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Photo du rédacteurJean-Marc Adolphe

Le Kremlin tente d’éliminer un opposant réfugié en France




EXCLUSIF. Militant des droits de l’homme, fondateur du site web Gulagu.net, réfugié en France, Vladimir Ossetchkine vient d’être victime d’une tentative d’assassinat à Biarritz. Sur ordre du Kremlin. Le tout sur la côte Basque, véritable nœud de serpents de la mafia russe, et où le gouvernement français refuse de toucher aux somptueuses villas de Poutine.


Dans une interview diffusée hier en direct avec la journaliste russe Julia Latynina (auteure de la Trilogie du Caucase parue aux éditions Actes Sud), qui fut elle-même victime d’une tentative d’assassinat en juillet 2017, l’opposant Vladimir Ossetchkine révèle que les services russes ont tout récemment cherché à l’éliminer en France, à Biarritz, où il est réfugié.


Militant des droits de l'homme, Vladimir Ossetchkine, est fondateur du site web Gulagu.net, dont l'activité principale est de lutter contre la torture, la corruption dans le système pénitentiaire russe et de protéger les droits des détenus dans les prisons russes.

Après avoir passé 4 ans de prison en Russie, entre 2010 et 2014, Vladimir Ossetchkine est réfugié en France, où il préside l’association New dissidents foundation créée en 2021 par des réfugiés politiques russes réunis dans le sud-ouest de la France.


Le 1er novembre dernier, le site Gulagu.net et sa chaine YouTube ont publié la première partie d'un documentaire reprenant des vidéos de torture et de viols enregistrées dans une prison de la région de Saratov, transmises par l'ex-détenu et lanceur d'alerte Sergueï Saveliev. Bien que la publication de ces vidéos ait provoqué une forte réaction des médias en Russie, la Douma a refusé la création d'une commission d'enquête. En revanche, le ministère russe de l'Intérieur a de nouveau mis Ossetchkine sur la liste des personnes recherchées. Quelques mois plus tard, en février 2022, une première tentative d’assassinat avait échoué. Le FSB avait tenté de recruter, parmi l’émigration tchétchène en France, un tueur à gages. Le « contrat » proposé était de 100.000 €. L’information, qui avait heureusement « fuité » dans la diaspora tchétchène, avait pu être transmise à temps à la police française.


Vladimir Ossetchkine sait qu’il est dans le viseur du Kremlin, et est donc constamment sur ses gardes. Début septembre, il a été prévenu par le journaliste Christo Grozev, fondateur du site Bellingcat (qui est lui aussi une bête noire du Kremlin tant il parvient à glaner des informations sensibles au cœur même du régime de Poutine), qu’une personne ayant des liens étroits avec le FSB et le crime organisé venait de quitter la Russie pour Biarritz, avec mission de le liquider. Les services de sécurité qui protègent Vladimir Ossetchkine lui ont conseillé de quitter la ville quelques jours. A son retour d’un week-end à la montagne, Vladimir Ossetchkine raconte : « Ma famille était au théâtre, et je travaillais dans le noir ; personne ne pensait que j'étais seul à la maison. Je travaillais dans le noir avec des documents et l'écran de mon Macbook était tamisé ; c'est comme ça que j'aime travailler. Lorsque mes enfants et ma femme sont rentrés, nous avons préparé le dîner, et je me souviens : en portant les assiettes de mes enfants à la table, j’ai aperçu un point rouge qui se déplaçait vers moi à travers la balustrade de la terrasse. Nous avons immédiatement éteint les lumières, les enfants se sont couchés par terre, puis ma femme et mes enfants ont passé environ une heure dans l'une des pièces sécurisées. Nous avons immédiatement baissé les stores, et les autorités compétentes sont venues. Une enquête a été lancée. Les voisins ont déjà témoigné qu'ils avaient entendu des coups de feu. Je n'ai pas été touché, mais il y a eu des coups de feu - la lunette se dirigeait vers moi. Ce qui m'a "sauvé", de toute évidence, ce sont les erreurs du tueur. »

Vladimir Ossetchkine, ne précise pas, dans son interview à Julia Latynina, si le tueur à gages a été arrêté, et la police française se refuse pour l’heure à tout commentaire.


Le drapeau ukrainien flotte sur le château de Poutine à Biarritz.


La côte basque est un nid de serpents de la pègre russe (mafia et services de renseignement s’entr’aident), et « Biarritz est une lessiveuse de l’argent russe sale », comme l’indique l’activiste Pierre Haffner sur son blog Mediapart.

Comme l’avait révélé dès le 28 février une enquête des humanités sur « les propriétés cachées de Poutine en France », le proche entourage de Poutine est propriétaire somptueuse villa à Anglet, et Vladimir Poutine lui-même serait le propriétaire d’une belle demeure à Biarritz (où a jadis séjourné Stravinski).


A lire sur les humanités :


Ces biens ont-ils été saisis, la justice française a-t-elle entamé la moindre enquête ? Que nenni. Sans doute parce qu’il ne faudrait pas voir à « humilier Poutine » ? En revanche, les trois activistes qui s’étaient invités dans l’une de ces demeures pour y déployer le drapeau ukrainien ont eu droit à une garde à vue et à un "rappel à la loi" (Libération du 15 mars 2022).


Jean-Marc Adolphe

Photo en tête d'article : Vladimir Ossetchkine à Biarritz. Photo DR



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