Scénario : En 1989, Félix Guattari pointait déjà la "liberté de prolifération" laissée à Donald Trump, qu’il comparait à une algue toxique. Novembre 2024 : le hérault du Make America Great Again a été élu pour un second mandat à la Présidence des États-Unis, au terme d’une "campagne frauduleuse", avec l’ardent soutien conjugué du lobby pétrolier, des fondamentalistes religieux et d’influenceurs complotistes. Mais de quoi Donald Trump est-il le nom ? Question existentielle, voire identitaire : alors que l’urgence climatique se fait de plus en plus pressante, l’American way of life ne peut plus être considéré comme un modèle soutenable. Après George W. Bush, et même Barack Obama, qui s’y accrochaient pourtant, Donald Trump a été le messager outrancier du déni, choisissant une gaudriole à connotation sexuelle pour vanter l’exploitation sans limite des ressources naturelles. La planète saura se venger du viol que lui promet Trump, mais à quel prix ?
Dans les rôles principaux : Donald Trump, Tim Wildmon, président de la puissante American Family Association, Joe Rogan, podcasteur (complotiste) le plus écouté au monde, Bernie Sanders, GeorgeW. Bush, barack Obama, John Kerry, le lobby pétrolier.
10 novembre 2024
Trump, l’investiture et Fontainebleau
Scénario : Par petites touches, portraits, chroniques et reportages, les humanités débutent une "suite américaine" après l'élection de Donald Trump. Pour commencer : qui sont les deux personnes choisies par Trump pour présider son comité d'investiture ?
Dans les rôles principaux : Donald Trump, Kelly Loeffler, Steven Witkoff et le Fontainebleau Las Vegas.
12 novembre 2024
La Maison Trump, nid de faucons
Scénario : A quoi ressemblera la Maison Blanche devenue "Maison Trump" lorsque le milliardaire américain aura été officiellement investi, le 20 janvier prochain ? Les premières nominations annoncées donnent un avant-goût de ce qui attend les États-Unis. Pour aujourd'hui : un fervent défenseur du lobby des armes à l'Environnement, un duo de choc à l'Immigration pour mener "la plus grande opération de déportation que ce pays ait jamais connue". Et aux affaires étrangères, une girouette qui, en août 2022, exhortait Biden à intensifier les efforts des États-Unis pour soutenir l'Ukraine mais qui, en avril dernier, refusait de voter une aide militaire à Kiev.
Dans les rôles principaux : Donald Trump, Lee Zeldin, Tom Homan, Stephen Miller, Marco Rubio.
13 novembre 2024
Un porte-flingue anti-wokiste à la tête de la défense américaine
Scénario : Un général noir qui s'était ému de la mort de Gorge Floyd en 2020 ? Insupportable, pour Pete Hegseth, que Donald Trump vient de nommer au secrétariat d’État à la Défense. Tout aussi insupportable : la condamnation pour crime de guerre de mercenaires américains coupables d'un massacre de civils à Bagdad. Fondamentaliste catholique, mais deux fois divorcé, Pete Hegseth officiait sur Fox News, avec une cible privilégiée : le "wokisme" sous toutes ses formes, accusé de « supprimer tout ce qui a soutenu la civilisation occidentale pendant des milliers d'années ». Avec un tel pédigrée, Donald Trump fanfaronne : « Les ennemis de l'Amérique sont prévenus ».
Dans les rôles principaux : Pete Hegseth, Donald Trump.
14 novembre 2024
Un sacré zinzin à la Justice
Scénario : Jusqu'où Donald Trump ira-t-il trop loin ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que la nomination de Matt Goetz à la Justice provoque un véritable tollé aux États-Unis, y compris parmi certains élus républicains. Pourtant, la justice, Matt Goetz connait bien, tant il traîne avec lui un certain nombre de casseroles. Idéologiquement proche du mouvement néo-fasciste des Proud Boys, il entérine d'une certaine manière, pour qui en doutait encore, l'ancrage extrême-droitier de la future administration Trump.
Dans les rôles principaux : Matt Goetz, Donald Trump, John Thune, Tulsi Gabbard, Dan Scavino.
15 novembre 2024
La chaîne de soumission. Trump et la propriété transitive, par Timothy Snyder
Scénario : Au Kremlin, on l’appelle « notre petite amie ». En choisissant la poutinolâtre Tulsi Gabbard comme directrice du renseignement national, Donald Trump envoie un signe de sa subordination à la Russie de Poutine. Une « chaîne de soumission », dont l’Ukraine pourrait faire les frais, qui remonte jusqu’à la Chine de Xi Jinping, selon l’historien Timothy Snyder, dans un texte tout récemment publié, traduit pour les humanités par Maria Damcheva.
18 novembre 2024
Robert F. Kennedy Jr, à la santé d'un "fascisme 2.0"
Scénario : Découper une tête de baleine à la tronçonneuse, ça mène à tout, même à faire partie du gouvernement américain, surtout si on s'appelle Kennedy. Addict à l'héroïne pendant une dizaine d'années, avec un ver logé dans le cerveau, "Bobby" a ensuite choisi de s'auto-intoxiquer à toutes sortes de théories complotistes. Et voilà que Donald Trump a décidé de lui confier le portefeuille de la Santé et des Services sociaux : bonjour les dégâts ! Après d'autres, cette nomination n'a toutefois rien de surprenant : en phase avec le "Projet 2025", qui vise à instaurer un gouvernement dont la fonction serait d'exécuter la « colère de Dieu sur le mal », se met en place une sorte de "fascisme 2.0" où il s'agit de "décapiter" l'État de droit. Cela ne concerne-t-il que les États-Unis ?
Dans les rôles principaux : Robert F. Kennedy Jr, Donald Trump, l’influenceur Theo Von, Steve Slepcevic, Michael Flynn, Roger Stone, Kevin Roberts, président de la Heritage Foundation, Tulsi Gabbard, Pete Hegsteh, Timothy Snyder.
18 novembre 2024
En Russie, après l'élection de Trump : «Toute l'Ukraine est à nous. Le reste est négociable».
Scénario : Depuis l'Ukraine, les missiles ukrainiens pourront désormais frapper le territoire russe. Dans deux mois, avec l'accession de Donald Trump à la Maison Blanche, la donne sera sans doute radicalement différente. Propagandistes russes et idéologues de l'acabit d'Alexandre Douguine font d'ores et déjà monter les enchères : ce sera TOUTE L'UKRAINE, ou sinon, les armes atomiques. La Russie, qui a contribué à la campagne de Trump, attend maintenant un "retour sur investissement". Mais pour Poutine, il ne s'agit seulement pas de l'Ukraine, mais de l'ensemble des "valeurs occidentales". Un combat contre la démocratie auquel Elon Musk (avec d'autres) prête désormais main forte.
Dans les rôles principaux : Vladimir Poutine, Joe Biden, Donald Trump, Kevin Roberts (Heritage Foundation), Tulsi Gabbard , Tucker Carlson, Elon Musk, Vladimir Soloviev, Alexandre Douguine, Antoine Vitkine.
19 novembre 2024
La "facho-tech", au cœur de Trumpland
Scénario : Dans la galaxie des "généreux donateurs" qui ont financé la campagne de Donald Trump, et qui attendent désormais avec impatience un "retour sur investissement", il n'y a pas que les habituels magnats-maniaques des hydrocarbures, de la finance et de l'immobilier. Avec Elon Musk comme figure de proue (mais il n'est pas le seul), la tech, biberonnée à la Silicon Valley et au "capital-risque", fait une entrée fracassante en politique, avec des mentors qui se demandent s'il ne serait pas temps de se débarrasser de la démocratie. Un discours qui séduit jusqu'aux jeunes étudiants de Stanford, qui rêvent de "reconstruire l'Amérique" en surfant sur les budgets militaires au cri de « Fuck it, we ball ». Un fascisme 2.0 qui n'en est qu'à ses débuts, contre lequel se dresse modestement un simple oignon.
Dans les rôles principaux : Donald Trump, Harold Hamm, l'American Petroleum Institute, John Paulson, Bill Ackman, Brian Evans et George Zoley, Cameron et Tyler Winklevoss, Marc Zuckerberg, Howard Lutnick, Marc Andreessen, les "Gundo Bros", Joe Lonsdale, Elon Musk, Emily Chang, Peter Thiel, David Sacks, Peter Thiel, Curtis Yarvin, alias Mencius Moldbug, The Onion, Valeska Gert.
22 novembre 2024
Le gouvernement des lobbyistes
Scénario : Aux États-Unis, le principe du lobbying fait partie des mœurs, avec toutefois certains garde-fous, plus ou moins respectés. Mélangeant intérêts privés et affaires publiques, Pam Bondi, que Donald Trump vient de nommer à la Justice pour remplacer le défectueux Matt Goetz, vient de ce milieu du lobbying, tout comme Susie Wiles, qui sera la future cheffe de cabinet de Donald Trump. Un lobbying qui est aussi passé, pour des entreprises comme Pernod-Ricard, par le financement des campagnes de plusieurs élus trumpistes.
Dans les rôles principaux : Matt Goetz, Pam Bondi, Susie Wiles, Ballard Partners, Pernod-Ricard, Donald Trump, Elon Musk.
4 janvier 2025
Musk et Douguine-Malofeïev, artificiers de la "guerre hybride"
Scénario : Les néo-fascistes allemands de l'AfD sont l'un des points de ralliement entre Étron Musk et les fanatiques russes Douguine et Malofeïev, qui rêvent, au nom de la supériorité de la "race slave", d'établir "un grand bloc continental [sous influence russe] de Vladivostok à Dublin". Pour le richissime coucou survolté de Donald Trump, tout ce qui peut affaiblir les démocraties occidentales est bon à prendre. Comme pour Poutine. La "guerre froide" est bel et bien enterrée : États-Unis version Trump et Russie version Poutine inventent la nouvelle alliance d'une "guerre hybride" dont la désinformation et la propagande sont les armes principales... au même titre que les bombes qui s'abattent sur l'Ukraine.
Dans les rôles principaux : Elon Musk, Alexandre Dopuguine, Tommy Robinson, Curtis Yarvin, alias Mencius Moldbug, Bradley T. Smith, Valeri Korovine, Konstantin Malofeïev
9 janvier 2025
Étron Musk, le pédophile qui voudrait diriger le monde
Scénario : Elle n'a que 17 ans... La nouvelle maîtresse d’Étron Musk est aussi... la petite fille de Donald Trump ! Pédophile, mais aussi raciste, antisémite, et néo-fasciste, le milliardaire patron de X, SpaceX et Starlink entend étendre l'emprise de sa perversion narcissique à la planète tout entière, avant de conquérir Mars.
Dans les rôles principaux : Elon Musk, Kai Trump, Mario Nawfal (complotiste britannique), Kevin Roberts (patron de The Heritage Foundation).
23 janvier 2025
Mariann E. Budde, la femme qui a défié Donald Trump
Scénario : Sacrilège : dans son sermon à la cathédrale nationale de Washington, Mariann E. Budde, cheffe du diocèse épiscopalien de Washington, a demandé au président Donald Trump de savoir faire preuve de "miséricorde". Dans l'entourage extrême-droitier de Trump, certains demandent qu'elle soit expulsée du pays...
Dans les rôles principaux : Donald Tump, Mariann E. Budde.
23 janvier 2025
Heil Trump !
Scénario : C'est un geste qui le démangeait depuis si longtemps... Il ne manquait plus, lors des cérémonies d'investiture de Donald Trump à Washington, que le salut nazi d'Elon Musk. Maintenant, c'est fait. Au-delà de l'indignation planétaire qu'il provoque, reste à se demander d'où vient ce geste et ce qu'il augure. Et aussi, à toutes fins utiles : maintenant, on fait quoi ?
Dans les rôles principaux : Elon Musk, Curtis Yarvin, alias Mencius Moldbug, Peter Thiel.
26 janvier 2025
Trump veut faire de Gaza une station balnéaire
Scénario : Le dictateur américain, ex (et toujours) magnat de l'immobilier, a des projets pharaoniques pour Gaza. Quitte à "faire le ménage" en déportant 1,5 million de personnes.
Dans les rôles principaux : Donald Trump, la Trump Organization.
5 février 2025
Annexer Gaza, le dernier délire de Trump
Scénario : Pour transformer Gaza en "Riviera du Moyen-Orient", Trump veut faire du territoire palestinien une propriété américaine.
Dans les rôles principaux : Donald Trump, Benyamin Nétanyahou, Lindsey Graham, Chris Murphy.
14 février 2025
L'Ukraine, le deal Trump-Poutine et l'attentat de Munich
Scénario : En Allemagne, une voiture fonce dans un rassemblement syndicaliste. Hypothèse : et si, à 10 jours d'élections législatives cruciales, il s'agissait d'un "attentat d'ingérence" ? En tout cas, tout semble bon, pour affaiblir la démocratie et l'Europe, à Trump-Musk et Poutine, qui semblent avoir conclu un deal entre voyous et signeront bientôt un pseudo-accord de paix en Arabie Saoudite, pour mieux dépecer l'Ukraine et faire communément main basse sur ses ressources.
Dans les rôles principaux : Donald Trump, Ross Ulbricht, alias Dread Pirate Roberts, Scott Bessent, Keith Kellogg, Steve Witkoff, Marc Fogel, Alexander Vinnik, Elon Musk, Olaf Scholz, Alternative für Deutschland, Vladimir Poutine
19 février 2025
Faire face aux nouveaux Cavaliers de l'Apocalypse
Scénario : Comme des poupées russes : l'alliance trumpo-poutinienne qui se dessine, sur de dos de l'Ukraine et de l'Europe, cache d'autres enjeux. La stupéfiante intervention du vice-président J.D. Vance lors de la récente Conférence de Munich nous fait comprendre combien est arrivée à maturation cette idéologie qui se dit soit libertarienne, soit libérale, et dont le but est d'en finir avec toute représentation démocratique. Voici donc venu le temps du capitalisme sans et contre la démocratie, avertit l'historien Quinn Slobodian. Allons-nous survivre en portion congrue d'humanité, ou bien refuser l'asservissement aux despotes et à leurs amis oligarques ?, par Michel Strulovici.
Et en complément, la traduction d'un discours du ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, en réponse à J.D. Vance
Dans les rôles principaux : JD Vance, Elon Musk, Bernie Sanders, Quinn Slobodian et les libertariens, la série Game of thrones, Boris Pistorius.
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