Le communisme est-il soluble dans le populisme (et vice versa) ? Alors que la "contre-réforme" des retraites, dernier épisode en date de la "refondation sociale", agite le pays, un nouveau "défi démocratique" pourrait-il revenir à l'ordre du jour ?
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«Face à la montée de la barbarie, j’ai voulu, modestement, devenir un colporteur de l’humain», écrivait Michel Strulovici dans Évanouissements, paru l’an passé aux éditions du Croquant, autobiographie où il raconte en 630 pages particulièrement denses sa jeunesse, dans une famille de juifs résistants communistes, son activisme contre la guerre d’Algérie, son adhésion au Parti communiste, puis ses années de journalisme, à L’Humanité et enfin à la télévision publique, où il a été un ardent défenseur de la place de la culture (chronique parue sur les humanités, le 23 octobre 2021 (ICI).
Même une fois achevé le livre, il y en avait encore sous le capot, comme on dit. Plutôt que de chercher à nouveau un éditeur, Michel Strulovici a souhaité confier aux humanités ces "Droits de suite". Mais publier, même sur un média en ligne, c’est encore et toujours éditer. Cette chronique prend ici la forme d’un feuilleton hebdomadaire, chaque jeudi (premières séquences, "Les cavaliers de l’Apocalypse", ICI ; "Embrassons-nous Folleville", ICI ; "Juifs en soi, juifs pour soi", ICI / Jean-Marc Adolphe
« Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »
(Aragon, "Un jour, un jour", Le Fou d'Elsa)
Loin de l'idée répandue du savant travaillant seul dans son laboratoire et, après confrontation avec lui-même, s'exclamant Eurêka, je crois au choc des idées et des points de vue. Il m' apparaît depuis longtemps comme une nécessité. Ces débats se trouvent, à mon sens, intimement liés à l'essor de nos connaissances. Et si ces confrontations font des étincelles, ce ne peut être que celles d'un savoir amélioré. Comment penser la démocratie, telle que je l'entends, sans cette exploration des manières différentes de penser et la compréhension, ainsi, de mieux comprendre ce qui anime les vôtres.
Pour avoir vécu et travaillé dans des pays où toute discussion publique tourne autour du presque rien et chuchote tout ce qui est essentiel, j'apprécie à sa juste valeur le plaisir de la discussion à haute voix et sans masque. Souvent de tels échanges permettent d'aller à l'essentiel et de faire tomber les faux-semblants. Apparaissent alors des désaccords essentiels sur nos idéologies, croyances, rêveries et projets d'avenir pour nos sociétés.
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Il arrive parfois que l'exercice tourne vinaigre et, de temps en temps, que l'amitié explose en vol.
Deux événements récents me le démontrent.
Le premier débat (de feu) advint à propos de cette violente "contre-réforme" des retraites. Des amis macronistes (oui, il m'en reste) apportaient un soutien appuyé à ce désastre social et culturel. Participer à la fascination qu'ils ressentent pour ce jeune président Rastignac, je peux le comprendre si on l'inscrit dans l'idéologie bonapartiste qui court ce pays. Mais soutenir cette démolition de nos acquis, les miens comme les leurs, s'apparente de fait, à un hara-kiri. Qu'ils s'ouvrent le ventre au wakizachi et regardent leurs tripes s'étaler sur le tatami, c'est leur choix. Mais qu'ils l'imposent au plus démunis, aux plus éreintés, aux plus désespérés de nos sociétés, voilà qui m'est insupportable. Très vite, nous constatâmes dans nos interpellations réciproques que nous ne partagions pas les mêmes valeurs, comme le promeut la publicité pour les rillettes Bordeau-Chesnel.
Ou, à tout le moins, leur ordre de préséance.
Si le concept de "liberté" les anime, ils le situent über alles et ils s'en drapent à tout bout de champ. Pour un peu, eux qui vomissent la chienlit, feraient leur l’emblématique La liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix !
Pour un peu seulement, car leur amour de la liberté ne peut se vivre qu'épuré de toutes ces "scories" sociales, de toutes ces "pleurnicheries" humanistes, de toutes ces revendications syndicales, de toutes les remises en cause de l'ordre établi. A force d'avoir les mains "propres", leur liberté n'a plus de mains du tout. C'est la Vénus de Milo.
Pour eux, la liberté se doit d'être d'immaculée conception, resplendissante comme un lingot d'or. Leur conception de ce besoin vital, c'est bien « celle du renard libre dans un poulailler libre », comme prévenait Marx. [1]
Des dirigeants des fonds de pension à Poutine et ses oligarques, en passant par tous les "libéralistes" de la terre, c'est bien là le sens qu'ils donnent à ce désir irrépressible. Rien à voir avec le sublime Sur mes cahiers d'écolier, sur mon pupitre et sur les arbres ... de Paul Eluard.
Ambroise Croizat (à gauche), ministre communiste du Travail, du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946, "inventeur" de la Sécurité sociale et de le retraite par répartition, versus Denis Kessler (à droite), théoricien de la "refondation sociale" au sein du Medef.
Ce que ne voyaient -ou refusaient de voir- ces amis, c'est que ces bouleversements vers le pire de nos sociétés, au nom de la liberté, n'était que la déclinaison, sans état d'âme, de cette recommandation de Denis Kessler, l'ex-vice-président du Medef (1998-2002) et théoricien de la "refondation sociale", en 2007 : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance […] Il est grand temps de le réformer. […] La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le Programme du CNR. » [2]
Parmi toutes ces réformes, l'une des plus urgentes concerne cette "horreur de retraite" par répartition, proposée par le communiste Ambroise Croizat et adoptée par le CNR. Vite, disent Kessler et le patronat, instaurons, comme tous les pays civilisés, la retraite par capitalisation. La première étape du grand remplacement est aujourd'hui engagée par le Président Macron, et l'aveuglement de mes amis, ses groupies, me sidère.
Peut-être que mon insistance à leur faire lire le surdiplômé Denis Kessler les éclairera. Car ce qui est appréciable avec ce brillant adversaire, c'est que dans toute sa crudité, il présente sans fard le projet du Medef: passer à la trappe les acquis sociaux issus de la Résistance (dont son père fut membre), en terminer avec ces empêcheurs de faire du profit en rond que sont ces services publics. Avec des tessitures différentes, le refrain entonné par Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron s'harmonise sur ce thème identique : mettre dans notre pays les pendules à l'heure du capitalisme financiarisé et mondialisé. [3]
Passer à coté des raisons de fond de ces bouleversements dramatiques au nom d'une liberté fantasmée m'exaspère. Je n'arrive pas à croire que mes amis puissent adhérer à cette conception de la société et de l'homme, qui les mène à soutenir in fine la violence galopante qui gagne tous nos rapports sociaux. Comment ont-ils pu, à ce point, démissionner des rêves de justice et d'équité de leur jeunesse, de leur désir de changer le monde et d'améliorer notre humanité ? Comment peuvent-ils avoir enseveli leur empathie ?
Le populisme en sautoir
Le deuxième affrontement sérieux survint lors de de la campagne des présidentielles de 2022.
Un poison mortel s'infiltra dans certaines de mes relations amicales, parfois vieilles de cinquante ans, et les détruisit. Tout le déchaînement de ces passions tourna autour de la légitimité de la candidature communiste de Fabien Roussel à l'élection présidentielle. Pour certains amis, militants actifs de la France insoumise, cette présence était jugée inadmissible.
Par deux fois le PCF avait adopté la logique du soutien sans condition à Mélenchon. Pourquoi pas une troisième fois ? Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Fabien Roussel, proclamaient-ils à tue-tête (le terme est juste), était devenu un traître à la Gauche, à la cause révolutionnaire. Et cette pensée-slogan, reprise d'une manière organisée à tout propos, rencontrait des échos jusque dans les rangs communistes.
L'histoire de ce désaccord fondamental avec Jean Luc Mélenchon et ses amis, se construisit par étapes, sur plusieurs années.
J'avais suivi avec intérêt la constitution du Parti de Gauche en 2009. Les créateurs du mouvement, leur idéologie mettant en valeur leur dimension écologique, laïque et transformatrice, me séduisait. J' y retrouvais le meilleur d'une pensée de gauche des temps présents.
Élection présidentielle, 2022. Photo AFP
Liberté, égalité, fraternité, équité, laïcité, écologie, ces exigences m'apparaissent essentiels à toute respiration politique progressiste.
Jean-Luc Mélenchon, je l'imaginais alors comme une sorte de Jean Jaurès d'aujourd'hui. Et le Front de Gauche, constitué dans la foulée, retrouvait, me semblait-il, le chemin de notre cher Front Populaire.
Tel était mon état d'esprit en ce début d'année 2009.
L'arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012 ne fit que renforcer mon adhésion à l'activité politique du Front. J'avais saisi, comme bien d'autres, la trahison des couches populaires qui arrivait au galop. « Mon ennemi, c'est la finance » osa-t-il claironner, tout en réservant un cab pour foncer à Londres saluer et rassurer la City [4].
Et il ne s'agit pas là d'une foucade. Dans son dernier ouvrage, Thomas Piketty étudie cette tendance de fond : « les partis sociaux-démocrates en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans d’autres pays, aussi différents soient-ils, ont tous connu la même évolution : alors que des années 1950 à 1980, ils rassemblaient les votes des moins qualifiés et des plus pauvres, ils sont devenus le parti des plus diplômés. Abandonnant les moins favorisés à leur sort, ces partis ont célébré le droit de propriété, s’appuyant sur sa dimension émancipatrice – tout le monde a le droit de posséder quelque chose et de bénéficier de la protection de l’État pour le conserver – mais en oubliant son aspect inégalitaire, les plus riches accumulant sans limite. » [5]
Je me souviens particulièrement bien de cette soirée de "victoire" électorale où je prédisais à tous mes amis notre rapide retour dans les manifestations de rue qui ne manqueraient pas de se produire contre la politique de ce pouvoir. Mais il nous avait bien fallu choisir entre Hollande et Sarkozy. La politique hollandaise et sa si signifiante loi El Khomri consacrèrent ma rupture définitive avec cette trahison stratosphérique des espérances. A mes yeux François Hollande devenait l'un des plus célèbres parjures de l'histoire de la social-démocratie.
Puis vint la vague des attentats islamistes. Les cibles de ces crimes : des enfants juifs, des magasins juifs, des militaires, des policiers et les dessinateurs de Charlie coupables d'être libres, talentueux et laïcs. Puis les terroristes islamistes massacrèrent nos concitoyens sur les terrasses de café à Paris et les spectateurs d'un concert au Bataclan.
En décembre 2015, Jean-Luc Mélenchon célébra avec émotion et talent Charb, son ami assassiné. Il affirma alors lyriquement son attachement à la laïcité, comme pilier de notre République. Que n'a t-il persévéré !
Ma première et sérieuse alerte à son égard se produisit au soir du premier tour de la présidentielle de 2017. Jean-Luc Mélenchon ne donnait pas de consigne claire de vote contre la candidate d'extrême droite ! J'en restai stupéfait. A cette alarme en succédèrent d'autres qu'ils seraient trop long de citer. Mais je ressentis alors comme le début d'un revirement fondamental.
Un matin de recherche documentaire sur internet, je tombai sur une conférence qu'il tînt avec la chercheuse en sociologie politique Chantal Mouffe en 2016.
Quand le leader de la France insoumise revendique la voie du "populisme"....
Le 21 octobre 2016, Jean-Luc Mélenchon et Chantal Mouffe tenaient une conférence intitulée "L'Heure du peuple"
à la maison de l'Amérique latine, à l'invitation de l'association Mémoire des luttes.
Une partie de mes interrogations, trouva là réponse. Jean-Luc Mélenchon avait désormais choisi la voie du populisme comme source d'inspiration, déclarant même le marxisme, tant adoré jusqu'alors, dépassé !
Que ce populisme soit qualifié "de gauche", peu m'en chaut, tant il peut rejoindre celui "de droite".
L'une des nécessités explicites de cette orientation, pour triompher, est d'absorber, de dissoudre tous les mouvements concurrents. Ce que le mouvement des Insoumis tenta aux cris d'« unité, unité ! »
Le point d'orgue de cette mise à mort fut atteint au moment des présidentielles de 2022.
Mes désaccords avec le PCF sont connus. Je m'en suis expliqué dans mes Évanouissements. Mais je n'ai jamais envisagé, pour le bien de la gauche, la disparition de cet outil particulier qui fut diablement nécessaire et inventif à plusieurs moments-clés de notre histoire. D'autant que le nouveau cours imprimé au PC par Fabien Roussel et son équipe brisait là avec les dénis de réalité. Ces refus de regarder et d'entendre ce qu'expriment les milieux populaires de ce pays sont une des causes de l'abstention populaire massive, de son ralliement au lepénisme. [6]
Et puis, et surtout dirais-je, l'expression idéologique communiste se manifeste aujourd'hui dans une situation inédite, libérée du poids mortifère du grand frère soviétique, lui-même étouffé par ses contradictions et dont l'échec interdit à ses thuriféraires de le brandir comme un modèle. Aussi face à cette offensive mélenchoniste, comme l'appréhendait le sénateur du PCF Eric Bocquet, une nouvelle fois sans candidat, le parti creusait définitivement sa tombe.
Par ailleurs, j''avais déjà été sidéré par l'apostrophe haineuse de Jean-Luc Mélenchon à l'égard des communistes, digne du trotskyste qu'il fut. « Vous êtes la mort et le néant », avait-il lancé à Pierre Laurent, alors secrétaire national du PCF. Loin de représenter un coup de colère passager, je compris son intention assassine à l'égard de ceux qui avaient tant fait pour son succès. L'heureux bénéficiaire de tant d'attention, Jean-Luc Mélenchon, suivait là l'aphorisme d'Alexandre Dumas : « il y a des services si grand qu'on ne peut les payer que par l'ingratitude ».
Je décidai donc d'apporter publiquement mon soutien à Fabien Roussel. Et cette prise de position heurta un certain nombre de mes vieux amis. Ils ne comprenaient pas ma position, pire, ils m'intimaient l'ordre de me taire. Cette admonestation m'atteignit au plus profond. Pour ces camarades de multiples combats, je n'existais donc comme citoyen que pour soutenir leur chef. Penser par moi-même et le manifester m'étaient devenus interdit. Quelques un d'entre eux déversèrent insultes et imprécations à mon encontre sur les réseaux sociaux. J'étais devenu un paria, détruisant la victoire possible de Jean-Luc Mélenchon, un traître à la cause. (A mon départ du PCF on m'avait déjà affublé du même masque). Pour eux, le droit à l'insulte était univoque. Ils avaient le droit de cracher leur venin sur mon candidat, je n'avais pas le droit à la riposte sur le leur ! Je me devais de combattre sur le ring des arguments, bâillonné, entravé, les mains liées dans le dos pendant qu'eux, sautillants, m'assénaient des coups sans réplique. Et puis quoi encore !
Avec certains, la dispute se termina en rupture. Au- delà de la peine que je ressentis, ces affrontements s'avérèrent nécessaires tant ils portent sur des questions de fond, notamment sur la question de la démocratie et sur la nature du mouvement à recomposer pour transformer l'invivable réalité. Cette violente polémique me permit, au moins, de tracer une frontière entre leur projet de société et le mien. Il m'est devenu clair que je ne souhaite pas vivre dans une société ni "bolivarienne" ni péroniste où le chef omniscient décide de tout, pour tous. Devrions-nous être tous absorbés par le "mouvement gazeux" ? Devrions-nous tous obéir aux foucades d'un chef et de sa camarilla de quelques individus qui décrètent le bien et le mal à votre place ? Pour moi, cette question reste centrale.
La politique est-elle la continuation de la guerre par d'autres moyens ?
Sans aucun état d'âme à l'égard de ses alliés-concurrents, la France insoumise fit la démonstration qu'il en était ainsi au cours de la campagne présidentielle, arasant au maximum les votes communiste, écologiste et socialiste, au nom du vote utile. Le déferlement de cette même idée-slogan produisit l'effet attendu. 10% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon auraient été tentés de voter Roussel, apprit-on par des études quelques mois plus tard. Mais Roussel n'obtint que 3% des suffrages.
Le groupe dirigeant de la France insoumise réitéra la méthode pour les législatives qui suivirent. Fort de son rapport de force, il imposa sa volonté à ses partenaires-obligés et fit son marché jusque dans des circonscriptions qui "appartenaient" de toute évidence au PCF et aux socialistes.
Ces mauvaises manières, au nom d'une unité efficace, aboutirent au résultat que nous connaissons. La NUPES représente une coalition électorale qui s'apparente à celle du Front populaire comme La belle de Cadix ressemble à La Flûte enchantée.
Mais il n'est pas question seulement ici de résultats électoraux, il s'agit pour moi, également, de la nature des moyens utilisés pour obtenir ce "marche ou crève" dit unitaire !
Jean-Luc Mélenchon et son entourage utilisèrent la force brutale et nous expliquèrent que c'était pour notre bien.
Le projet mélenchoniste se construisit par étapes. Après avoir poussé dans l'enclos les autres forces politiques de gauche, considérées comme quantité négligeable, il s'agissait, pour lui, de poursuivre leur extinction en les saignant et en nichant, tels des coucous, dans leurs implantations populaires, particulièrement à la direction des municipalités.
Cette visée fut particulièrement claire en Seine-Saint-Denis et dans le Rhône.
Après les Présidentielles, vinrent, sur le même ton agressif, les législatives. Tout cela préparant le prochain objectif majeur pour la FI, les municipales. Et pour vaincre dans les cités de banlieue où les Français d'origine étrangère sont fortement représentés, Jean-Luc Mélenchon crut bon d'adopter une position de soutien au communautarisme religieux. Une sorte de consécration des organisations islamistes qui maillent les banlieues par un prosélytisme agressif. La réponse de ces "identitaires" fut évidemment positive.
Car le dirigeant des Insoumis fait des salafistes et autres Tariq Ramadan les porte-parole de la "communauté" musulmane. Il les assigne à résidence, notamment à l'UOIF, aujourd'hui "Musulmans de France". [7]
Pour ma part, j'ai choisi mon camp. Je fais mienne cette déclaration de Fabien Roussel du 9 décembre 2022, sur cette question essentielle : « En cette journée de la laïcité, mes pensées vont à Samuel Paty, aux caricaturistes de Charlie Hebdo assassinés, à toutes celles et ceux qui sont tombés pour la défendre. Elles vont aussi aux fonctionnaires, enseignants, journalistes et ceux qui se battent pour la faire vivre. » Cette lutte toujours d'actualité pour la laïcité fut remplacée pour le mouvement des Insoumis par une dénonciation de "l'islamophobie", concept cher à tous les islamistes politiques. Ce qui amena Jean-Luc Mélenchon et ses amis à participer à une manifestation organisée par ces mouvements de l'Islam des ténèbres. [8]
Identité ou classe ?
D'autre part, la France insoumise, pour plaire à la mode qui sévit à l'Université et dans les mouvements féministes, pour séduire la jeunesse, intégra toute la bimbeloterie intersectionnelle, wokiste. Cette idéologie made in USA, là où le communautarisme règne en maître, disloque la lutte des classes et accole à tout homme blanc la fameuse injure de « male chauvinist pig ».
Cette manière de combattre les dominations (de classe, de genre, racistes) me semble multiplier les obstacles à la nécessaire alliance, que je qualifierai d'universelle, pour les éliminer.
Cette nécessaire lutte est à l'ordre du jour partout de par le monde et pour longtemps. Quel intérêt de m'en exclure car je suis blanc (donc obligatoirement un oppresseur raciste), Juif (donc riche colon aux yeux de Madame Bouteldja), Français (donc héritier et profiteur du colonialisme, moi qui ai passé ma vie à le combattre) et homme (pour cette tare, je n'ai aucune excuse !) ?
La France insoumise a en quelque sorte intronisé le communautarisme et ses avatars comme partie prenante de l'idéologie de la gauche. Et simultanément, elle réussit à étouffer au nom de l'amour et de l'unité, ses concurrents communistes, socialistes et écologistes. La France insoumise appliqua, avec art, la logique du rapport de force sans état d'âme et ses alliés se retrouvèrent à la portion congrue. Mais les Insoumis ne purent accomplir la totalité du projet d'anéantissement programmé et ce fut là leur plus grande faute. Car comme l'explique Machiavel : « Si une blessure doit être faite à un homme, elle doit être si grave que sa vengeance n’est pas à craindre. » (Le Prince)
Ce que je prédis, c'est que l'affront vécu par les communistes fut si intense que l'esprit de vengeance accompagnera désormais leur pas. Je prédis en outre que le danger sectaire qui guette la direction de la France insoumise depuis sa création mettra en danger le mouvement gazeux lui-même. La récente charrette d'exclusions de la direction du mouvement, à bas bruit, de Clémentine Autain, Eric Coquerel, François Ruffin, Alexis Corbière entre autres, pour désaccords, ne fait que le confirmer.
Pèse sur cette organisation une suspicion grave. Le populisme revendiqué lui interdit la démocratie. Seul le chef est dépositaire de la parole juste et il a seul le droit avec quelques amis de mener, où il veut et comme il l'entend, le mouvement. A coté de cette conduite des opérations par un leader, le défunt centralisme démocratique du PC devient une démocratie exemplaire !
Mes amis insoumis peuvent toujours discuter de la ligne, des actions à mener, remettre en cause tel ou tel aspect de leur politique, tout cela reste vain. Et, sur le fond, le populisme ne se marie pas dans notre pays avec la gauche. Il couche avec la droite depuis longtemps, depuis le général Boulanger. Pendant de nombreux mois, le terme même de gauche fut d'ailleurs banni par Jean-Luc Mélenchon et ses amis. Un certain nombre de mes relations sur Facebook évoquaient même la "gôôôche" pour la ridiculiser !
Dans ma culture politique d'aujourd'hui, le chef au-dessus de tous, que l'on installe sur un bouclier brandi par des guerriers, comme au temps des Gaulois, est totalement à contre-courant. Le chant entonné avec le plus d'entrain par la gauche révolutionnaire, L'Internationale, n'affirme-t-il pas dans son refrain : « Il n'est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni tribun ! »
Il est ainsi étrange d'entendre le responsable n°2 de la France insoumise, Manuel Bompard, expliquer que le vote des militants est inutile dans son mouvement. Curieux, qu'en même temps, l'opinion des Insoumis soit considérée comme nulle et non avenue alors que l'on souhaite, à corps et encore plus à cris, l'instauration d'une VIème République, pour rompre avec la Monarchie présidentielle !
Aujourd'hui, tout se recompose sous nos yeux, avec une montée en puissance de l'extrême droite, ici comme dans nombre de pays.
C'est dans ce contexte que le PCF entame sa mue. Désemparés par l'explosion en vol de l'URSS et de ses satellites, une grande partie de l'appareil et de ses militants mirent beaucoup de temps à comprendre pourquoi la catastrophe se produisit. Certains continuent de croire que ce désastre est due à la trahison des textes sacrés, d'autres y décèlent un complot, d'autres pensent que la flamme est toujours vivace en Chine...
Après avoir mis à mort l'eurocommunisme, c'est à dire la réponse la plus aboutie au désastre des pays dits socialistes et une respiration idéologique débarrassée des microbes staliniens, le PCF tenta sans succès de se renouveler.
Les sociaux-démocrates, eux, avaient trouvé le Messie à Bonn, dans le quartier de Bad Godesberg. Ils décidèrent, en raturant sa réalité, que la classe ouvrière n'existait plus et que leur passé révolutionnaire était à remiser au grenier. Pour se donner bonne conscience et mystifier ceux qui le voulaient bien, ils sortaient, de temps en temps, les reliques comme on fait déambuler la statue de la Vierge Marie dans les rues de nos villages le 15 août.
Pour ma part, je fais mienne l'explication donnée par le sociologue marxiste et communiste Jean Lojkine : « L’échec de l’expérience soviétique et celui de la social-démocratie en Europe ont une double et même origine : politique et théorique. L’échec politique c’est l’échec de l’étatisme, de l’intervention "par en haut", sans une véritable intervention des masses dans la Cité comme dans l’entreprise. » Et il poursuivait : « L’échec théorique c’est l’échec d’un marxisme mécaniste marqué par le modèle culturel de la révolution industrielle, où le socialisme était identifié à un système pyramidal centralisé, où le pouvoir était détenu par une élite dirigeante coupée des masses populaires. » [9]
Aussi, porter des lunettes idéologiques non adaptées pour saisir les événements du monde reste un handicap insurmontable.
Le PCF, lui, plongea, tête la première, dans le déni de réalité et sa pensée s'ankylosa au moment même où elle aurait du se délier, dans cette période de bouleversements économiques, sociaux, écologiques et culturels.
Quand le PCF se décida à regarder de face les nécessités de l'époque, il inventa le Front Populaire. Il vit, avant toutes les forces politiques, la nécessité de rompre là avec la colonisation. Il créa, avec si peu de moyens de combat, la MOI, les FTPF et la lutte armée par groupes de trois ou de quinze, le regroupement dans les maquis. Il inventa la Sécurité sociale, soutint et proposa le droit de vote des femmes, élabora le statut des fonctionnaires et le fit adopter. Il décida de la nécessaire liberté pour toute création (Comité Central d'Argenteuil) et bâtit les théâtres populaires de banlieue. Il fut l'initiateur de l'union de la gauche et du Programme commun. C'est à ces moments là que son aura grandit au même rythme que son influence. Nous savons, en revanche, que l'aspiration des communistes à la recherche d'un modèle et ce désir renouvelé ou imposé de le copier entraîna désastre sur désastre pour ce parti.
Je crois que la réorientation menée par l'équipe rousselienne, la volonté de considérer le monde peuplé de "petits faits têtus" et de ne pas dissoudre la théorie dans un blabla amphigourique avec comme argument décisif le sempiternel "c'est la faute des autres", portera ses fruit à long terme. [10]
Que le PCF revendique un héritage, rien de plus normal. Qu'il accepte de se soumettre à des idées et conceptions antédiluviennes, qui ont fait la démonstration de leur nuisance, certainement pas !
Fabien Roussel ne manque pas une occasion d'insister sur le F de PCF. Et donc, à mon sens, ce qu'il retient de positif chez Georges Marchais, c'est sa volonté, un temps, de rompre avec les réducteurs de têtes de Moscou [11]. Aujourd'hui, l'époque de l'Internationale communiste, c'est à dire de la soumission aux pensées, désirs, besoins et crimes d'un Centre, est terminée. Mazel Tov !
Enrico Berlinguer, Santiago Carrillo et Georges Marchais, pères de l’eurocommunisme, à Madrid en 1977
Nous savons que le chemin des épousailles avec le monde en transformation continuelle sera épineux, rocailleux et long à parcourir.
Et le temps est compté tant le rythme d'approche du cataclysme est rapide.
Pour ma part, je sympathise avec la nouvelle démarche de la grande majorité de l'appareil communiste. Elle se rapproche, à mon sens, du défunt projet eurocommuniste. Mais les réticences à l'intérieur du PCF restent importantes, même si elles subissent un net recul. Des élus et des fédérations restent en sécession ouverte. Et puis, parfois, les vieux réflexes prennent le pas sur le regard nouveau nécessaire à ce monde nouveau.
La manière dont certains traitent de l'agression poutinienne en Ukraine en dit long.
L'OTAN étant, depuis sa création, l'ennemi de toute révolution, cela va sans même le dire, il faudrait donc se trouver allié de ses ennemis. Comme dit l'adage, « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Or Poutine est, de facto et de jure, l'ennemi impitoyable de toute révolution démocratique et sociale sur notre continent. Tsariste et stalinien, ce slavophile dont l'univers est peuplé de monstres, ce soutien à tout ce que nous détestons, à tous les partis d'extrême droite, rend obsolète l'adage. D'autant que le meilleur agent de l'OTAN en Europe est indiscutablement… Poutine.
Aussi, quand j'entends ou lis l'amour que certains nostalgiques de l'URSS portent à cet oppresseur nazillon, cet impérialiste partisan d'un État au service des gangs, maniant la terreur et l'assassinat, soutenant l'installation au cœur de la Cité d'une milice WaffenSS, avec comme Saints Patrons Ivan le Terrible et Staline, ce colonisateur inassouvi, je me dis que la confusion idéologique campe toujours dans ce monde communiste en plein désarroi.
La (re)naissance est impossible sans aggiornamento. Et parmi toutes les questions à revoir, celle de la démocratie reste centrale. Le PCF renouera-t-il avec la démarche initiée par Georges Marchais et la direction communiste avec leur Défi démocratique ? [12]
Cet ouvrage choc ouvrit la voie au XXIIème congrès du PCF en 1976, particulièrement rénovateur. Il abordait de front des questions clés et les réponses furent pour le moins iconoclastes. Ainsi : « Il est de nombreux domaines où la concentration et la socialisation ne se justifient pas sur le plan économique, l’initiative privée étant plus
efficace » ; « A nos yeux, socialisme et liberté sont inséparables » ; « Nous respecterons dans tous les cas le verdict du suffrage universel » ; « Les partis d’opposition auront-ils leur place dans une France socialiste ? Notre réponse est claire et simple : oui » ; « Pas d’uniforme pour notre peuple » ; « Le mot d’ordre de "socialisme démocratique" représente à nos yeux une lapalissade » ; « Le socialisme que nous voulons chez nous aura les couleurs de la France » ; « Devenir communiste, ce n’est pas s’isoler de la société pour lui dicter sa loi… Le Parti communiste n’est pas une "contre-société"… L’esprit de secte nous est foncièrement étranger » ; « La solidarité n’est pas la subordination… Il n’y a pas de partis communistes "dominants" et de partis "subordonnés". »
En se rappelant les avancées de cette époque (j'étais aux premières loges au sein de La Nouvelle Critique - [13]) je peux mesurer la plongée dans les abîmes qui suivit. Plus dure fut la chute. Comment désormais retisser les fils et progresser dans la compréhension du monde ?
A ce moment de notre histoire, à l'heure où l’appétence pour les dictateurs s'étend partout comme une fleur vénéneuse, brandir et réinventer à nouveau la démocratie et la liberté est un acte révolutionnaire. Pour paraphraser Saint Just, la démocratie, que nous sommes un certain nombre à revendiquer, est une idée neuve en Europe. Et elle pourrait s'appuyer sur les nouveaux réseaux sociaux de notre époque, sur l'échange d'informations, d'expériences.
Le sociologue communiste et directeur de recherches au CNRS, Jean Lojkine l'anticipait : « La révolution informationnelle offre des moyens tout à fait nouveaux pour mettre en œuvre l’intervention directe des citoyens.
Autonomie individuelle, réseaux décentralisés et interactifs, coopérations horizontales, citoyenneté active directe, contrôle du travail des élus, cette nouvelle manière de faire de la politique implique un renouvellement profond des partis politiques. Le nouveau "Front populaire" qui se cherche devra mobiliser un salariat multiforme, réunissant ouvriers, employés et travailleurs intellectuels, sans groupe hégémonique. » [14]
Évolution de la démocratie omnisciente, omniprésente, à condition de récupérer l'outil et ses choix stratégiques sur les propriétaires des GAFAM. Sinonn la destruction de toute vie démocratique est assurée et un fascisme new look, au pouvoir de manipulation considérable, l'emportera. Les algorithmes de l'ennemi, façonneront alors nos rêves comme le craignait Bernard Stiegler. Ils seront capables de créer des réalités parallèles, des univers fake news, des manipulations gigantesques où nous nous perdrons. Nous en constatons les prémices avec effroi dans la manière de les utiliser de Trump, Bolsonaro, Poutine et consorts. Imaginez Hitler avec les moyens du Métavers !
Oui, la lutte pour la démocratie est totalement révolutionnaire.
La révolution ne peut s'épanouir que dans la démocratie économique, sociale, politique et culturelle.
Prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.
Michel Strulovici
NOTES
1. L'abbé Henri Lacordaire dans ses sermons à la chaire de Notre-Dame de Paris, en 1848, admoneste ainsi les fidèles : « Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. »
2. Challenges, 4 octobre 2007.
3. Denis Kessler, ancien dirigeant du syndicat étudiant de l'Union des Grandes écoles, maoïste, membre un temps du CERES de Jean Pierre Chevènement, rallié avec ses brillants bagages universitaires chez le plus accompli des sociaux-libéraux français, Dominique Strauss-Kahn, avant de s'épanouir au sein des Assurances et du Medef. Voir le remarquable DEA de Gérard Quesnel, "Denis Kessler. De la recherche au CNRS à la direction du Medef (1976-1998 ) Essai d’explication sociologique d’une trajectoire".
4. En1985, François Hollande et ses amis publient "La Gauche bouge", qui appelle à la fondation d'un parti démocrate sur les bases d'un « consensus stratégique entre [le PS] et les courants démocratiques du pays, au-delà du clivage droite-gauche. » Puis, les mêmes vantent la « modernisation de nos marchés financiers » et jugent incontestable la nécessité « de transférer une part des charges de l’entreprise sur les ménages, afin de favoriser l’investissement », et de davantage « de flexibilité ». Emmanuel Macron est bien le fils idéologique de Dominique Strauss-Kahn et de François Hollande.
5. Thomas Piketty, Une brève histoire de l'inégalité, éditions du Seuil, 2022.
6. Écoutons l'écrivain Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 pour son roman Leurs enfants après eux. Invité de l'émission de France 5 C'est politique, il répond à une question sur son opposition entre « gauche hypokhâgne » et « gauche bac pro » : « Faire de la politique, ce n’est pas seulement trouver des solutions, gérer. C’est aussi représenter dans l’arène les différentes manières d’être qui existent dans le pays. Et il y a une manière d’être populaire. La gauche doit renouer avec une de ses missions historiques qui est de représenter les intérêts de ces classes populaires. Jusqu’aux années 1980, le Parti communiste les structurait culturellement et intellectuellement. Il n’a jamais vraiment eu de chance d’accéder au pouvoir, mais ses 30 % et la puissance de la CGT donnaient un cadre. »
7. C'est au nom de la partie la plus sombre de l'Islam que Jean-Luc Mélenchon et ses amis enferment les Musulmans dans leur religion. Dans son dialogue avec le Recteur de la Grande Mosquée de Paris, l'avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka, remarque : « j’ai découvert deux visions de l’islam qui coexistent depuis l’origine de cette religion, et qui se sont opposées parfois très violemment. La première, que l’on appelle "l’islam des lumières", est celui de la raison, de la liberté, du savoir ; c’est l’islam qui, pendant des siècles, a dominé et préservé les lumières quand l’Occident était, lui, dans l’obscurité : c’est l’islam de Rhazès, l’un des pères de la médecine, de Geber, le père de la chimie, du philosophe Al-Farabi. C’est évidemment celui d’Avicenne, d’Averroès, d’Ibn Arabi et de tant d’autres. Mais il y a un autre islam, celui de la soumission, de la violence, de la terreur, d’un carcan de règles figées au VIIᵉ siècle et qui ne correspond en rien à l’évolution du monde. »
8. Quelques citations consultables sur Youtube : celle de Wissam Xelca, ancien du Parti des Indigènes expliquant comment la ligne de la FI change sur ces questions en 2017 ; ou encore celle de Houria Bouteldja, membre du Parti des Indigènes de la République, en 2021. Selon elle, le candidat Jean-Luc Mélenchon a été conquis, de haute lutte, par son mouvement : « Dans ce magma, il y a un butin de guerre qui s'appelle Mélenchon. Il a fait un choix, on revient de loin ». Houria Bouteldja rappelle que Jean-Luc Mélenchon « était une espèce de laïcard de dingue ». Aujourd'hui, « il dit des choses qu'il n'aurait jamais dites, il y a quinze ans ».
Dans son dernier ouvrage Beaufs et Barbares (La Fabrique), Houria Bouteldja propose une alliance inédite. Les "beaufs", les "petits blancs", prolétaires méprisés pour la bourgeoisie française, doivent s'unir avec les "barbares", que sont les "indigènes", c’est-à-dire les Français issus de l’immigration postcoloniale, en bas de l’échelle sociale et victimes du racisme. Les uns vivent dans la "France périphérique", les autres dans "les quartiers". Si l'on comprend bien Houria Bouteldja, il est possible que les partisans des Frères musulmans s'allient à ceux d'Alain Soral. Posons la question : qu'est-ce qui qui peut servir de ciment à une telle union, sinon la haine des Juifs ?
9. Jean Lojkine, La crise des deux socialismes, Le temps des Cerises, 2008.
10. Le vote des militants du PCF en janvier 2023 a été particulièrement clair. En vue de leur congrès, les communistes soutiennent, à 82% des votants, la ligne Roussel.
11. Voir le débat qui suivit la projection du documentaire sur Georges Marchais réalisé par Gérard Miller pour La Chaîne Parlementaire, le 13 décembre 2022. https://lcp.fr/programmes/debatdoc/georges-marchais-un-heritage-encombrant-152207
12. Le Défi démocratique, éditions Grasset, Paris 1974.
13. La Nouvelle Critique est une revue créée en 1948 par le Parti communiste français. L'agrégé de philosophie Jean Kanapa en a été le rédacteur en chef jusqu'en 1959. Dirigée à partir de 1967 par le journaliste Francis Cohen, elle cesse de paraître en février 1980. Elle est créée pour propager dans les milieux intellectuels ce que le Parti communiste français présente comme les analyses marxistes élaborées en tous domaines, ce qu'affiche son sous-titre « revue du marxisme militant ». À partir du début des années 1960 elle devient un des lieux des débats qui s'ouvrent parmi les intellectuels communistes et les « compagnons de route ». Cette ouverture - qui va croissant dans les années 1970 - et des problèmes financiers conduisent à la disparition de la revue en 1980 (Wikipédia).
14. Jean Lojkine, La révolution informationnelle et les nouveaux mouvements sociaux, Lormont, Le bord de l'eau, 2021.
A suivre (6 avril) : "Le K du Kerala"
Entièrement gratuit et sans publicité ni aides publiques, édité par une association, le site des humanités entend pourtant fureter, révéler, défricher, offrir à ses lectrices et lecteurs une information buissonnière, hors des sentiers battus.
Il y a encore du pain sur la planche, il ne reste plus qu’à faire lever la pâte. Concrètement : pouvoir étoffer la rédaction, rémunérer des auteurs, et investir dans quelques outils de développement…
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correction : quand le parti oscille entre 3 % (ratiboisé par Mélenchon il faut dire, et son vote utile) et ou 7% maximum
Pas plus que les Soviétiques avec Kroutchtchev, les communistes français n'ont analysé en profondeur et fait un varitable travail théorique pour expliquer le stalinisme, c'est à dire pas seulement ses méfaits que nous déapprouvions mais ses causes, structurelles, pour en diffuser l'explication auprès des masses dommunistes et rendre crédible, plus tard, ce qu'on a brandi comme la conjuguaison du communisme et de la démocratie. De sorte que la vraie déstalinisation n'a pas eu lieu dans les esprits. Certes affirmer un socialisme démocratique, respectueux des libertés et des droits de l'homme était un langage inédit , en rupture avec le soviétisme stalinien, à l'époque de l'eurocommunisme., mais le message n'a pas vraiment pris comme un message de rupture, car la liber…
Merci pour votre témoignage humaniste et cette analyse sans concession du populisme dictatorial de LFI et Melenchon.