top of page
Photo du rédacteurJean-Marc Adolphe

Inde. Le charbon contre les peuples autochtones.


En Amérique latine, l’Amazonie est vivement défendue par les communautés indigènes. Mais sur d’autres continents aussi, des peuples autochtones luttent pour préserver un mode de de vie fort éloigné de notre consumérisme ambiant. En Inde, les Adivasis (« premiers habitants ») représentent plus de 8% de la population. Qui s’en soucie ? Évidemment pas les industriels du charbon, qui continuent de faire main basse sur d’immenses territoires forestiers.


A Glasgow, lors de la COP26, à la surprise générale, le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé que l’Inde s’engageait à atteindre la neutralité carbone d’ici 2070. Cela semble bien loin, vu l’urgence du réchauffement climatique, mais l’Inde a longtemps eu la réputation d’être inflexible dans les négociations sur le climat. Ceci dit, quel crédit accorder aux « engagements » non contraignants) de Narendra Modi ?


Des hommes adivasis observent la vaste mine de charbon qui a détruit une grande partie

de leurs terres ancestrales. Forêt de Hasdeo, Chhattisgarh. Photo Vijay Ramamurthy.


Comme l’indiquait l’ONG Survival international, le Premier ministre indien s'est donné pour mission personnelle d'étendre massivement l'exploitation du charbon dans le pays - en particulier sur les terres tribales : « son gouvernement est en passe de doubler la quantité de charbon exploitée, en moins de 10 ans. Pour y parvenir, de vastes zones de forêts tribales sont vendues sans leur consentement. » A preuve, un excellent reportage de Ravi Pinto paru ce 3 novembre dans Le Monde alerte sur des projets d’extraction dans l’État du Jharkhand, qui menace d’expulsion près de 2 000 familles, appartenant aux catégories les plus défavorisées du pays. Réputé proche du Premier ministre indien, le milliardaire Gautam Adani, plus gros producteur privé d’énergie thermique en Inde, vise tout particulièrement les forêts du Jharkhand. « Nous dépendons de l’eau, de la forêt et de la terre », rappelle Shrikant Nirala, chef d’une assemblée villageoise. « Nous sommes d’heureux paysans et nous refusons qu’une entreprise vienne troubler notre mode de vie et mette à mal l’avenir des générations futures. »

Parmi les populations concernées qui s’opposent aux projets miniers, les familles autochtones sont en première ligne. Beaucoup moins médiatisés que les peuples autochtones d’Amazonie, Les Adivasis, ou Ādivāsīs (« premiers habitants »), peuples aborigènes de l'Inde, représentent tout de même 8,6% de la population du pays, plus de 100 millions de personnes. Ces « tribus identifiées », comme on dit en Inde, qui ne leur reconnaît pas le droit de « peuples », vivent principalement en bordure de l'Himalaya et dans des États au nord-est du pays où elles sont majoritaires, comme au Mizoram, dans le Nagaland et le Meghalaya. Au Jharkhand, dont le nom signifie « terre des forêts », les Adivasis représentent 26% de la population.


Ces tribus pratiquent souvent la culture sur brûlis plutôt que l'agriculture intensive typique de la majeure partie de l'Inde rurale. Selon la notice Wikipedia qui leur est consacrée, « les politiques gouvernementales sur les réserves forestières ont profondément affecté la vie des aborigènes. (…). L'exploitation intensive des forêts, rendue possible par la corruption de fonctionnaires locaux, a souvent autorisé des étrangers à faire des coupes importantes, alors que les prélèvements des aborigènes étaient fortement réglementés, et a entraîné le remplacement de forêts à la flore riche, qui permettaient la perpétuation de la vie tribale, par des plantations de monoculture.(…) Dans ses travaux, l'anthropologue Dalel Benbabaali souligne que dans les régions où les adivasi sont majoritaires, leur appauvrissement tient principalement à un processus d’« accumulation par dépossession ». Il résulte de la pénétration croissante d’entrepreneurs et d’agriculteurs issus des castes dominantes, qui détournent à leur profit les ressources naturelles dont dépendent les populations autochtones. »


The Last Avatar, un projet contre l’extinction culturelle


En mars 2018, le photographe Aman Chotani a lancé, de concert avec Vishal Bali et Stanzin Chokpel, ainsi qu’avec les auteures Roohani Sawhney et Vrinda Vaid, le projet The Last Avatar pour documenter la vie des Adivasis. « L'Inde est une terre pleine de cultures, avec diverses tribus qui ont leur propre ensemble de traditions qu'elles suivent depuis des siècles », commente Aman Chotani. « Elles ont leurs propres vêtements, leurs habitudes alimentaires et leur mode de vie. À notre grande consternation, nous constatons que leurs cultures tendent de plus en plus à disparaître et à tomber dans l’oubli. Ce projet est une tentative de sauver ces tribus d'une extinction culturelle. »


Portfolio. Photos Amanan Chotani / The Last Avatar.





















165 vues0 commentaire

Comments


bottom of page