Pour la philosophe Marie-José Mondzain, « dans l’exercice de l’hospitalité, et lui seul, nous construisons notre appartenance à l’histoire d’un même monde. » Et la question de l’hospitalité est « un enjeu politique car il en va de la résistance radicale à la déshumanisation du monde ». Une leçon d’hospitalité qui voyage dans l’étymologie grecque et latine et puise aussi dans le récit de l’Odyssée pour se tenir à hauteur de présent, dans la puissance d’agir qu’ouvre l’accueil de l’étrange étranger.
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Ce texte est issu d’une intervention de Marie-José Mondzain au cours de la soirée de solidarité « Terre d’humanité – un chœur pour Mimmo » - Théâtre de l’Échangeur de Bagnolet - 26 février 2022, en partenariat avec les humanités (photo en tête d'article). Vidéo ICI.
Cette intervention est un fragment d'un livre à venir qui sera publié chez l'éditeur Les Liens qui libèrent. Les intertitres sont de la rédaction des humanités.
La portée politique de l’art ? Y a-t-il une portée politique des poèmes ?
Cette efficacité politique ne fait aucun doute pour moi car je pense que ce qui fait la beauté d’un geste d’art est la liberté qu’il offre à celles et à ceux à qui ce geste est adressé. C’est pourquoi je dirai plutôt que tout geste qui offre la liberté et l’égalité en partage est de ce fait un geste d’art. Offrir de la liberté c’est ouvrir le champ du possible et rendre à chacun, à égalité, sa propre puissance d’agir.
Or il n’y a pas d’autre définition de la vie politique que celle qui fonde ce partage. La puissance politique de toute inscription de la liberté et de l’égalité dans le monde sensible engage alors la définition de l’humanité elle-même. Puisque la question qui nous rassemble est celle qui interroge les gestes d’art et les gestes politiques, je considère que ce qui les rassemble en un même geste ce sont les conditions et les formes de l’hospitalité.
La question de l’hospitalité qui est en jeu n’opère pas sous le signe d’une vertu morale ou d’une bienveillance provisoire mais sous celui d’un enjeu politique car il en va de la résistance radicale à la déshumanisation du monde. L’accueil opère, pourrait-on dire autrement, sous le signe de la mondialité du tissu relationnel, de l’universalité des figures de la rencontre et de la fécondité créatrice que suscite l’arrivée de tout autre. En un mot accueillir est un art.
Je tourne mon regard vers la mer, vers la Méditerranée, cette vaste étendue de vagues et de tempêtes qui a porté les navires des conquêtes et plus que jamais des naufrages. C’est sur elle que se sont joués les partages millénaires entre les détenteurs de la culture mais aussi les détenteurs du pouvoir, les prédateurs des richesses et toutes celles et tous ceux qu’ils ont pu asservir. Méditerranée veut dire au milieu des terres, médiatrice entre les terres, elle dont les eaux recouvrent la continuité sous-marine et l’unité souterraine des territoires qu’elle sépare et relie invisiblement. C’est sur ses rives que furent énoncées et célébrées entre les terres et les îles de la Grèce et de l’Italie les règles universelles et irrécusables de l’hospitalité.
Le lexique de la rencontre et de l’accueil
Voilà pourquoi, en ce jour qui rend hommage à la liberté et au courage créateur du geste de l’hospitalité, j’ai choisi dans un premier temps de rendre présents à notre mémoire quelques mots grecs et latins qui sont aujourd’hui tellement présents dans notre langue qu’ils constituent encore aujourd’hui le lexique de la rencontre et de l’accueil. Ces mots doivent continuer d’accompagner politiquement les gestes du partage.
Qu’est-ce qu’un arrivant et que nous arrive-t-il quand le tout autre arrive ?
Il s’agit de la rencontre du premier venu, du voyageur inconnu avec tout autre sur les terres et les îles de ses différents naufrages.
En premier lieu le mot Tukhôn, en grec c’est le premier venu –on le traduit ainsi-, exactement, le sujet de la rencontre. Le rencontré, le rencontrant, c’est le non semblable, cet inconnu conduit vers moi par le hasard, Tukhè le sort, le hasard, ce qui nous tombe en partage sans que nous l’ayons prévu ni voulu. Tunkhanein, rencontrer, Tukhè le hasard et la bonne fortune, ce qui arrive et que l’on n’attend pas ou que l’on n’attend plus. Peut-être voulu par les dieux. Ce premier venu qui vient de loin, qui passe, voyageur, passager que l’on salue que l’on accueille et que l’on ne retient pas s’il veut ou s’il doit repartir. …Ho Tukhôn ce nouveau venu tel le nouveau-né, cet inconnu à qui l’on doit le toit, le vêtement et la table, à qui l’on doit le repos, mais aussi la parole. On entend son cri, on écoute son récit, attentifs à son chant… Hô Tukhôn, c’est le sujet à l’état naissant, c’est l’arrivée de l’inconnu dans le monde, qui vient au monde comme on dit, ou qui aborde un monde. Ce sujet de la rencontre, ce tout autre, cet étranger qui accoste sur nos rives, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne et quel que soit son état, avec lequel les choses ne vont pas de soi, peuvent même être difficiles, voire hostiles, c’est lui le sujet de l’hospitalité. Alors écoutons un instant le latin : l’hôte, qui en latin comme en français, signifie ensemble l’accueillant et l’accueilli se dit hostis ou hospes : hostis qui dit l’hôte et l’hostilité, hospes qui dit l’hospitalité. Hostis est inséparable de l’hospes. Mais si hospitalité et hostilité consonent ensemble, ce n’est pas pour inscrire la guerre entre l’hôte et son hôte mais pour exprimer tout autre chose, à savoir que l’hospitalité n’a rien à craindre de l’écart, de la différence et du différend. Bien au contraire, l’étrangeté de l’étranger, le dissemblable et le conflictuel font intimement partie des conditions et de la construction de l’accueil. Le choc de l’inconnu excède toujours mon attente, déplace mes certitudes, bouleverse mes habitudes. L’Unheimlich, l’inquiétante étrangeté du nouveau venu mobilise le désir entre la crainte et l’amour.
Fruit du désir et source de désordres
Comment comprendre la violence de l’hospitalité si ce n’est en constatant la puissance éruptive, disruptive de ce qui surgit et échappe à toute identification. Le nouveau venu, tout comme le nouveau-né, sont l’un et l’autre ces inconnus qui surgissent comme pur événement, à la fois fruit du désir et source de désordre. Ils mettent en mouvement, ébranlent les conforts et redistribuent les places, brisent l’ordre des répétitions. Dans le Vocabulaire des Institutions indo-européennes, Benveniste analyse l’équivalent grec de hostis et hospes latins à savoir Xenos qui désigne lui aussi deux choses à la fois l’étranger hostile et l’ami mais pas n’importe quel ami car xenos est l’ami en tant que le sujet de l’hospitalité, c’est notre hôte et notre ami, philos. La solution de l’hostilité de fait au cœur de la langue car l’hospitalité en grec se dit philoxenia. Le mot philos l’ami, l’aimé, le sujet de l’amitié est venu se glisser entre celui qui reçoit et celui qui est reçu pour dire ce régime d’affect construit dans l’égalité et la réciprocité qui, selon Benveniste, est le propre de l’hospitalité. Phobos c’est la peur et même la terreur qui fait du xénophobe le sujet de l’effroi panique éprouvé par l’ennemi de l’hospitalité. L’hospitalité est en fait un geste accompli sans peur mais sans intrépidité car c’est le geste du courage.
Comme dit le lépreux Raimondakis dans le film de Jean Daniel Pollet : « Et si nous vous aimions le supporterez-vous ? », l’hospitalité est une démarche d’adoption, définitive ou provisoire, qui fait de tout nouvel arrivant non seulement un membre de la communauté qui l’accueille à égalité et en réciprocité avec tout autre, mais plus encore qui en fait la condition de l’appartenance de ceux qui accueillent à l’humanité elle-même. Ce que le grec fait entendre c’est en effet que l’inhospitalité exclut le xénophobe de l’humanité elle-même puisqu’il rejette la philia, cette amitié égalitaire qui relie tous les humains dans un espace et une temporalité politiques.
Le xénophobe, l’inhospitalier pense que celui qui arrive ne cherche qu’à recevoir, à prendre sans rien avoir à donner. Assourdi par la peur, il ne veut rien entendre ni recevoir de ce nouveau-venu qui pourtant peut lui rendre à son tour une surabondance de dons. C’est ce que Marcel Mauss a découvert et décrit sous le nom du potlatch c’est-à-dire cette économie du don et du contre-don selon lequel celui qui donne en retour donne toujours plus que ce qu’il a reçu. Ceux qui arrivent, ces étrangers, ces exilés, ces migrants à qui nous devons donner tout ce qui leur manque sont riches de tout ce dont nous manquons. A la question que je pose sous la forme suivante : Que nous arrive-t-il quand l’autre arrive ? je donne une seule réponse : il nous fait découvrir ce dont nous manquions, il nous fait découvrir qu’il nous manquait. Aussi faut-il l’accueillir comme pur événement, comme on accueille une naissance, comme on reçoit un présent qui accroît notre propre puissance d’agir.
Ulysse et le retour à Ithaque
Les œuvres d’art nous accueillent et les gestes de l’accueil sont à leur tour des gestes d’art. Dès lors, face à la situation imaginaire voire fantasmatique de toutes celles et de tous ceux qui, animés par l’effroi et la haine du nouveau venu, s’époumonent en hurlant « on est chez nous », je voudrais à présent évoquer la puissance politique d’un des plus grands poèmes créé sur les rives de la Méditerranée et qui fait entendre poétiquement les figures politiques de l’accueil.
Ce poème c’est l’Odyssée qui n’est fait que des étapes hospitalières ou inhospitalières qui ont scandé le long retour d’Ulysse à Ithaque. On y apprend qu’il ne s’agit pas seulement de sauver le voyageur du naufrage mais de l’accueillir pleinement, de l’adopter pleinement, d’où qu’il vienne et quel que soit son état. Mais plus encore, on y apprend aussi que nul n’est jamais chez lui, y compris dans ce qu’il appelle sa patrie voire son royaume, s’il n’a pas construit avec tout autre les conditions d’une mutuelle adoption.
Je rappelle que ce poème est composé de vingt-quatre chants, qui racontent dix années d’errance et de naufrages. Quand Ulysse aborde enfin Ithaque il ne faut pas moins de douze chants depuis son arrivée pour construire sa reconnaissance et de son adoption au cœur de sa propre patrie qui est aussi son royaume. Nul n’est nulle part chez soi et l’arrivée de tout autre exige l’hospitalité inconditionnelle et s’il le faut les armes du combat.
Ulysse rentre chez lui après vingt ans d’absence. Pendant dix ans, il n’a cessé d’arriver ailleurs que chez lui, d’arriver chez les autres dont il est l’hôte et que l’on reçoit. Je propose de revenir sur deux récits, deux fragments du poème fondateur du devoir d’hospitalité. L’un, au Chant VI, concerne son arrivée à Corcyre donc chez les autres et l’autre son arrivée à Ithaque. A Corcyre, la fille du roi Nausicaa le voit surgir derrière les buissons en naufragé trempé hirsute et sale. Ulysse méconnaissable, Athéna ne cesse de veiller sur cette défiguration du nouveau venu. La princesse des lieux, Nausicaa, qui le découvre sans le moindre effroi, demande à ses servantes de le laver et de l’habiller, de le parfumer et dit ceci à Ulysse :
« Ce n’est pas sans l’accord de quelqu’un des dieux de l’Olympe
Que chez les Phéaciens pareil homme est arrivé
Maintenant on dirait un des maîtres du vaste ciel
Ah si un tel héros pouvait être mon époux
Et habiter ici s’il lui plaisait d’y demeurer… » (1)
Nous savons qu’il ne restera pas à Corcyre car son voyage n’est pas fini. Ce voyage a-t-il d’ailleurs une fin ? Je me souviens de cette remarque de Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques rappelant qu’à leur arrivée sur les rives de Porto Rico, les espagnols « proclamaient que les indiens étaient des bêtes, quand les indiens se contentaient de soupçonner les espagnols d’être des dieux. » Et Lévi-Strauss de conclure qu’« à ignorance égale le dernier procédé était certes plus digne d’hommes. » (2)
La première leçon de l’Odyssée est la suivante : le naufragé doit être accueilli comme un envoyé probable des dieux et comme le sujet possible de l’amour.
Mais vient au Chant XIII le jour où il arrive enfin « chez lui ». Il ne reconnaît pas sa terre et sa terre ne le reconnaît pas. Ulysse arrive en complet étranger, corps inconnu, corps du soupçon en quelque sorte. Homère prend soin de nous dire de quelle façon se construit la reconnaissance de celui qui arrive chez lui en étranger, en méconnaissable. Celui que l’on croit mort.
Lui, le roi d’Ithaque, arrive chez lui, hirsute moche, sale, dépenaillé, Ulysse qui lui aussi ne reconnaît pas tout de suite son île et son royaume dit ceci :
« Hélas en quelle terre ai-je encore échoué ?
Vais-je trouver des brutes, des sauvages sans justice ou des hommes hospitaliers craignant les dieux
…Effroyable il parut défiguré par la saumure. »
Celui qu’on ne devait plus revoir, le sujet du veuvage et du deuil, l’absent par excellence. Le méconnaissable. En effet Athéna, qui veille sur lui avec le plus grand soin fait en sorte qu’il soit totalement méconnaissable. Ulysse n’arrive pas à Ithaque en roi et en maître, mais en inconnu sans ressource et en sujet du combat. En lui se noue le site critique de l’accueil c’est-à-dire de l’hospitalité et le site de l’hostilité c’est-à-dire d’un conflit à réguler. Il arrive en vieillard, sale et mendiant. Pas de déclaration du type « c’est moi » ni de « chez moi ». Pas de revendication ni de révélation d’identité. Pas de preuves à donner, pas d’empreintes, pas de mesure ni d’exploration invasive ni d’évaluation pour légitimer les gestes de l’accueil. Il faut faire travailler les signes de l’hospitalité : recevoir, laver, vêtir, nourrir, procurer l’abri et le repos.
Les chemins de l’hospitalité sont lents et demandent de la patience
Personne n’est chez soi, personne n’a le droit de dire qu’il est chez lui, fût-il le roi, s’il n’a pas construit sa place depuis le statut d’étrange étranger pour reprendre la formule de Prévert, sans avoir pu échanger les signes de la reconnaissance et de l’adoption et sans avoir combattu. L’hostilité et l’hospitalité sont le fondement de la philia, de cette amitié créatrice inséparable de l’art de l’accueil. Ulysse qui doit être adopté par les siens n’a cessé de retarder le moment de la reconnaissance, de l’identification – même avec Pénélope. C’est même avec elle qu’il prend presque le plus de temps. Ulysse refuse deux identifications fondées l’une sur la reconnaissance animale et sur la reconnaissance maternelle. Être chez soi n’a rien à voir avec la nature. Il repousse son chien et fait taire sa nourrice. Pas de mémoire du corps, pas de cri de la nature. Tais-toi, ne dis rien ! dit-il à Ericlée sa nourrice. La reconnaissance se fera de deux façons : à l’issue d’un combat contre les prétendants et avec
Pénélope dans le partage d’un secret. Le combat indique ainsi que toute reconnaissance, toute construction d’identité est une épreuve intersubjective et un triomphe de la philia c’est-à-dire de l’amour. Tout parle de construction et d’architecture affective ; rien ne s’impose. Être étranger chez soi c’est-à-dire être xenos dans son propre pays est le fondement de cette hospitalité qui a besoin de la philia de l’affect pour que tout sujet quel qu’il soit et d’où qu’il vienne partage un monde avec tous les autres et y construise sa place transitoire de voyageur, de passager.
Les chemins de l’hospitalité sont lents et demandent de la patience : l’accueil du Tukhôn, du nouveau venu décrit le long chemin de l’hôte vers l’hôte, de l’identifié vers l’identifiant. L’hospitalité commande d’accueillir le mendiant le naufragé l’inconnu comme un roi et comme un envoyé des dieux. Tout est construit y compris le lit conjugal dont le secret de construction servira de preuve à Pénélope.
Devenir ce que l’on est, dans ce poème devenir Ulysse, est une construction lente qui met à l’épreuve le courage de la rencontre et la métamorphose des regards. Dans le poème homérique Ulysse retarde, dilate la temporalité parce que c’est en vérité quelque chose d’infini qui doit se mettre en place. C’est qu’on n’en finit jamais d’accueillir le tout autre, et le nouveau venu n’en finira jamais d’arriver. L’inconnu, le méconnaissable entre dans la temporalité infinie de la rencontre. Le voyage d’Ulysse est fini, mais en vérité son retour n’a pas de fin. Le tissage quotidien de Pénélope avait eu pour but d’annuler chaque jour le temps lui-même faisant en sorte de créer une fiction : celle d’un temps arrêté, d’une vie sans histoire tant qu’Ulysse n’est pas revenu, tant que l’étranger n’a pas construit sa place. Pénélope produit ainsi la dramaturgie de la répétition aussi longtemps qu’il n’y a pas d’événement. Tout se fige avec l’absence et reste figé jusqu’au retour. Mais l’événement qui rompt cette immobilité demande du temps pour s’établir. C’est dans la rencontre du nouveau venu que le temps se remet en marche et c’est alors qu’il faut exercer l’art de retenir le nouvel arrivant et de lui rendre sa souveraineté. L’hospitalité est la condition de l’entrée d’une communauté dans l’histoire.
Dans l’exercice de l’hospitalité, et lui seul, nous construisons notre appartenance à l’histoire d’un même monde. C’est un long poème qui nous le transmet. C’est un geste d’art qui nous fait savoir que l’hospitalité est un art et qu’il appartient à l’art de rendre sensible le devoir d’hospitalité comme condition de la vie politique.
Homère, le poète nous dit ceci : nul d’entre nous n’est chez lui tant qu’il n’a pas accueilli le premier venu, qu’il n’a pas reconnu en lui la dignité royale de tout hôte à qui l’on doit l’abri, la table et le repos et à qui nous devons l’accroissement de nos ressources. Nul d’entre nous n’accède à sa propre liberté créatrice et à sa dignité politique s’il est incapable de vivre l’arrivée de tout autre comme on accueille la joie procurée par une naissance ou par le surgissement d’un geste créateur.
Kantor au sujet des gestes de l’acteur écrit ceci : « Si, abdiquant toute volonté, il - l’acteur - nous fait assister à la naissance, dans le vide qu’il a creusé en lui, de celui ou celle que nous voyons pour la première fois et nous croyons voir le premier homme ou la première femme émergeant de l’obscurité insondable de leur passé. Moment toujours émouvant, accomplissant le miracle d’une inépuisable provenance. » (3)
Marie-José Mondzain
(1) Chant VI, v.240 sq
(2) Tristes tropiques, éditions Plon, 1955,p.81
(3) C’est moi qui souligne cette formule dans la citation que m’a adressée le très grand acteur Claude Merlin.
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