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La rédaction

Iran : ce que la presse ne vous dit pas


Ebrahim Raïssi, surnommé "le boucher de Téhéran", exécuteur des basses œuvres du "Guide suprême".

Illustration : Centre pour les droits de l'homme en Iran


EXCLUSIF. Aux humanités, nous ne nous sentons nullement représentés par un gouvernement qui, hier, a présenté (par la voix du ministère des Affaires étrangères) ses condoléances à l'Iran après le décès du président Ebrahim Raïssi, responsable de milliers d'exécutions et de la plus brutale répression qui soit. Aujourd'hui, toute la presse fait des plans sur la comète pour savoir qui va succéder à Raïssi. Mais personne, absolument personne, ne parle du vent de contestation sociale qui secoue tout l'Iran depuis début mai (la preuve en images). Ajouté à la corruption endémique des "élites" et de leurs affidés, le financement du terrorisme islamique coûte cher, très cher. Résultat : il n'y a plus d'argent dans les caisses...


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Alors que l'Union européenne et le ministère français des Affaires étrangères présentaient leurs condoléances après le décès accidentel du président Ebrahim Raïssi, surnommé "le boucher de Téhéran" en raison des milliers d'exécutions dont il a été le responsable, et de l'impitoyable répression du mouvement "Femme, vie, liberté, voilà comment des habitants de Sanandaj, capitale de la province iranienne du Kurdistan, ont salué ce lundi 20 mai 2024 la disparition du "grand homme" :


Sanandaj, on peut comprendre, c'est la capitale de la province iranienne du Kurdistan (la ville accueille aussi des minorités arménienne et juive), c'est aussi la troisième ville présentant l'air le plus pollué au monde, selon l'OMS. Et c'est peu dire que les Kurdes vénèrent peu la "république islamique" de l'ayatollah de Khameini (article à venir sur les humanités).


Mais s'il n'y avait que Sanandaj ! Est-ce pour ne pas contrarier les "condoléances" du gouvernement français, ou par manque d'informations ? Toujours est-il que la totalité de la presse française passe sous silence des manifestations qui ont éclaté depuis début mai, dans tout l'Iran. La preuve en images, ci-dessous. L'objet de toutes ces manifestations, c'est principalement l'argent. Les sanctionns économiques ont quelque peu malmené le gouvernement des ayatollahs, mais moins que la corruption endémique dont se repaissent les affidés du régime, à commencer par les Gardiens de la révolution. A ces facteurs déjà existants, est venu s'ajouter le soutien décuplé du régime iranien au Hezbollah et au Hamas, depuis l'attaque terroriste du Hamas en Israël en octobre dernier. Résultat : les caisses sont vides. Les pensions de retraite ne sont plus payées, certains salaires vont être divisés de moitié, alors même que le prix des produits de première nécessité explose. Enfin, certaines régions d'Iran, volonairement maintenues dans une extrême pauvreté car pas assez "islamiques" (Kurdistan, Baloutchistan, etc.) souffrent chaque jour davantage de l'incurie gouvernementale : pénuries d'eau, pollution dûe à une mine d'or, etc. Après le mouvement "Femme, vie, liberté", c'est sur le terrain de la contestation sociale que le régime de Khameini est aujourd'hui mis en danger. Et c'est de cela dont l'ensemble de la presse fançaise ne souffle mot...



A Kermanshah (capitale de la province du même nom dans l'ouest de l'Iran, à 521 km de Téhéran), le 8 mai, manifestation des retraités de la sécurité sociale et des télécommunications



A Téhéran, le 13 mai, rassemblement de protestation pour dénoncer des fraudes publiques et demander une enquête sur les plus hauts responsables du pays, notamment le chef du pouvoir judiciaire et le commandement général de la police.



A Ispahan, troisième ville la plus peuplée d'Iran, le 13 mai, manifestation des retraités de l'acier.


A Suse (ville magnifique, dans la province du Khouzistan), le 13 mai, manifestation de travailleurs et de retraités



A Rasht (capitale de la province de Guilan au nord-ouest de l'Iran, lieu commercial majeur entre le Caucase, la Russie et l'Iran), le 15 mai, manifestation des retraités des télécommunications, avec le slogan "La cherté et l'inflation sont devenues le fléau de nos vies. Rendez-nous l'argent".



A Téhéran, le 15 mai, manifestation des agents de change.



A Nourabad (ville du nord de la province du Lorestan), le 15 mai, rassemblement de protestation des travailleurs de l'électricité.



A Kash, le 16 mai, rassemblement et grève des chauffeurs.



A Rasak, dans la province du Sistan-Baloutchistan, le 17 mai, rassemblement de protestation contre les pénuries d'eau.



Dans le village de Bayjan, le 17 mai, affrontements et agriculteurs et policiers qui avaient entrepris de détruire des champs de melons



A Borujerd (province du Lorestan dans l'ouest de l'Iran), le 18 mai, manifestation devant le bâtiment du gouverneur de la province.



A Téhéran, le 19 mai, rassemblement des salariés et retraités du secteur culturel.



A Ispahan, le 19 mai, rassemblement et marche des retraités.


A Machhad, le 19 mai, rassemblement de protestation des familles ayant des enfants autistes



Dans le village de Kote, dans la région de Taftan (province du Balouchistan), rassemblement de protestation contre la pollution engendrée contre une mine d'or, pour laquelle le gouvernement iranien n'a entrepris aucune mesure environnementale. La mine d'or de Taftan est l'une des plus importantes du pays, mais la région du Balouchistan est l'une des plus pauvres...


etc., etc.


La mort du président iranien risque d'aggraver la répression

(Centre pour les droits de l'homme en Iran)


Sous Ebrahim Raïssi, les atteintes aux droits de l'homme en Iran se sont considérablement aggravés, rappelle le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI). Texte ci-dessous publié le lundi 20 mai 2024 par iranhumanrights.org :


20 mai 2024 - Le décès du président Ebrahim Raïssi ne devrait pas être exploité par le gouvernement pour réprimer davantage la société civile dans le cadre de ce qui est devenu une répression de plus en plus large, illégale et violente de la dissidence pacifique, a déclaré le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI).

"Alors que l'État s'efforce de maintenir son emprise sur le pouvoir, la communauté internationale doit rester vigilante et réagir à toute escalade potentielle de la répression de la société civile en Iran", déclare son directeur exécutif, Hadi Ghaemi. "Raissi était un pilier d'un système qui emprisonne, torture et tue les personnes qui osent critiquer les politiques de l'État. Sa mort lui a permis d'échapper à l'obligation de rendre compte de ses nombreux crimes et des atrocités commises par l'État sous son règne. Ebrahim Raïssi a présidé à une escalade stupéfiante de la répression et de la violence de l'État contre la dissidence pacifique en Iran, l'État commettant des atrocités massives contre la population civile. Les exécutions se sont multipliées après des simulacres de procès et le recours croissant à la peine de mort contre les manifestants et les militants, l'utilisation de la force meurtrière de l'État contre des manifestants pacifiques qui a fait des centaines de morts en 2022 et des dizaines de milliers d'arrestations arbitraires, ainsi que la répression accrue et violente des femmes.

En réponse à la violence massive du gouvernement iranien contre des manifestants non armés lors des manifestations "Femmes, vie, liberté" qui ont déferlé sur l'Iran en 2022, la mission d'enquête indépendante des Nations unies, créée pour enquêter sur les crimes commis par l'État dans le contexte de ces manifestations, a affirmé que les atrocités commises par l'État avaient atteint le niveau de crimes contre l'humanité.

Nommé chef du pouvoir judiciaire par le guide suprême Ali Khamenei en mars 2019, puis élu président en 2021 après la disqualification de tous les candidats crédibles, Ebrahim Raïssi a joué un rôle clé dans les exécutions pour motifs politiques et les emprisonnements injustes d'innombrables Iraniens au cours des trois dernières décennies. En 1988, il a été nommé membre d'une "commission de la mort" composée de quatre personnes nommées par le guide suprême de l'époque, Ruhollah Khomeini, ce qui a conduit à l'exécution d'au moins 5.000 prisonniers sur la base de l'évaluation par la commission de leur "loyauté" à l'égard de la République islamique nouvellement établie. Ces prisonniers avaient déjà été jugés et purgeaient les peines de prison qui leur avaient été infligées.


(...) Au cours des trois dernières années, sous le règne de Raissi et de Khamenei, l'Iran a connu des niveaux sans précédent de violence d'État et de persécution de militants pacifiques, en particulier à la suite du mouvement "Femme, vie, liberté" de 2022, qui a éclaté dans tout le pays après l'assassinat en garde à vue de Mahsa Jina Amini, 22 ans, à la suite de son arrestation pour un hijab prétendument inapproprié. C'est M. Raïssi lui-même qui, quelques mois avant le meurtre de Masha Amini, avait ordonné une application plus stricte de la politique du hijab obligatoire dans l'ensemble du pays et qui, depuis, a soutenu un projet de loi en instance au Parlement qui légaliserait des sanctions accrues à l'encontre des femmes qui refusent de porter le hijab en public, ainsi qu'à l'encontre des propriétaires d'entreprises et des employeurs qui ne se joignent pas à l'État pour punir les femmes.


(...) Ebrahim Raïssi a présidé un pays étouffé par un régime qui craint son propre peuple. Il n'était qu'une botte sur le cou du peuple iranien ; d'autres peuvent facilement prendre sa place. Ce qui est crucial maintenant, c'est que la communauté internationale ne doit pas permettre à la République islamique d'exploiter ce moment pour réprimer et brutaliser davantage le peuple iranien.


C'est le moment de...

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