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Maria Tymoshuk, travailleuse forcée à 3 ans



D'Ukraine, une bande dessinée "mémorielle" qui revient sur l'histoire des travailleur·euses forcé·es raflé·es par l'Allemagne nazie : plus de 2 millions de personnes dont un tiers de mineurs. Une histoire qui résonne douloureusement avec les actuelles déportations d'enfants ukrainiens en Russie.


Maria Tymoshuk a aujourd'hui 82 ans. Il y a près de 80 ans, elle et sa famille ont fait partie des deux millions de personnes "OST" qui ont été emmenées de l’Ukraine occupée comme travailleur·euses forcé·es dans l’Allemagne nazie.


Ces OST étaient des civil·es que les autorités nazies raflèrent au sein des districts nouvellement établis du Reichskommissariat Ukraine (RKU), une entité administrative qui gérait la majeure partie de l'Ukraine occupée par la Wermacht à la suite d'un transfert territorial depuis une administration militaire allemande en vue d'incorporer à terme ces territoires au sein d'un Grand Reich germanique.


Les Ostarbeiter (travailleurs de l’Est), tel était le terme officiel employé par le régime nazi pour désigner les populations d’Europe centrale et orientale contraints d’exécuter des travaux forcés en Allemagne durant une période s’étalant de 1942 à 1945. Ils et elles furent astreint·es au travail obligatoire sur tout le territoire du Reich et placés dans des usines, des exploitations agricoles ou encore comme gens de maison chez des particuliers afin de remplacer les travailleurs allemands envoyés sur le front.

La mention « OST » était cousue sur leurs vêtements. Les Ostarbeiter des deux sexes durent subir les humiliations, la faim, les longues journées de travail, les violences sexuelles, l’éloignement des êtres chers et la privation de liberté. Comme les prisonnier·es des camps de concentration, ils et elles souffrirent d’hébergements déplorables, du manque d’hygiène et de soins, de l’absence de vêtements adaptés et du climat général de délation entretenu par les indicateurs. Ils connurent également les appels interminables, les punitions sévères, la promiscuité… Il leur fut interdit de se rendre dans les abris lors des bombardements alliés.


Cette histoire, longtemps occultée, l'Ukraine contemporaine la redécouvre. Nécessaire récupération du passé dont parlait Victoria Amelina dans un texte publié en 2022 (Lire ICI). Pour y contribuer, la rédaction de Commons, journal de critique sociale, et l’ONG After Silence (lire ci-dessous) ont adapté en bande dessinée les mémoires de Maria Tymoshuk (traduite en français et téléchargeable ci-dessous)



Une "Ostarbeiter" de 3 ans : l'histoire de Maria Tymoshuk (PDF en français ci-dessous)


COMMONS

Le journal de critique sociale Commons est un média ukrainien de gauche sur l'économie, la politique, l'histoire et la culture, fondé en 2009. Il publie ses articles en ukrainien, en anglais et en russe.

Ce qui le distingue des autres médias ukrainiens, c'est l'attention portée aux causes structurelles des problèmes sociaux et l'optique matérialiste.

Le comité de rédaction partage des vues égalitaires et anticapitalistes. C'est pourquoi, dans ses publications, il discute de la manière de changer la société afin qu'il n'y ait plus de place pour l'exploitation, l'inégalité et la discrimination.

Dans son article paru en mai 2023 sur Europe solidaire sans frontière (ESSF) Patrick Le Tréhondat, membre des Brigades éditoriales de solidarité (BES), écrit : « L’un des paradoxes de la guerre en Ukraine est que certains d’entre nous ont découvert l’existence d’une gauche active et d’une pensée critique et créative en Ukraine que nous avons ignorées pendant de trop nombreuses années. » (https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article66553)


AFTER SILENCE

« After Silence » est une ONG créée en 2021. Elle travaille dans les domaines de la culture mémorielle, de l'histoire publique et de l'anthropologie sociale pour le développement d'une compréhension critique du passé et du présent de l'Ukraine.

Elle porte toute son attention aux expériences individuelles et aux traumatismes collectifs, à la mémoire et postmémoire.

Sa pratique : recherche de terrain, histoire orale, numérisation d'archives privées, documentaires, présentation médiatique.

« After Silence » atteste que les albums photos de famille conservent davantage que les images de proches. Et parfois, une photographie est la seule preuve de la vie de quelqu'un.

« After Silence » a réalisé que de nombreuses expériences traumatisantes restent ignorées, et ceux et celles qui ont réussi à y survivre doivent encore les exprimer. L'histoire de l'Ukraine est l'histoire des familles et de chaque individu·e, même si ces histoires sont encore oubliées ou méconnues aujourd'hui.

Le développement ultérieur de la culture mémorielle n'est pas possible sans la volonté de prendre la parole et d'écouter les autres, de parler du désagréable et de l'interdit.


Sylvain Silberstein

(membre des Brigades Éditoriales de Solidarité et des éditions Syllepse)


Les humanités, ce n'est pas pareil. Entièrement gratuit et sans publicité, édité par une association, le site des humanités entend pourtant fureter, révéler, défricher, offrir à ses lectrices et lecteurs une information buissonnière, hors des sentiers battus.

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