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Photo du rédacteurJean-Marc Adolphe

En Géorgie, le pouvoir rejette l'Europe "immorale"

Dernière mise à jour : 30 nov.

A Tbilissi, dans la nuit du 28 au 29 novembre 2024. Photo George Khelashvili


Cette nuit à Tbilissi, une répression sans précédent s'est abattue sur les manifestants, après que le parti frauduleusement au pouvoir, Rêve Géorgien, ait annoncé suspendre le processus d'adhésion à l'Union européenne. Des journalistes qui couvraient la manifestation à Tbilissi ont été tout particulièrement pris pour cibles.


Gagner par la fraude, sévir par la répression : en Géorgie, le plan du Kremlin (que nous évoquions ICI, voici un mois) s’applique à la lettre. Le parti du milliardaire pro-russe Bidzina Ivanichvili, Rêve géorgien, après avoir orchestré le hold-up des élections législatives, a décidé hier de suspendre le processus d’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne, pourtant inscrit dans la Constitution géorgienne.

 

Pour justifier cette décision, le Premier ministre Irakli Kobakhidze a dénoncé le « chantage indigne » des dirigeants de l’UE. Pour lui, reprenant le vocabulaire poutinien, les électeurs géorgiens ont choisi le camp des « valeurs traditionnelles » contre  la « propagande immorale » (de l’Occident décadent, cela va sans dire).


A gauche, le Premier ministre (Rêve Géorgien), Irakli Kobakhidze.

A droite, l'ancien footballeur Mikheil Kavelashvili, qui devrait être "élu" président le 14 décembre prochain. Photos DR


La Présidente pro-européenne Salomé Zourabichvili, qui avait qualifié les récentes élections législatives de « coup d’État », devrait être démise de ses fonctions et remplacée, le 14 décembre, par un ancien footballeur, Mikheil Kavelashvili. Des modifications constitutionnelles ont aboli l'élection directe, au suffrage présidentiel, et l'ont remplacée par un vote au sein d'un collège électoral de 300 sièges composé de membres du parlement, des conseils municipaux et des assemblées législatives régionales, majoritairement inféodés au parti Rêve géorgien.



Hier soir, des dizaines de milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés à Tbilissi et dans d’autres villes de Géorgie, affrontant une répression sans précédent. Canons à eau (chargés de produits chimiques), mais aussi gaz lacrymogènes et gaz au poivre, balles en caoutchouc…



Au petit matin, le bilan fait état de dizaines d’arrestations, mais aussi de nombreux blessés, notamment une quinzaine de journalistes qui ont été visiblement choisis comme cible prioritaire par la police. Le rédacteur en chef d'OC Media (un média indépendant qui couvre le Caucase), Robin Fabbro, a été délibérément visé par un tir de grenade lacrymogène alors qu'il portait un gilet "Presse". Un journaliste de Publika, Aleksandre Keshelashvili, s'est vu confisquer ses appareils photo et sa carte de presse, avant d'être frappé. Un journaliste de TV Pirveli, Niko Kokaia, a été aspergé à bout portant de gaz poivré au visage. Etc, etc.

L’un de ces journalistes, Guram Rogava (ci-dessus), en reportage pour la chaîne de télé TV Formula, a fait l’objet d’un tabassage en règle, et s’en tire avec une large entaille sur le crâne. Il a dû être hospitalisé... Nul doute que pour les poutinolâtres de Rêve Géorgien, la liberté de la presse est un truc imposé par « l’Europe immorale » qui porte gravement atteinte aux « valeurs traditionnelles ».


Jean-Marc Adolphe

 

Quand il le faut, nous sommes au front de l'actualité. En mai dernier, nous avions ainsi abondamment suivi les manifestations à Tbilissi. On ne parle pas de tout, et sans chercher à rivaliser avec d'autres médias, on fait de notre mieux pour raconter, analyser, bref, informer autrement. Même bénévole, ce travail a une valeur (voulons-nous croire). Dons (25 € voire plus si affinités) et abonnements (5 € / mois ou 60 € / an) ICI


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