Trump, la forfaiture

Andreï Illarionov en 2004, alors qu'il était le principal conseiller aux affaires économiques de Vladimir Poutine. Photo Sergei Ilnitsky / EPA

EXCLUSIF. Ex-conseiller pour les affaires économiques de Vladimir Poutine, aujourd'hui réfugié aux États-Unis, Andreï Illarionov porte une très grave accusation contre l'administration Trump.

Sous la menace d’une destitution, Richard Nixon a dû démissionner le 9 août 1974. Pour beaucoup moins que Trump aujourd’hui. Aux États-Unis, un Président peut être destitué pour « trahison, corruption ou autres crimes et délits graves ». Donald Trump coche d’ores et déjà ces trois cases. Manquent encore les preuves, et surtout : un processus de destitution devrait commencer à la Chambre des représentants, avant qu’un procès se tienne au Sénat. Dans ces deux assemblées, les Républicains sont majoritaires. Mais comment vont-ils réagir aux révélations que la presse internationale, encore non censurée par Trump-Musk, va bientôt sortir ?

Attention : ceci n’est pas un fake, et l’homme qui s’exprime dans la vidéo ci-dessous est parfaitement crédible. Andreï Illarionov, 63 ans, est un économiste russe qui a conseillé le gouvernement russe sur les réformes économiques dans les années 1990 et a été le conseiller pour les affaires économiques de Vladimir Poutine de 2000 à 2006. En démissionnant, il déclarait : « Je ne veux pas travailler avec le gouvernement que nous avons, ni aujourd'hui, ni demain. Lorsque j'ai accepté cette fonction, c'était pour un État où il y avait des possibilités et des espoirs d'évolution... mais une nouvelle croissance de cet État s'est produite et un modèle de corporatisme d'État s'est formé ». Après sa rupture avec Vladimir Poutine, il va jusqu'à comparer le gouvernement de celui-ci au régime d’Adolf Hitler, et se réfugie ensuite à Washington où il rejoint (en octobre 2006) le Cato Institute, un think-tank libéral de Washington. (voir https://centerforsecuritypolicy.org/author/andrei-illarionov/)

Que dit de si important dans cette déclaration vidéo (enregistrée le 4 mars, diffusée hier soir) ? L’administration Trump a pris la décision de suspendre toute aide à l’Ukraine dès le 25 février, trois jours avant la rencontre avec Zelensky à la Maison Blanche, et bien avant qu’elle ne soit annoncée, le 4 mars. Cette décision n’a donc rien à voir avec "l’altercation" de la Maison Blanche. Illarionov ajoute que l’administration Trump a prévenu un certain nombre de personnalités dès le 25 février. Illarionov ne le dit pas explicitement, mais on peut aisément imaginer que Poutine a été l’une de ces "personnalités", laissant ainsi aux Russes une longueur d’avance pour organiser leur « riposte ».  

Cela en même temps que Trump décidait de stopper toute cyber-opération envers la Russie.

Ce qu’affirme là Andreï Illarionov est extrêmement grave. Car il ne s’agit plus d’un cadre normal de "négociations" diplomatiques avec la Russie. En procédant ainsi, Trump est tout simplement en train de vendre (ou brader) les États-Unis à la Russie. Même les Républicains devraient s’inquiéter des risques pour la sécurité nationale que peut représenter une telle forfaiture.

Quant à la France (et à l’Europe), Emmanuel Macron a affirmé hier soir : « Je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés ». On ne saurait que trop conseiller aux équipes de l’Élysée, et au Président lui-même, de ne pas trop livrer à l’administration Trump d’informations confidentielles.  Il y a fort à parier qu’elles pourraient, dans l’heure, être télégraphiées au Kremlin !

Jean-Marc Adolphe

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