
Emmanuel Macron au musée du Louvre, le 28 janvier 2025. Photo Bertrand Guay / AFP
ÉDITORIAL Super ! Comme annoncé par Jupiter, le musée du Louvre va s’ouvrir une « nouvelle renaissance » (le budget annoncé des travaux a été volontairement minoré). Pendant ce temps, le président socialiste de l’Hérault annonce… 100% de coupes budgétaires dans la Culture, et François Bayrou regarde ailleurs (du côté de la « submersion migratoire », à l'extrême-droite du paysage). Le parti de la tronçonneuse gagne chaque jour du terrain. Mais aussi : les humanités ayant désormais agrément d’information politique et générale, ultime appel à renforts pour pouvoir prétendre à des aides publiques en 2025.
On vit une époque formidable ! (Reiser)
Le parti de la tronçonneuse, une internationale de la dézingue anti-démocratique, lancée en 2023 par le fasciste argentin à rouflaquettes Javier Milei (qui n’est pas arrivé au pouvoir n’importe comment, j’en parlerai une autre fois), progresse à vitesse SpaceX.
Aux États-Unis, comme prévu, l'administration Trump propose mardi aux fonctionnaires fédéraux qui le souhaitent de démissionner en échange d'une indemnité, dans le cadre d'une vaste offensive pour réduire les dépenses publiques. C’est un truc facile à comprendre, les "dépenses publiques", ça empêche plein de gains privés.
En France, Laurent Wauquiez souhaite liquider les 3.000 fonctionnaires de l’Office français de la biodiversité (écouter chronique Hugo Clément ce matin sur France Inter). Il a bien raison : l’environnement et la biodiversité, c’est chiant ! Vivent pesticides et bitume.
Les migrants, on n’en parle même pas ! Pour préparer le terrain aux déportations que l’oncle Donald a déjà commencé à mettre en œuvre dans son chez lui, un Premier ministre français parle désormais de « submersion migratoire ». D’ici quelques semaines, il devrait brandir l’épouvantail zemmourien du « grand remplacement ».
Pendant ce temps, Emmanuel Macron parade au Louvre devant le portrait de la Joconde (qui aura bientôt une alcôve rien qu’à elle) et annonce une « nouvelle renaissance » pour ledit musée. Budget annoncé : 800 millions d’euros. N’importe quel apprenti comptable sait que ça va coûter beaucoup plus bonbon, et que le budget aura au moins quintuplé d’ici la fin des travaux prévus en 2031 (avec un justificatif béton : il sera expliqué aux chaumières du pays que, compte tenu du changement climatique, il a fallu renforcer en urgence les protections du Louvre contre les crues de la Seine). Ça passera comme une lettre à la poste, ou plutôt, soyons modernes, comme un tweet sur X.
Mais la crue de l’extrême-droite, comment l’endiguer ? Le président socialiste du département de l’Hérault, emboîtant le pas de la tronçonno-présidente des Pays de Loire Christelle Morançais (qui a beaucoup moins réussi dans l’immobilier que Trump), a eu une idée-qu’elle-est-géniale : yaka supprimer la culture, comme le révèlent ce matin Anne Diatkine et Arah Finger dans Libération. Kléber Mesquida, socialiste bon teint, jeune homme de 79 ans né en "Algérie française", a annoncé lundi 27 janvier, lors d’une réunion avec les vice-présidences du conseil départemental, une coupe de 100 % du budget alloué à la culture dans son département. Kléber Mesquida a ses raisons que l’on peut comprendre : l’État ne cesse d’exsanguer les collectivités territoriales, qui n’en peuvent mais. En ces temps de disette, le département de l’Hérault va se concentrer sur « ses compétences obligatoires qui relèvent des écoles de musique, des établissements qui accueillent des personnes âgées et des enfants confiés par des juges ». Sous-entendu : la culture n’étant pas obligatoire, c’est franchement superflu. Même le couple Bardella-Le Pen n’oserait pas l’exprimer aussi clairement…
« Puisque la culture coûte cher, essayez l’ignorance », proclamait le mouvement des intermittents en 2003, il y a 22 ans. On y est. De droite et désormais de gauche, d'irresponsables apprentis-sorciers font péter les digues, les unes après l’autre, et rasent gratis, à la tronçonneuse, les terrains de la "dépense publique", préparant ainsi le terrain à une arrivée magistrale de l’extrême-droite au pouvoir en 2027. Étron Musk n’aura même pas besoin de dépenser le moindre dollar (ou #Trumpcoin) pour influencer le résultat des élections…
Jean-Marc Adolphe
Post-scriptum : pour être logé à meilleure enseigne, les humanités déménagent… Ou, en d’autres termes, ça va déménager. Avant de nouvelles publications à venir en fin d’après-midi, où il sera question de la valeur de la délicatesse, de l’écologie de la culture et des cultures de l’écologie, voilà : après 3 ans et demi d’existence parfois rude mais sans jamais rien lâcher, la commission paritaire des publications et agences de presse vient enfin de nous accorder l’agrément « d’information politique et générale », reconnaissant par-là même que, oui, nos publications sont dignes « d’éclairer le jugement des citoyens ». Au-delà de cette reconnaissance symbolique, cet agrément permet désormais :
- que les dons effectués à notre modeste journal-lucioles puissent être défiscalisés (à hauteur de 66%). Pour ne pas s’en priver : ICI.
- que nous puissions postuler à des aides publiques (pour la presse en ligne), lesquelles nous permettront de mordre un peu plus sérieusement les mollets de Bolloré et autres.
D’ores et déjà, il y a élan de dons et abonnements : plus d’une bonne centaine, depuis début janvier, soit une progression d’environ… 60% (et 162 inscrits supplémentaires à notre infolettre). D’ores et déjà, cet élan nous permet d’engager, début février, une assistante d’édition. Mais cela ne suffit pas encore : seuil nous est fixé pour pouvoir prétendre aux aides publiques ci-dessus évoqués. A fin janvier, soit dans deux jours, il conviendrait que nous puissions afficher un "record" de 500 abonnés et/ou donateurs. Au matin de ce mercredi 29 janvier, nous en sommes à 374. Il ne manque donc plus que 126 personnes à bien vouloir nous rejoindre en humanités… ICI (bis)...
Il est inutile d'ajouter que, bec et ongles, notre liberté de dire n'est pas négociable. Mais cette liberté a un coût. Partageons-le.
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