Coulisses du récent sommet avec Xi Jinping, vent de panique au Kremlin et parmi les élites russes, Prigojine qui devient quelque peu encombrant, etc. Voilà quelques-unes des raisons qui pourraient conduire, quoiqu’en pensent les sceptiques, à ce que le mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale à l'encontre de Vladimir Poutine, soit effectivement suivi d’effet. Quant à Maria Lvova-Belova, il n’est pas certain qu’en confiant, pour l’heure, sa défense à un "journaliste" alcoolique et de surcroît apôtre déclaré du génocide ukrainien, elle ait opté pour la meilleure stratégie. Tout cela ressemble fort à une fin de règne. Désormais paria, Poutine entraînera-t-il la Russie dans sa chute ?
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Dmitri Medvedev devrait se méfier des mégots mal éteints. A force de trop fumer la moquette, il risque l’incendie-explosion. De toute façon, ça lui a déjà passablement cramé le cerveau.
Dans l’une des diatribes aussi fanfaronnes que grotesques auxquelles il nous a habitués ces derniers mois, l’ex-président russe par intérim, aujourd’hui vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, qui était considéré il n’y a pas si longtemps comme un "modéré", a promis d’envoyer toutes sortes d’objets volants (missiles et autres) sur le Bundestag allemand, le siège de la Cour pénale internationale à La Haye, et on en passe, promettant à nouveau une « apocalypse nucléaire ».
Le roquet de service : Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie
C’est normal : quand les chiens se sentent menacés, ils aboient. Le nouveau petit jappement de Medvedev est l’une des réactions de l’entourage de Poutine après que la Cour pénale internationale ait lancé un mandat d’arrêt internationale contre le Führer du Kremlin et sa déléguée aux rafles d’enfants, Maria Lvova-Belova. Et ce n’est qu’un début : d’autres complices de ces déportations (parmi ceux dont les humanités ont révélé l’identité et le rôle, ICI et ICI) devraient prochainement rejoindre la charrette de l’infamie.
"Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier" (Martin Luther King)
Oui, bon, bof. Telle est en substance la réaction de ceux qui doutent que le mandat d’arrêt de la Cour pénale puisse être un jour exécuté. On verra bien : n’injurions pas l’avenir. En attendant, il convient de relever et saluer un fait particulièrement important : les juges et le procureur de la CPI ne se sont pas laisser intimider par des remugles de realpolitik : leur décision, historique, est motivée par des considérations strictement juridiques et morales. En cela, la fonction du droit est foncièrement différente de celle du politique (sauf à considérer avec Hitler -et Poutine après lui ?- , qu’il « n’y a qu’un seul droit dans le monde et ce droit est celui du plus fort »). Et cette exigence de justice, portant sur des déportations d’enfants, est d’emblée internationale car, pour reprendre une formule de Martin Luther King, « une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier ».
Certes, Vladimir Poutine n’est pas encore derrière les barreaux. Mas le mandat d’arrêt prononcé à son encontre à commencé à produire de premiers effets. Sur la « communauté internationale » d’abord, qui ne peut plus, sur ce sujet, continuer à se murer dans le silence. Ce 23 mars à Bruxelles, à l’issue d’un sommet européen, Ursula von der Leyen a annoncé une initiative (avec l’Ukraine, le Premier ministre polonais et le soutien des agences de l’ONU) visant à rapatrier les enfants enlevés par la Russie. « Cela inclut également les enfants qui ont été adoptés ou transférés dans des familles d’accueil russes », a-t-elle précisé. « C’est un rappel horrible des périodes les plus sombres de notre histoire. »
S’il n’a pas encore revêtu la tenue de bagnard, Poutine a d’ores et déjà celle de paria. Le déplacement qu’il avait prévu en août en Afrique du sud, pour un sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) est d’ores et déjà compromis. Alors, certes, il a reçu à Moscou en grandes pompes, pour deux jours de visite officielle, le président chinois Xi Jinping. En grandes pompes, ou plutôt en grand cirage de pompes.
Une "amitié sans limites" ? Xi Jinping et Vladimir Poutine portent un toast lors d'un dîner au Kremlin, le 22 mars 2023.
Photo Pavel Byrkin/Sputnik
A l’issue de la visite de Xi Jinping, la Chine et la Russie ont, parait-il, signé un "partenariat économique durable". En gros : la Chine pourvoira la Russie en technologies diverses et variées, tandis que la Russie livrera à la Chine les hydrocarbures qu’elle ne peut plus exporter du fait des sanctions occidentales. Poutine a affirmé qu'un nouveau gazoduc destiné à livrer du gaz naturel à la Chine serait achevé d'ici 2030, mais Xi Jinping n'a confirmé aucun accord en la matière. En revanche, on n’attendra pas 2030 pour faciliter et renforcer la présence d'investisseurs chinois en Russie.
La Russie, à terme beaucoup plus affaiblie par les sanctions occidentales que ce que ne laisse entendre le Kremlin, n’a d’autre choix que de soumettre son économie à la dépendance de la Chine. Mais à quelles conditions ? « L'ouverture économique de Vladimir Poutine cette semaine est un signe clair que Pékin gagne en influence sur la Russie », déclare Alexander Gabuev, chercheur au Carnegie Endowment for International Peace (Fondation Carnegie pour la paix internationale).
Le sommet Xi Jinping – Poutine a accouché d’une déclaration commune en neuf points qui couvre plusieurs sujets, de Taïwan au changement climatique en passant par les relations avec la Mongolie, dépeignant souvent les États-Unis comme l'obstacle à un monde meilleur et plus juste. La vague proposition chinoise pour parvenir à un accord de paix en Ukraine a à peine été abordée. « Il ne s'agit pas d'une réaction impulsive à la guerre en Ukraine. Cela ressemble à un plan stratégique pour une décennie, voire plus », commente Alexander Korolev, maître de conférences à l'université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie, spécialiste des relations sino-russes, qui ajoute, notant les critiques répétées de la déclaration à l'égard des États-Unis : « La menace n'est plus implicite et hypothétique, elle est très explicite.»
Il est clair que la Russie n’est désormais plus qu’un pion dans la partie d’échecs mondiale que se livrent la Chine et les États-Unis. Et Poutine là-dedans ? Pour tenter de remporter cette partie d’échecs, c’est sans d’états d’âme que la Chine sacrifiera le fou qui se prend pour le Roi. Ce pauvre Poutine a bien tenté de réactiver la rhétorique de l'"amitié sans limite" utilisée par Pékin au début de la guerre en Ukraine. En vain : Xi Jinping n’a pas bronché. Car désormais, il y a une "limite" à cette "amitié", et cette limite, c’est Poutine lui-même. Même aux yeux de Xi Jinping, Poutine est devenu un paria encombrant.
Certes, objectera-t-on, évoquant la prochaine élection présidentielle russe, en 2024, Xi Jinping a souhaité un nouveau mandat pour Vladimir Poutine. Mais même en Russie (tout particulièrement en Russie ?) on a appris à ne pas être dupe des mensonges des dictateurs. A cet égard, la mise en scène filmée de ce soutien de Xi Jinping à Poutine est assez hallucinante (vidéo ci-dessous). Malgré le ton exagérément martial du traducteur, hors-champ, qui claironne les "suaves" paroles de Xi Jinping, on voit le maître du jeu réprimander le gamin turbulent (Vladimir Vladimirovitch). Tout, dans le regard, dans les attitudes physiques, dans le petit sourire contrit qu’affiche Poutine, dit cette "humiliation" à laquelle le maître du Kremlin ne peut se soustraire. Et cette séquence aura été simultanément diffusée sans tous les foyers russes, et sur écran géant, dans plusieurs grandes villes chinoises.
Version sino-russe du maître et de l'élève. Quand Xi Jinping annonce souhaiter un nouveau mandat pour Vladimir Poutine, tout, dans les expressions de l'un et de l'autre, dit le contraire. Seul le prononcé fait foi ? Pas sûr...
Les services de renseignement chinois -c’est le moins qu’on puisse attendre de leur part- sont bien informés : la succession de Poutine a déjà commencé. L’un des premiers à l’avoir compris est Evguéni Prigojine. Avant-même la visite de Xi Jinping à Moscou, le patron de la milice Wagner avait déclaré son intention de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle… en Ukraine. Ça a fait rire tout le monde. Sauf Poutine et quelques-uns.
Détesté par la hiérarchie militaire russe (ministre de la Défense en tête), pareillement honni par une bonne partie de l’élite russe, Prigojine commence à devenir, pour le Kremlin, un fantassin encombrant. Vladimir Poutine a eu beau lui avoir personnellement ouvert les portes des prisons pour y recruter en masse la chair à canon du Donbass, les résultats tardent à venir. Pire même : depuis des jours et des semaines, Prigojine fanfaronne que la ville de Bakhmout est quasiment sous le contrôle de ses hommes (enfin, de ce qu’il en reste). Or, c’est dans cette même ville de Bakhmout "sous contrôle de Wagner" que le président ukrainien Volodymyr Zelensky vient d’effectuer une visite surprise. En plein jour, et pas à la nuit tombée comme Poutine récemment à Marioupol, dans un décor Potemkine et avec des agents du FSB transformés en habitants "spontanés". Double humiliation pour Poutine.
Volodymyr Zelensky en visite sur la ligne de front à Bakhmout, le 22 mars 2023
Et encore, s’il n’y avait que Bakhmout ! Vladimir Poutine a tant délégué à la mafia paramilitaire Wagner les intérêts russes dans plusieurs parties du monde que le puzzle est pour le moins corsé. Même les meilleurs mathématiciens spécialistes des équations complexes auraient du mal à résoudre le problème.
Bien évidemment, cela se passe notamment en Afrique. A la veille de la visite de Xi Jinping à Moscou, un "incident" est passé relativement inaperçu. Dimanche dernier, 19 mars à l’aube, cinq employés chinois de l’entreprise minière Gold Kos Group, qui travaillaient sur une nouvelle exploitation aurifère, ont été abattus d’une balle dans la tête par un commando de "terroristes". L’attaque a été promptement attribuée aux rebelles de la Coalition des Patriotes pour le changement, une alliance de groupes rebelles formée en décembre 2020 dans le but de renverser le président Faustin Archange Touadéra ; mais plusieurs indices flèchent vers les mercenaires de Wagner, qui a débuté ses activités en République centrafricaine en 2018 et finance ses activités paramilitaires en exploitant (entre autres) des mines d’or et de diamant (Voir ICI). Un terrain… âprement disputé avec la Chine. On ignore à quel moment du dîner officiel au Kremlin, entre plateau de fruits de mer, soupe de sterlet (un petit esturgeon), crêpes aux cailles et aux champignons, et cerf rôti à la sauce aux cerises, Xi Jinping a fait part de ses "remontrances" à Vladimir Poutine. Ambiance, ambiance…
Vladimir Poutine lors d’un entrainement-de l’équipe nationale de-judo russe, sur un tatami… aux couleurs de l’Ukraine (capture d’écran).
Fin février 2022, la Fédération internationale de judo avait annoncé la suspension du statut de président honoraire et d’ambassadeur
de Vladimir Poutine, en réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Encore une équation assez complexe à résoudre : jusqu’où le paria Poutine peut-il entrainer la chute de la Fédération de Russie ?
Selon le média indépendant Verstka, généralement très bien informé, le mandat d'arrêt de la CPI contre Poutine a ébranlé les plus hauts responsables russes et semé un vent de panique au Kremlin, et pas seulement : le 17 mars, « l'information s'est immédiatement répandue dans tous les groupes de discussion informels [des fonctionnaires de l'administration Poutine] et, au début, personne ne savait comment réagir ». Jusqu’à ce que la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, qualifie le mandat d'arrêt de "juridiquement nul", donnant ainsi le mot d’ordre à suivre.
« Malgré les commentaires agressifs et provocateurs de responsables russes tels que Dmitri Medvedev, Ramzan Kadyrov, et le président de la Douma d'État, Viatcheslav Volodine, de nombreux législateurs ont été déstabilisés en privé par l'annonce : "D'un côté, cela nous pousse à nous rallier à lui. D'un autre côté, c'est comme si nous étions vraiment isolés au niveau mondial". » D’autre part, certains hauts fonctionnaires, gouverneurs régionaux et autres responsables politiques ont vite réalisé qu’ils pourraient eux aussi être poursuivis par la Cour pénale internationale. Ambiance, ambiance (bis).
Photo Carolyn Cole / Los Angeles Times
Les "oui, bon, bof" devront s’y faire. L’arrestation de Vladimir Poutine et sa comparution devant un tribunal international ne sont peut-être pas aussi impensables qu’il puisse paraître.
En tout cas, pour le politologue russe Valery Solovei, historien et ancien chef du département des relations publiques de l'Institut d'État des relations internationales de Moscou, le scénario d'une fronde à l'encontre du dirigeant russe n'est pas à écarter. « Le mandat d'arrêt émis par La Haye », écrit-il, « est un signal important pour l'élite russe : il fait passer Poutine du statut de garant de la richesse et du pouvoir à celui d'actif toxique dont il faudrait se débarrasser au plus vite, afin d'éviter que d'autres noms n'aillent s'ajouter à la liste des suspects des tribunaux internationaux. Face à cette situation, une grande partie de la haute société russe se contente de rechigner avec impuissance en publiant des messages de solidarité envers le dirigeant. Mais il existe aussi parmi eux des groupes capables d'agir avec plus de détermination. La probabilité qu'ils passent à l'acte ne fait désormais que croître.» (ICI)
« Dans l’élite russe, beaucoup considèrent que Poutine a perdu la tête », confirme, dans un entretien à L’Express, l’analyste franco-russe Tatiana Stanovaya, chercheuse non-résidente au Carnegie Moscow Center - basée à Paris, et fondatrice du cabinet d’analyse R.Politik : « Poutine est désormais le seul, au sein de l’élite russe, à penser que Kiev capitulera un jour.(…) Plus personne ne croit en une victoire possible de la Russie. Là est le principal danger pour le chef du Kremlin : plus le conflit durera, plus la frustration et la colère s’accumuleront à son encontre. » Ambiance, ambiance (ter).
Photo 1 : Maria Lvova-Belova en juin 2019 en vacances à Rome, ici près du Colisée. Elle semblait alors trouver certains charmes à l’Occident décadent ! Mais pour les prochaines vacances au pays de Dante, c’est un peu compromis. Certes, il reste la Corée du Nord, mais les trattorias s’y font plus rares. Photo 2 : Dommage pour Maria Lvova-Belova que la religion orthodoxe ignore l’histoire d’Icare. Plus dure sera la chute. Photo 3 : L’époux de Maria-Lvova Belova, prêtre orthodoxe, est un peu inquiet. On le serait à moins. Dans la perspective de vacances prolongées de sa chère et tendre à La Haye, il se demande : « mais qui c’est qui va garder la marmaille » ? (23 enfants dont cinq biologiques, les autres étant adoptées ou sous tutelle). Alors, il brûle un cierge et demande la protection divine. Pas sûr que ça marche… (Photos issues du compte Instagram de Maria Lvova-Belova).
Et Maria Lvova-Belova dans tout cela ? Au risque de passer pour une gourgandine quelque peu idiote sur les bords, la co-inculpée de Vladimir Vladimirovitch Poutine n’a toujours pas réussi à lire jusqu’au bout la Convention de Genève et à comprendre ce qui lui est reproché. Espérons, pour le salut de son âme, que le procès à venir à La Haye et les longues heures de méditation qui suivront dans sa cellule l’aideront à réaliser.
On ne saurait que trop lui conseiller de choisir un bon avocat, parce que pour l’heure, ça laisse à désirer. Dans l’immédiat, pour assurer sa défense, lors de sa première interview télévisée après l’annonce de la CPI, elle est allée chercher un drôle d’abruti. Je ne sais pas comment on dit "adipeux" , ou "répugnant" en russe : Dmitri Koulikov(Дми́трий Кулико́в) fait partie de cette classe-là. Producteur, "journaliste" mais aussi expert du comité d'État de la Douma et membre du Conseil public auprès du ministère de la Défense de la fédération de Russie, il anime depuis 2015 (parmi d’autres) une émission matinale "d'analyse de l'information" Formule du sens («Формула смысла»). Dans un blouson militaire, mal rasé, la voix qui pue l’alcool (il arrive à peine à articuler), ce Koulikov a donc été missionné pour donner la parole à Maria Lvova-Belova.
L’interview est surréaliste. Sur des faits qu’elle a elle-même documentés et dont elle s’est vantée sur son compte Telegram, Lvova-Belova accuse l’Occident de fabriquer des fake. « Absolument », répond Koulikov, il s’agit d’une « opération de lutte informationnelle et psychologique » basée sur des « accusations mensongères, dont le but est une incitation à la haine envers vous et envers nous comme pays ».
Ne reculant devant aucune énormité, Maria Lvova-Belova accuse enfin les Ukrainiens d’avoir utilisé les enfants à Marioupol, Bakhmout, etc., comme « boucliers vivants ».
Interview Maria Lvova-Belova dans l'émission "Formule du sens". Traduction intégrale dans le PDF téléchargeable ci-dessous
Pour La Haye, il lui faudra trouver un meilleur avocat. Dmitri Koulkov est non seulement un abruti qui empeste l’alcool, c’est en plus… un apôtre du génocide ukrainien.
Disciple du philosophe Georgui Chtchedrovitski (1929-1994), qui défendait l’idée qu’il était possible de changer la réalité en programmant la société et les individus, Dmitri Koulkov fait partie du cercle des "méthodologues", Initiateurs du concept de « monde russe » dans les années 1990, conseillers politiques de premier plan pour la communication propagandiste autour de la guerre en Ukraine (ICI). Il est, en outre, co-auteur avec son ami Timofeï Sergueitsev, idéologue de la "désukrainisation" transformée en "dénazification", d’un ouvrage paru en 2020, L'Idéologie de l'État russe. Continent Russie (Идеология русской государственности. Континент Россия). Ce même Sergueïtsev qui appelait à un « nettoyage total » de l’Ukraine et à un programme intensif, sur plusieurs générations, de russification et « d’épuration » allant jusqu’aux « nazis passifs » qui auraient choisi de rester ukrainiens, dans une effarante tribune publiée début avril 2022 par l’agence officielle RIA Novosti, que les humanités avaient alors traduite pour la faire connaître (« Le Mein Kampf de Poutine »).
Voilà donc l’entourage ouvertement génocidaire dans lequel trempe Maria Lvova-Belova. La Cour pénale internationale n’a pas encore utilisé le mot de génocide », ça viendra. Les preuves ne sont guère compliquées à réunir. Outre la tribune de Timofeï Sergueitsev, Just Security (forum en ligne hébergé par la New York University School of Law) a réuni une impressionnante compilation de textes et de déclarations (discours présidentiels officiels, articles de Poutine et d'autres fonctionnaires aux commentaires sur la télévision d'État russe et sur les médias sociaux, articles de presse, livres, agences de presse contrôlées par l'État russe, messages sur Twitter et Telegram) qui expriment, au moins depuis 2008, l'intention du gouvernement russe d'éliminer l'Ukraine ou les Ukrainiens en tant qu'État-nation, peuple ou culture. (ICI)
Un seul exemple : le 27 décembre 2016, un économiste ouvertement fasciste et proche du Kremlin, Mikhail Khazin, déclare tranquillement : « il y a [en Ukraine] plusieurs millions de personnes [qui ne nous sont pas loyales], cela ne peut pas être corrigé, mais il faut les éliminer partiellement ». (ICI, sur YouTube)
A La Haye, Lvova-Belova pourra demander les circonstances atténuantes en prétextant qu’elle a été biberonnée pendant des années à cette incessante propagande. A l’insu de son plein gré ?
Jean-Marc Adolphe
(Traductions du russe : Pascale Massicot)
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