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In memoriam Viola Liuzzo. Droits civiques et autres pièces détachées

Photo du rédacteur: Jean-Marc AdolpheJean-Marc Adolphe

Face à face entre manifestants et forces de police lors des Marches de Selma, en 1965. Photo AP


"Combien de Temps, Peu de Temps". Il y a tout juste soixante ans, le 25 mars 1965, Martin Luther King prononçait ce célèbre discours en clôture de la Marche de Selma pour les droits civiques. Droits civiques que l'Agent Orange - Fuhrer de la Maison Blanche foule aujourd'hui aux pieds de la Statue de la Liberté. Qu'en aurait pensé Nellie Bly, morte en1922, alors que Donald Trump n'avait pas encore statut d'avorton ?


Dans la liste des mots et expression désormais bannis, la Trump Administration a oublié l'expression "droits civiques". Un gros mot, évidemment. Il y a 60 ans, le 25 mars 1965, débutait dans l'Alabama la troisième Marche de Selma, de Selma à Montgomery, fut le point culminant de la lutte des droits civiques des Afro-Américains aux États-Unis. Ce mouvement pour le droit de vote fut lancé par Amelia Boynton Robinson et son mari Samuel W. Boynton, à Selma dans l'Alabama. Le 25 mars 1965, trois mille deux cents marcheurs partent de Selma, parcourant 20 km par jour et dormant dans les champs. Au moment où ils atteignent le capitole de Montgomery, les marcheurs sont 25.000. Martin Luther King prononce alors le discours « How Long, Not Long » (Combien de Temps, Peu de Temps).


Dans la nuit, Viola Liuzzo, militante blanche des droits civiques, est assassinée par le Ku Klux Klan alors qu'elle ramène des marcheurs dans sa voiture. Elle avait assisté le 18 mars à une manifestation dans son université et avait appelé son mari pour lui dire qu'elle irait à Selma, car « c'est le combat de tout le monde ». Elle avait 40 ans.


Viola Liuzzo


Viola Gregg Liuzzo était une militante du mouvement des droits civiques dans le Michigan (États-Unis) et mère de cinq enfants. L'un des membres du KKK qui l'a assassinée était un informateur du Federal Bureau of Investigation.

Après sa mort, elle fut le sujet d'une campagne de désinformation du FBI visant à entacher sa réputation. Son nom fait aujourd'hui partie des noms inscrits sur le mémorial des droits civiques de Washington.


Moins de cinq mois plus tard, le 6 août 1965, le président Lyndon B. Johnson signait le Voting Rights Act de 1965 interdisant les discriminations raciales entravant l'inscription sur les listes électorales et l'exercice du droit de vote.


Susan Crawford, candidate libérale au poste de juge de la Cour suprême du Wisconsin.


Dans l'un de ses derniers posts sur son réseau Truth Social, Donald Trump en appelle plus ou moins au lynchage du juge fédéral James Boasberg qui a signé une ordonnance pour empêcher la déportation des migrants vénézuéliens dans un camp de concentration au Salvador. Les juges qui oseraient s'opposer aux oukases du Fuhrer de Washington seront bientôt désignés comme "malades mentaux" et envoyés derechef en hôpital psychiatrique. En attendant, Elon Musk se démène pour que soient nommés des juges à la botte du parti américano-nazi. Dans le Wisconsin, il a injecté des millions de dollars pour soutenir un candidat républicain au poste de juge de la Cour suprême du Wisconsin. Les démocrates locaux s'organisent et veulent saisir l'occasion d'infliger une première défaite au milliardaire en l'empêchant d'étendre son influence politique à l'échelon des États. Leur candidate s'appelle Susan Crawford. C'est une libérale, et en plusd c'est une femme. A quand un décret de Trump pour réserver aux hommes l'accès aux fonctions judiciaires ?


Jeannette Vizguerra


Jeanette Vizguerra est une activiste des droits civiques. Circonstance aggravante : elle est mexicaine. Tout pour déplaire à l'Agent Orange : elle coche toutes les cas pour tomber dans la catégorie des "indésirables". De fait, elle a été violemment arrêtée, mardi 18 mars, par une bande de Rambo armés jusqu'aux dents.

Originaire du Mexique, Jeanette Vizguerra est arrivée illégalement aux États-Unis en 1997 avec son mari et leur fille. Ensemble, ils ont accueilli trois autres enfants, mais elle n’est jamais parvenue à régulariser sa situation. Si bien qu’elle a été rattrapée par les services d’immigration américains, l’ICE, lors du premier mandat de Trump. Jeanette Vizguerra s’était alors cachée dans une église de Denver, dans le Colorado, avec trois de ses enfants, pour empêcher d’être expulsée. La presse américaine avait alors expliqué que les autorités ne vont pas chercher les clandestins dans les lieux de culte, les établissements scolaires et les hôpitaux.


Jeanette Vizguerra a finalement vécu trois ans dans le sous-sol de l’église - pendant tout le premier mandat de Donald Trump - et a eu l’idée de créer la Metro Denver Sanctuary Coalition pour encourager d’autres églises à accueillir des personnes dans une situation similaire à la sienne. La mère de famille a repris le cours de sa vie après l’élection de Joe Biden et n’avait pas pris de précaution particulière au retour du Républicain. Elle a été arrêtée pendant sa pause, devant le supermarché dans lequel elle travaillait en tant que caissière. Depuis, elle est incarcérée, dans l'attente d'être expulsée. Le plus jeune de ses enfants, né aux Etats-Unis, a 14 ans.


Becky Burke, elle, est une simple touriste. Galloise, même pas basanée. Elle a été le 26 février dernier à la frontière entre les États-Unis et le Canada. Son crime ? Elle faisait de la randonnée, sac au dos. C'est bien connu : les randonneurs et randonneuses sont des terroristes en puissance. Sans aucune charge précise contre elle, elle a été détenue pendant près de trois semaines dans un centre de rétention de l'État de Washington, sans que ses parents et proches n'en soient informés. Elle a été libérée mardi dernier et a enfin pu rentrer chez elle. Elle n'est pas seule dans son cas. Associated Press mentionne d'autres cas de touristes européenes qui ont été pareillement arrêtés et détenus pendanrt plusieurs jours, de façon tout à fait arbitraire (lire ICI). Ce n'est peut-être pas le bon moment pour se rendre aux States, sauf pour les fans du tourisme carcéral !


Nellie Bly


Qu'en aurait pensé Nellie Bly ? On ne peut pas savoir. Elle est morte en 1922, alors que Donald Trump n'avait pas encore statut d'avorton. Pionnière d'un journalisme d'investigation, nous l'avons placée au Panthéon fondateur des humanités. Odile Conseil (par ailleurs abonnée aux humanités) vient de lui consacrer un récit documentaire, diffusé par France inter dans l'émission Affaires sensibles. Yaka écouter, ICI.


C'est tout pour tout de suite. Haïti, Kénya, Israël : la suite de l'actualité en pièces détachées, en fin d'après-midi.

 

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