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Mort de Fabiola Letelier, figure de proue des droits de l’homme au Chili



Avocate, infatigable défenseure des droits de l’homme, Fabiola Letelier est décédée à 92 ans. Après des années de combat, elle avait notamment fini par obtenir la condamnation des responsables de la police politique de Pinochet, qui avait assassiné son frère à Washington, en 1976.


Elle aura été une infatigable militante des droits humains. A la veille du premier tour de l’élection présidentielle au Chili, l’avocate Fabiola Letelier s’est éteinte chez elle, à Santiago, à 92 ans, des suites d’un accident vasculaire cérébral.

Née le 17 juillet 1929 à Temuco, dans le centre du Chili (son père était imprimeur et sa mère ménagère et poète), Fabiola Alicia Letelier del Solar a grandi dans un environnement libéral, et à une époque où les filles n’avaient guère accès à l’enseignement supérieur, elle a obtenu un diplôme de droit en 1963, avant de travailler pour l'Organisation des États américains à Washington. Influencée par les idéaux du mouvement des droits civiques. Au Chili, elle travaillera avec des groupes tels que le Vicariat de la solidarité, une organisation catholique qui a suivi les violations des droits de l'homme sous le régime de Pinochet. Elle s'est notamment occupée du cas de Charles Horman, un journaliste et cinéaste américain dont l'enlèvement et l'assassinat au lendemain du coup d'État de 1973 ont inspiré le film "Missing" (1982) réalisé par Costa-Gavras.


21 septembre 1976 à Washington, la voiture où a péri Orlando Letelier,

dans un attentat perpétré par la police secrète de Pinochet.


Toute sa vie, Fabiola Letelier a porté un pendentif que lui avait offert son frère, Orlando Letelier, assassiné le 21 septembre 1976 à Washington, dans un attentat à la voiture piégée. Ancien ambassadeur aux États-Unis et ministre des affaires étrangères et de la défense du gouvernement de Salvador Allende, Orlando Letelier avait été arrêté par le régime de Pinochet et emprisonné dans des camps, dont un à l'extrémité sud du Chili, près du pôle Sud. Il avait finalement été autorisé à s’expatrier aux États-Unis, et travaillait à Washington pour un groupe de réflexion, dénonçant sans relâche les crimes de la dictature chilienne (4 000 meurtres et disparitions) lorsqu’il a été tué par un engin explosif télécommandé.

Il était clair, dès le début, que le gouvernement de Pinochet était derrière cet attentat. Pendant des années, les cerveaux présumés - Manuel Contreras et Pedro Espinoza, les deux plus hauts responsables de la police secrète chilienne, connue sous l'acronyme espagnol DINA - n'ont pas été jugés. Il a fallu toute la détermination de Fabiola Letelier pour que Contreras et Espinoza soient finalement inculpés en 1991, puis condamnés en 1993 à des peines de prison de sept et six ans.

Féministe, solidaire des peuples indigènes, Fabiola Letelier avait créé en 1980 le Comité de Défense des Droits du Peuple (CODEPU) et avait reçu au Chili en 1998 le Prix national des Droits Humains. L’avocat Fernando Zegers, qui a travzaillé à ses côtés au sein du CODEPU, a salué « son travail désintéressé, son intelligence, son courage, dans une période sombre pour tant de personnes au Chili. Elle a été une voix puissante dans la défense des droits de l'homme, de l'intégrité et de l'indivisibilité de ces droits. Elle a fortement insisté sur les droits du peuple, ses ressources naturelles, sa véritable souveraineté politique et économique. »


Fabiola Letelier ne verra pas le premier tour de l’élection présidentielle au Chili, où selon les sondages, le candidat d’extrême-droite José-Antonio Kast est au coude-à-coude avec le jeune leader de gauche Gabriel Boric, issu des premiers mouvements de protestation étudiants.

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