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La rédaction

Jesse Owens, biographie-roman d'une légende

Dernière mise à jour : 21 juin

Jesse Owens, lors d’un 200 mètres aux Jeux olympiques de 1936 de Berlin. Photo Associated Press


Après Che Guevara, Martin Luther King et Toussaint Louverture, le romancier et dramaturge Alain Foix consacre aux éditions Gallimard une nouvelle biographie-roman à Jesse Owens, légende de l'athlétisme mondial, quatre fois médaillé d'or aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, et à qui Adolf Hitler refusa de serrer la main. Pour les humanités / journal-lucioles, entretien exclusif accompagné de bonnes feuilles et d'un somptueux album photos.


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"Aucun athlète n’a peut-être mieux symbolisé le combat de l’humanité contre la tyrannie,

la pauvreté et l’intolérance raciale." (Jimmy Carter, Président des États-Unis, 1977-1981)

 

Né J.C (James Cleveland) comme Jésus Christ, dans un foyer croyant, il est devenu J.O (Jesse Owens) comme Jeux olympiques. Il est entré dans l'Histoire pour avoir remporté, comme personne avant lui, quatre médailles d'or en 1936, aux Jeux olympiques de Berlin, qui plus est au nez et à moustache de Hitler, fort courroucé de voir triompher un athlète noir dans l'enceinte du gigantesque Olympiastadion de Berlin, qui devait consacrer la "race aryenne"...


Jesse Owens : une légende. Pourtant, confie Alain Foix qui vient de lui consacrer une biographie-roman (Gallimard Folio), Jesse Owens n'était pas un "super héros", même pas quelqu'un qui faisait manifeste de sa "couleur de peau". Né en Alabama, dans ce sud raciste qu'a évoqué Billie Holliday dans Strange fruit, petit-fils d'esclaves et dernier d'une fratrie de 11 enfants, Jessie Owens a appris a baisser les yeux face aux blancs. C'est pourtant un blanc, Charles Riley, fils d'Irlandais pauvres venus travailler dans les mines de l'Ohio, qui a repéré le jeune garçon et a su deviner dans sa foulée la promesse d'un champion.


Cette légende, Alain Foix la narre avec la verve du romancier, sans trahir cependant l'exactitude la biographie. Et l'on ne saurait en outre se plaindre de quelques "échappées", hors de la stricte "biographie", par exemple lorsqu'Alain Foix, en quelques paragraphes particulièrement bien ciselés, évoque le contexte ces fameux Jeux olympiques de 1936 sous bannière nazie.


Alain Foix n'en est pas à sa première biographie : avant Jesse Owens, Che Guevara, Martin Luther King et Toussaint Louverture. Son écriture est gouleyante, sans jamais être sirupeuse : il y a du rhum blanc, du sucre de canne et du citron vert, comme dans le ti punch dont a le secret la Guadeloupe, terre nourricière de l'auteur, qui y a dirigé la Scène nationale. Dramaturge et metteur en scène, il dirige aujourd'hui le Bazar Café, tiers-lieu culturel à La Charité-sur-Loire, où vient d'avoir lieu, comme chaque année depuis 2005, le Festival du Mot. / J-M. A.


ENTRETIEN

"Mon principe, c'est d’entrer dans le personnage, d’être avec lui, de le faire vivre de l'intérieur"


Les humanités - Roman ou biographie ? Comment définirais-tu le livre que tu viens de consacrer à Jesse Owens ? Parce que tu es romancier, est-ce que c'est une biographie ? Comment tu définirais ce livre ?


Alain Foix - Mes biographies sont un peu particulières, c'est-à-dire que je les écris comme des romans, même si ce sont vraiment des biographies.

 

Les humanités - Comment as-tu rencontré Jesse Owens ?


Alain Foix – D’une certaine manière, je l'ai rencontré petit. Quand j'étais athlète, Jesse Owens était un peu mon idole. Il se trouve que Gallimard, où j’ai déjà publié trois biographies, avait envie que j'écrive sur Jesse Owens, et m'a donc commandé ce livre. Gérard de Cortanze, qui était à l'époque directeur de la collection, est aussi un fan d'athlétisme et il savait que cela ne pouvait que m’intéresser. Entre temps, Gérard de Cortanze est parti, mais Gallimard a gardé l’idée.


Les humanités - Il n'y a aucune biographie à ce jour en français de Jesse Owens ?


Alain Foix – Si, il y en a quelques-unes, mais la mienne est différente. Mon principe, c'est d’entrer dans le personnage, d’être avec lui. Je le fais vivre de l'intérieur, en essayant d'être au plus près de sa vérité, de comprendre sa démarche, et aussi son environnement… Je le mets en situation. Je suis aussi dramaturge, donc cette question de mise en situation ne m’est pas étrangère.


Les humanités - Que dirais-tu, en quelques mots, à des jeunes qui n'auraient encore jamais entendu parler de Jesse Owens ?


Alain Foix – Je dirais que c'est un vrai héros, mais pas un "super héros" du genre Superman. C'est un vrai héros dans le sens où il va au bout de lui-même, il affronte les difficultés, et il arrive à les vaincre. Parfois, il a aussi des problèmes avec la vie. C'est un personnage complexe, comme tous les personnages que j'aborde dans mes romans et biographies. Au fond, j’essaie de voir comment un personnage se construit dans sa propre complexité.(…) Aux Jeux olympiques de Berlin, en 1936, il remporte le 100 mètres, le 200 mètres, le 4 x 100 mètres et le saut en longueur. C'est la première fois qu'un athlète remporte quatre médailles d'or aux Jeux olympiques, de plus un athlète noir. Or, on est dans une situation tout à fait particulière, puisqu'on est en 1936, Hitler a pris le pouvoir trois ans auparavant, c'est donc l'époque du Troisième Reich. Les Jeux olympiques n'ont pas été attribués à Hitler, comme on croit. Les Jeux olympiques avaient été attribués à Berlin avant qu'Hitler ne prenne le pouvoir. Et Hitler, au départ, ne voulait pas ces Jeux olympiques, d'abord parce qu’il n'était pas très fan de sport. Mais Goebbels l’a convaincu que c’était l'occasion de montrer au monde entier la puissance de l'Allemagne…


Aujourd'hui, il y a cette flamme olympique qui est en train de courir depuis Athènes jusqu'à Paris. Il faut savoir que c'est une idée nazie, de l'Allemagne hitlérienne : il fallait allumer la flamme avec un miroir qui reflète le soleil. Il y avait 4.600 relayeurs qui se relayaient pour arriver jusqu'à Berlin. L'idée qui était derrière, en fait, c'était de montrer qu'il y avait une liaison organique entre les Grecs et les Aryens, car pour la théorie nazie, les Aryens étaient les ancêtres des Grecs modernes.


Les humanités -  Pour revenir à Jesse Owens, il gagne ces compétitions que tu viens d'évoquer, et Hitler refuse de lui serrer la main ?


Alain Foix – Hitler refuse de lui serrer la main, comme il refusait de serrer la main à tous les noirs, juifs, tziganes, etc. Au départ, il ne saluait que les vainqueurs « aryens ». Le président du comité olympique a dit « ce n'est pas dans le protocole, soit, vous serrez la main à tout le monde, soit vous le faites derrière les tribunes, mais pas officiellement, vous ne pouvez pas faire de discrimination. Hitler a donc préféré ne saluer personne, mais recevoir certains athlètes dans une loge privée.

 

Les humanités - Tu disais que Jesse Owens est un héros et en même temps, que c'était un homme ordinaire. Ça n'est ni Martin Luther King, ni même les athlètes noirs-américains qui, en 1968 à Mexico, ont levé le poing sur le podium.


Alain Foix – Ce n'était pas quelqu'un de violent, c'était un homme très calme. Et ce n'était pas un intellectuel qui était aussi un intellectuel. Ce n'était ni un Martin Luther King, ni un Che Guevara, ni un Toussaint Louverture, pour citer les trois personnages auxquels j’ai déjà consacré des biographies. Jesse Owens, c'est un homme qui avait des qualités extraordinaires, qu’il a travaillé grâce à des entraîneurs qui ont découvert ses talents, des entraîneurs blancs. Et d'une certaine façon, il n'a jamais conçu d'opposition radicale entre noirs et blancs. (…)

Il y a autre chose chez lui, c'est qu'il essaie toujours de trouver le bon visage de quelqu'un. Et même chez l'ennemi, il va essayer de trouver ce qu'il y a de bon chez lui. Ça, C'est une de ses qualités, ce qui le rapproche d’ailleurs des Cherokees, parce qu’il a du sang cherokee, et les Cherokees avaient cette manière d’intégrer l’apport du colon…

 

Les humanités - C'est très Édouard Glissant, ça !


Alain Foix – Tout à fait. On est dans le métissage.


Les humanités - Comme tu l'as dit, c'est une biographie romancée, mais qui s'appuie sur des documents. J'imagine que tu y as passé beaucoup de temps.


Alain Foix – Oui : un an et demi à deux ans.


Les humanités – Et si dans cette quête, tu avais un élément à retenir, que tu ne savais pas de Jesse Owens, quelque chose qui t’aurait particulièrement marqué ?


Alain Foix – Il y a au moins deux choses qui peuvent paraitre anodines. Lorsqu’ il était petit, il était très maladif. Un jour, il a eu une espèce de bubon sur la poitrine, tout près du cœur. Et sa mère l'a opéré à vif parce qu'autrement, il allait mourir. La deuxième chose qui était intéressante à savoir, c'est que Jesse Owens fumait un paquet de cigarettes par jour et qu'il avait signé un contrat avec Lucky Strike. Sa photo était même imprimée sur les paquets de Lucky Strike !


Propos recueillis à Reims, le 14 mai 2024.



BONNES FEUILLES (EXTRAIT)


(...) Assis au milieu de ses adversaires dans la chambre d’appel sentant la sueur et le camphre, il s’est levé sans hâte de son banc à l’annonce d’une voix rude et nasillarde sortant des haut-parleurs Telefunken : « Jesse Owens, couloir 1, dossard 733 », et s’est dirigé calmement vers la lumière.

 

Les pointes de ses chaussures neuves claquent sur le sol en béton. De magnifiques chaussures de sprint en cuir souple comme il n’en a jamais eu, offertes par les frères allemands Adolf et Rudolf Dassler. Chaussures brunes à deux bandes latérales qui en accueilleront bientôt une troisième lorsque Adolf, séparé de son frère, les appellera Adidas, la marque aux trois bandes, tandis que Rudolf créera les Puma.

 

Deux frères au nez creux, cordonniers et fils de cordonnier qui ont senti le vent tourner. Un vent mauvais mais bon pour leurs affaires. Ils se sont inscrits dès mai 1933 au parti nazi, ce qui leur a permis d’équiper la Wehrmacht. De même que leur sens aigu des affaires leur a immédiatement fait subodorer que ce jeune noir*2 américain dont tout le monde parle déjà avec admiration serait l’Hermès aux pieds ailés qui communiquerait par le monde entier la réputation de leur entreprise.

 

Et c’est avec ces chaussures, faites sur mesure par des nazis pour des pieds si petits pour un homme de sa taille (il chausse du 39 pour 1,78 m), que Jesse Owens est prêt à entrer dans l’Histoire en ridiculisant la prétention nazie de la race supérieure.

 

Mais ce ne sera que la conséquence directe d’une chose pour lui essentielle et centrale : courir et gagner.

 

Il se sent si bien dans ses souliers, lui qui enfant courait pieds nus dans la lande d’Oakville, Alabama, sa ville natale. Ce petit va-nu-pieds qui n’avait rien, deux seuls vêtements pour couvrir sa nudité, un pour la semaine et l’autre pour le dimanche, aimait courir. La course, la seule chose qu’il possédait en propre, et par elle il exerçait sa liberté, sa toute-puissance sur le monde et sur lui-même. Comme tous les enfants de la Terre, il imaginait, dans la solitude et à l’abri des regards, son pouvoir sur l’univers. Pas si différent en somme du petit Jean-Christophe, héros éponyme du roman de Romain Rolland qui, sous le ciel allemand, commandait aux nuages en courant dans les champs.

 

Je n’étais pas si bon à cet exercice de la course, confia-t-il un jour, mais je l’aimais. C’est une chose que vous pouvez faire par vous-même et sur laquelle vous exercez votre pouvoir. Vous pouvez aller dans n’importe quelle direction, comme vous voulez, vite ou lentement, vous battre contre le vent si vous en avez envie, cherchant de nouveaux horizons, juste par la force de vos pieds et le courage de vos poumons.

 

De fragiles poumons en l’occurrence que ceux de ce garçon maladif, souffreteux, bronchiteux, subissant tous les hivers de terribles pneumonies, souci permanent pour sa mère Emma qui entourait de ses soins cet enfant inattendu, le septième de la fratrie, né si tard, au moment où elle pensait ne plus être en âge de procréer. Il était son petit miracle, ce cadeau que Dieu lui aurait fait à l’exemple d’Isaac né du ventre ridé de Sarah, femme d’Abraham. (...)


Alain Foix


PHOTOGRAPHIES

Sur cette photo du 11 août 1936, Jesse Owens, au centre, salue lors de la présentation de sa médaille d'or pour le saut en longueur,

aux côtés du médaillé d'argent Lutz Long, à droite, de l'Allemagne, et du médaillé de bronze Naoto Tajima, du Japon,

lors des Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin. La médaille d'argent de Lutz Long, le sauteur en longueur allemand qui s'était lié d'amitié avec Jesse Owens lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936, a été vendue aux enchères pour 488.000 dollars,

une somme qualifiée de prix record pour un prix de deuxième place vendu aux enchères. Photo AP


Un portrait de Jesse Owens, qui a remporté quatre médailles d'or aux Jeux olympiques de 1936 à Berlin, figure dans une exposition à Paris,  avant les prochains  Jeux olympiques d’été, qui montre comment les Jeux ont été un "miroir de la société" depuis le début du 20e siècle. Photo Laurent Cipriani / AP.



A gauche : équipe d'athlétisme du collège - 1928. Il s'agit d'une photo de l'équipe d'athlétisme du collège Fairmount, l'école que Jesse Owens a fréquentée de 1927 à 1930. Sur cette photo, Owens est vraisemblablement le garçon au troisième rang, troisième à partir de la droite, avec l'astérisque imprimé sur son maillot. Charles Riley, l'entraîneur d'athlétisme d'Owens, est l'homme au centre du dernier rang, portant un costume. A droite : équipe d'athlétisme du lycée - années 1930. Jesse Owens a fréquenté l'East Technical High School de Cleveland de 1930 à 1933. Cette photo de l'équipe d'athlétisme de l'école, sur laquelle Owens et son coéquipier Dave Albritton se tiennent au premier rang derrière les trophées de l'équipe, aurait été prise pendant cette période. Source : Archives de l'Université de l'État de l'Ohio.


Rencontre avec le maire de Cleveland Ray T. Miller. Après que Jesse Owens a établi trois records nationaux au championnat national d'athlétisme interscolaire qui s'est tenu à Chicago le 17 juin 1933, la ville de Cleveland lui a rendu hommage en organisant un défilé et une rencontre avec le maire Ray T. Miller. Sur cette photo, on le voit accepter une résolution "élogieuse" de la ville de la part du maire Miller (en costume blanc). À gauche du maire Miller se trouve le père de Jesse, Henry Cleveland Owens, et à droite de Jesse Owens se trouve sa mère, Emma Owens. Source : Bibliothèque publique de Cleveland.

Les pieds les plus rapides du monde. Deux enfants du quartier - Margaret Coston et Clara Wright - admirent les pieds de Jesse Owens

qui, quelques jours auparavant, a battu le record du monde du 100 mètres lors de la compétition d'athlétisme interscolaire de Chicago. Cette photo a été prise le 20 juin 1933. Source : Bibliothèque publique de Cleveland.

Livraison de colis de Noël aux enfants nécessiteux. Pendant la période de Noël 1935, alors qu'il est l'un des héros sportifs les plus connus de Cleveland, Jesse Owens livre des colis de Noël aux enfants nécessiteux. Les colis ont été offerts par Alonzo Wright, propriétaire d'une station-service dans laquelle Owens a travaillé entre 1933 et 1936. On voit Owens donner un des paquets à Robert Shepherd,

qui vivait au 9506 Cedar Avenue. Source : Cleveland Memory Project (collections spéciales de l'université d'État de Cleveland).

Lutz Long. Selon Jesse Owens, il aurait probablement commis une faute et n'aurait pas remporté l'épreuve du saut en longueur

aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 s'il n'y avait pas eu Lutz Long, un sauteur en longueur allemand qui participait également

à l'épreuve. Long a calmé la nervosité d'Owens après ses deux premiers sauts ratés. Lors de son troisième et dernier saut,

Owens s'est qualifié pour la finale de l'épreuve, qu'il a finalement remportée. Long, qu'Owens considérait comme un ami,

fut plus tard enrôlé dans l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et est mort au combat en Sicile en 1943.

Source : Cleveland Memory Project (collections spéciales de l'université d'État de Cleveland).

La parade de Cleveland. Jesse Owens est rentré aux États-Unis à la fin du mois d'août, après avoir remporté quatre médailles d'or aux Jeux olympiques de Berlin en 1936. Le 25 août, la ville de Cleveland a organisé un défilé en son honneur. Sur cette photo, on voit Owens passer en voiture devant une foule venus assister à l'événement. Le maire de Cleveland, Harold Burton, est à ses côtés (à droite).

Source : Bibliothèque publique de Cleveland.

Réception des jeunes arbres olympiques. Tous les vainqueurs des Jeux olympiques de Berlin en 1936 ont reçu des jeunes arbres pour commémorer leur victoire. Jesse Owens, qui a remporté quatre médailles d'or à ces Jeux olympiques, en a reçu quatre. Sur cette photo,

Ruth Owens, son épouse, est représentée avec trois des jeunes arbres qui sont arrivés chez eux par la poste le 23 décembre 1936.

Source : Cleveland Memory Project (collections spéciales de l'université d'État de Cleveland).

Des retrouvailles avec l'entraîneur Riley. Le 18 mai 1946, Jesse Owens retourna à Cleveland pour assister

à une célébration au lycée James Ford Rhodes qui rendait hommage aux 32 années de service dans les écoles publiques

de Charles Riley, l'entraîneur d'athlétisme de Jesse Owens au collège et au lycée.

Source : Cleveland Memory Project (collections spéciales de l'université d'État de Cleveland).


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