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Faire peau neuve, à l'orée d'humanités communes

Dernière mise à jour : 30 juin

Juste avant le premier tour des élections législ-hâtives, pour tenir mieux en prévision des temps à venir, les humanités entament une mue de saison, avec prochains chantiers à l'horizon.


En deux mots :

-          sur ordinateur et sur mobile, une nouvelle maquette pour faciliter la lecture des humanités / journal-lucioles (sommaire, rubriques, recherche par mots-clés, etc) : le travail d'un tout jeune talent, Malena Hurtado-Desgoutte (15  ans).

 

-          tenir mieux, avec un contenu éditorial étoffé, et des chantiers à venir (magazines numériques, éditions en espagnol et en anglais, etc.), élargir audience et soutiens : prochain lancement d’une campagne de financement participatif.

 

-          Dans un contexte politique trouble et incertain, donner l’espace-temps nécessaire à une information hors des sentiers battus, non exempte de coups de gueule et de coups de foudre ; relier des initiatives associatives, culturelles, etc., pour faire humanités communes.

 

En quelques mots de plus :

 

Nous avons attendu l’été venu pour faire nettoyage de printemps. De la cave aux greniers, pour mieux offrir hospitalité. Créé voici trois ans (en mai 2021), le site des humanités / journal-lucioles s’est progressivement étoffé. A contre-courant ? Plus de 800 publications y ont été déposées, avec l'ambition d’inventer, mais si, un journalisme du 21ème siècle (voir édito fondateur).


Nouvelle maquette, à découvrir sur ordinateur et sur mobiles : ICI

 

Tout paraît déjà si encombré, en ces temps d’obésité informationnelle… Créer un nouveau journal ? Il fallait y croire pour le voir. Et puis, un journal entièrement gratuit, sans publicité : un choix exigeant.

Jusqu’à présent, nous avons tenu, et même tenu bon, malgré obstacles et moments de découragement. A contre-courant, encore ? Avec beaucoup moins d’abonnements et souscriptions que nous espérions, et en ayant engagé, en trois ans, un seul partenariat d’édition (avec une association d’éducation aux médias), on ne risquait guère de succomber à la folie des grandeurs.

Le bénévolat, l’obstination et le désir de persévérer en dehors de toute obligation de résultat ont été, en plus des encouragements de nos abonnés et souscripteurs, nos principales forces motrices. Ces forces peuvent toutefois s’épuiser face aux bourrasques et autres avanies.


Et surtout, tenir bon, d’accord, mais tenir mieux ? Après avoir conquis de haute lutte, l’an passé, une petite « bourse d’émergence » du ministère de la Culture et de la Communication, qui a permis de rafistoler les voiles et aussi d’organiser la première édition-pilote du Festival des humanités, nous pensions pouvoir bénéficier de certaines aides publiques réservées à la presse en ligne.

Or, en septembre dernier, la Commission paritaire des publications et agences de presse a scandaleusement décrété que les publications des humanités n’étaient pas dignes « d’éclairer le jugement des citoyens », nous refusant ainsi le label d’information politique et générale, indispensable pour accéder aux aides publiques, mais aussi au Fonds pour une presse libre, créé par Mediapart.

 

Le coup de cette censure (puisqu’il faut bien appeler un chat, un chat) fut rude à encaisser, inutile de le cacher, d’ailleurs ça s’est vu : nos publications se sont interrompues de septembre 2023 à février 2024 : six mois de silence contraint, mais aussi nécessaire pour reprendre des forces et braver les empêchements. Car cette censure économique a retardé voire entravé certains chantiers que nous avions à cœur de pouvoir mener à bien.

 

Le premier de ces chantiers, après trois ans d’existence, était de reprendre la maquette et l’architecture du site. Mine de rien, ce n’est pas une mince affaire, d’autant que nous n’avons pas de telles compétences en interne, et que nous ne parvenions pas à trouver de "prestataire extérieur" dans nos cordes. Le miracle vient de se produire, avec une lycéenne toulousaine de seconde, Malena Hurtado-Desgoutte, que nous avons accueillie en stage (1). Grâce à son talent et à ses jeunes compétences, le site des humanités vient enfin de faire peau neuve, en tenant compte des remarques qui nous ont été adressées ces derniers mois.


Dans nos "Munitions" : "Je suis vivant", publié le 5 mars 2022, pour le centenaire de la naissance de Pier-Paolo Pasolini (ICI)

 

Ne pas rester en si bon chemin


Avec ce nettoyage de printemps (estival), la navigation sur le site est plus fluide, au gré d’un sommaire digne de ce nom et de rubriques clairement identifiées, qu’il s’agisse de sujets en lien avec l’actualité (éditos, chroniques, enquêtes, Sur le vif), regroupés par thématiques (Écologies, Citoyennetés, Cultures, etc.), offrant des respirations visuelles oui poétiques (Portfolio, de visu, Tour du jour en 80 mondes…), mais permettant ainsi de retrouver des feuilletons et de se nourrir de document d’archives (Mémoires de danse, textes ou entretiens précieux auxquels nous donnons le nom de Munitions).

La "fonction recherche" sur le site est désormais pleinement opérationnelle. Et vous pourrez aussi nous suivre sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Telegram) ainsi que sur YouTube.

 

Il fallait le faire, ça a pris du temps, on l’a fait.

Ce sommaire, il faut maintenant le faire vivre aussi bien que possible. Au-delà de la petite équipe qui porte actuellement l’association éditrice des humanités (voir Qui sommes-nous), il nous faut étoffer le comité de rédaction et pouvoir accueillir de nouveaux auteurs. La première étape sera de pouvoir engager un.e assistant.e d’édition.

 

Nous avons encore en projet le lancement d’éditions internationales, qui sont déjà en germe, en espagnol et en anglais. En septembre, nous espérons pouvoir reprendre l’édition numérique d’un autre journal du dimanche, mais aussi proposer à nos abonnés des magazines numériques thématiques. Et même, on ne désespère pas de pouvoir co-éditer des livres-lucioles, ainsi qu’une revue papier, début 2025. En 2025, on espère aussi pouvoir poursuivre le Festival des humanités.

D’autres chantiers sont en cours, qu’il est encore trop tôt pour évoquer plus précisément.

 

Enfin, nous allons évidemment repartir à l’assaut de la commission paritaire, puis de potentielles aides publiques, avec le soutien d’un comité de parrainages que nous sommes en train de constituer.

Nous n’aurons certes pas de réponse immédiate, pas avant 2025. D’ici là, il faut tenir mieux, voire tout simplement tenir bon. Un financement participatif, avec la plateforme associative helloasso, sera lancé dans les prochains jours.


Castellers de Villafranca, en Catalogne. Photo DR


Des moyens, pour quoi faire ? Faire humanités communes

 

Nous venons de dire les chantiers qui nous attendent. Mais des moyens, tout le monde en manque, ou presque (2).

Depuis les élections européennes, quasiment tous les journaux ou médias en ligne un tant soit peu engagés ont sollicité leurs lecteurs, les invitant à s’abonner ou souscrire pour « lutter contre l’extrême droite ». C’est un fait indiscutable que la presse de qualité, d’opinion ou d’investigation est plutôt mal en point face au rouleau compresseur de l’info en continu (y compris sur les réseaux sociaux, même lorsqu’il ne s’agit pas toujours d’information, voire parfois de désinformation) et des moyens considérables d’empires comme ceux de Bolloré.

 

Nous lisons et respectons des médias qui appellent aujourd’hui au soutien. Aux humanités, nous entendons cependant jouer une autre partition. Réclamer des moyens pour « faire barrage à l'extrême droite » serait fort prétentieux. En revanche, nous sommes convaincus, quel que soit le résultat à venir des prochaines élections législ-hâtives, que la nécessité d’une voix singulière et buissonnière comme celle des humanités n’en sera que plus indispensable.

 

Comme l’écrivait tout récemment Patrick Chamoiseau dans une tribune parue dans Libération (et que nous republions ICI), il convient de « faire front poétique » pour lutter pied à pied, et dans la durée, contre « l’affaiblissement de l’imaginaire ». En évoquant le Front populaire (1936) et l’esprit du Conseil National de la Résistance (1943), Patrick Chamoiseau ajoute que « ces moments rappellent (…) que l'intelligence collective transversale peut sublimer un désastre par des élévations humaines. Cependant, notre monde a changé. Les défis actuels exigent de cultiver sinon la nostalgie, du moins le sel de ces périodes : l'effervescence d'une créativité. »


Or, en même temps qu’un monde se décompose, et avec lui ce qui lui tenait lieu de traduction politique, une effervescence créative et une intelligence collective se manifestent simultanément dans tous les champs de l’activité humaine. Le mouvement associatif reste puissant ; il fédère luttes et combats, mais aussi souligne et fait éclore des initiatives sur tous les territoires, et accouche parfois de lucioles, d’ « un désir qui fasse pièce à cette économie de désir qu’accomplit magistralement la consommation numérique. C’est un sacré défi, c’est un sacré combat. » (3)

 

Relier et mettre en écho ces différents champs d’espérance, souvent très ancrés dans le réel, voilà qui serait faire humanités communes.


Peut-être les humanités ont-elles été créées il y a trois ans pour se préparer à ce moment-là, alors que s’accumulent défis et désastres : en constellation, cultiver le terrain qui, chaque jour, nous voit naître.

Et à présent, éditorialiser cette potentialité du vivant. Sans viser des montants démesurés que beaucoup d’autres gaspillent, il nous faudra tout de même quelques outils et moyens humains… Dans la hâte de continuer, on ose y croire.

 

Jean-Marc Adolphe

 

(1). Malena a par ailleurs écrit un article qui sera prochainement publié.  Et il n’y a pas d’âge pour ne pas attendre : elle rejoint le comité de rédaction des humanités.

 

(2). En 2022, le Fonds stratégique pour le développement de la presse était doté de 45 millions d’euros. Ce Fonds a accordé une aide de 360.000 € à un site, créé en même temps que les humanités, dont la « ligne éditoriale » était de « booster la carrière des femmes ».  Après sept publications en sept mois, ce site a stoppé sa parution, sans avoir à justifier de l’utilisation des subventions reçues. De façon générale, la Cour des Comptes indique, dans un récent rapport (mars 2024) que « les titres appartenant à de grands dirigeants de presse captent une part significative des crédits ».




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