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Dominique Vernis

La Lindosa, "chapelle Sixtine" de l’Amazonie



En Colombie, la forêt amazonienne a commencé à livrer un secret bien gardé : des peintures rupestres datant d’il y a plus de 15.000 ans


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"La Lindosa". Intraduisible en français. La «"très jolie" ? La "mignonne" ?

Rarement partie du monde aura trouvé un nom aussi adéquat.


"La Lindosa", c’est le nom d’une région semi-montagneuse en Colombie, en bordure de la forêt amazonienne.

C’est là qu’en 1948, un explorateur français, Alain Gheerbrant, fut le premier, ou l’un des premiers (en dehors des communautés indigènes qui y vivaient) à découvrir une falaise « d’un blanc éclatant » sur laquelle « des animaux, des hommes et des singes rouges se chevauchaient en un palimpseste de danses immobiles ».


Problemo : après 1948, la région, celle de Guaviare, est devenue l’un des fiefs des FARC, les Forces armées révolutionnaires de Colombie, d’origine marxiste, en lutte contre le pouvoir féodal de la Colombie. Un peu risqué pour des archéologues.

Il a fallu attendre fin 2016 et la signature de l’Accord de paix entre l’État colombien et la guérilla des FARC (que les humanités ont abondamment documenté) pour que le site redevienne accessible.


En 2018, l'institut colombien d'anthropologie et d'histoire a classé 893 hectares de la serranía de la Lindosa comme zone archéologique protégée. Et en 2020, ont paru les premières images : plus de 75.000 peintures rupestres sur douze kilomètres de parois du massif rocheux. Des humains et des animaux, toutes sortes d’espèces disparues : mastodontes, paléo-lamas, paresseux géants, etc. Et d’autres espèces toujours présentes en Amazonie : poissons, lézards, porcs-épics, etc. Des peintures, faites avec un minéral (essentiellement du manganèse) qui a garanti leur conservation jusqu’ici.

Les chercheurs ont qualifié cette découverte de « chapelle Sixtine des Anciens ». Sauf que c’était bien avant Michel-Ange : en gros, 15.000 ans avant Christophe Colomb. Pile-poil au moment où la planète se réchauffait et sortait de l'ère glaciaire. À cette époque, « l'Amazonie était encore en train de se transformer en la forêt tropicale que nous connaissons aujourd'hui », explique Mark Robinson, archéologue à l'université d'Exeter. L'élévation des températures a fait passer l'Amazonie d'un paysage de savanes, de broussailles épineuses et de forêts à la forêt tropicale humide et feuillue d'aujourd'hui.

En 2020, les recherches archéologiques ont à nouveau été interrompues, cette fois-ci pour cause de Covid. Elles ont repris voici peu. L’Amazonie n’a pas fini de livrer tous ses secrets. A moins que TotalÉnergies, en quête de la moindre goutte d’hydrocarbure (Lire ICI) ne décide de déposer un permis de forage ? A l'époque de Colomb, les colons ne connaissaient pas encore le pétrole. Ils ne s'intéressaient qu'au caoutchouc. Et pas aux peintures rupestres.


Dominique Vernis

Photos : Parcs naturels nationaux de Colombie


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