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Donald Trump et les Roms

Dernière mise à jour : il y a 17 heures

"Mascà de bàdànàrità" (masque de femme "tsigane"), Darmanesti, Moldavie, Roumanie, Années 1990,

Carton modelé et peint, tissu, tresses synthétiques, Muséum national d'histoire naturelle, collection d'Europe.

Dans le cadre de l'exposition "Barvalo" au Mucem à Marseille en 2023-2024. Photo Marianne Kuhn / Mucem


Il y aura, ce 8 avril à Strasbourg, une cérémonie de dépôt de fleurs au Conseil de l’Europe. Et puis c'est tout. Autant dire que la Journée internationale des Roms risque fort, en France, de passer totalement inaperçue. Au fait : pourquoi Donald Trump, qui n'aime pas trop les Roms, est-il surnommé "le Pelé du golf" ? Et aussi, au générique des éphémérides du jour : Henri Meschonnic, Vaslav Nijinski, le Barcelona Gipsy Klezmmer Orchestra, Alina Ciuciu et Alexandre Romanès.


 Ephémérides


Il aimerait bien les expulser, mais où ? Et puis, ils ne sont pas si nombreux aux États-Unis : environ 1 million de personnes (essentiellement en Californie, notamment Los Angeles avec environ 50.000 personnes, au Texas, en Floride, dans le Nord-Est, notamment à Chicago et Saint-Louis, et dans des villes comme Miami et Las Vegas (1), mais sans doute plus, car beaucoup ne se définissent pas comme tels pendants les campagnes de recensement. Vu les persécutions qu’ils ont eu à subir en Europe, on peut comprendre cette "discrétion".

 

Mais oui, il y a bien une communauté Rom aux États-Unis, résultant de plusieurs vagues d’immigration. Les premières traces de Roms en Amérique remontent au XVIIe siècle, lorsque certains furent déportés d'Angleterre sous Cromwell pour être vendus comme esclaves dans les colonies américaines, notamment en Virginie. Après l'abolition de l'esclavage des Roms en Roumanie dans les années 1860, de nombreux Roms émigrèrent vers l'Europe de l'Ouest et les Amériques. Aux États-Unis, ils arrivèrent principalement en provenance de Roumanie, de Hongrie, de Serbie et de Russie. Ces migrants incluaient des groupes tels que les Kalderash (chaudronniers), les Lovari (marchands de chevaux) et les Rudari (artistes itinérants). Beaucoup se spécialisèrent dans des métiers itinérants ou artistiques.


Nicholas, Bella, Andrija, Maria, Jeverem, Maria, Ivan and Maria Ištvanović avec leur cinq enfants,

une famille Rom de Serbie photographiée à Ellis Island lors de leur arrivée aux États-Unis, en 1904,

par Augustus F. Sherman (New York Public Library, Fonds Ellis Island)


Plus tard, dans les années 1920, les restrictions à l'immigration aux États-Unis ont conduit certains Roms à transiter par l'Amérique latine avant d'entrer aux États-Unis via le Mexique. Cela explique pourquoi certains Roms américains parlent espagnol ou ont des liens avec des communautés latino-américaines. Aux États-Unis, ils sont parfois appelés « gitans américains ».

 

(1). A New York, le quartier de Maspeth, dans le Queens, a brièvement abrité une communauté rom au début du XXe siècle. Entre 1925 et 1939, une colonie de Roms Boyash (également appelés Ludar, un sous-groupe rom originaire d'Europe de l'Est) s'est installée dans un bidonville de la région. Cette communauté a vécu dans des conditions précaires avant que le site ne soit rasé pour des projets de développement urbain. Aujourd'hui, il n'existe plus de traces visibles de ce passé rom dans le quartier.

 

Sources : Wikipédia ; "Romani realities in the United States : Breaking the silence, challenging the stereotypes", étude de François-Xavier Bagnoud, Center for Health and Human Rights de l'université de Harvard et Voice of Roma, Novembre 2020 (ICI) ; Sylviane Diouf-Kamara, "Rom américains : la minorité invisible", revue Hommes & Migrations, 1995 (ICI) ; Adèle Sutre, "« Are you a Gypsy ? » : l’identification des Tsiganes à la frontière américaine au tournant du XXe siècle", revue Migrations Société, 2014 (ICI) ; « Le passé des Roms et le travail de mémoire », Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, Nations Unies (ICI).


Le drapeau rom, créé en 1933 et adopté en1971 lors du premier Congrès international rom.


Un million de personnes, à l’échelle des Etats-Unis, ce n’est pas beaucoup, mais pour Donald Trump, c’est déjà trop. Il a au moins deux raisons de ne pas liker les "gitans américains" : on n’en connait pas qui auraient fait fortune dans l’immobilier, et en plus, ils ne jouent pas au golf. Pourtant, en France, les terrains vagues où ils séjournent sont souvent pleins de trous, mais ce n’est pas comme les greens.

 

On raconte tout ça parce qu’aujourd’hui, 8 avril, c’est la Journée internationale des Roms, décrétée en 1990 lors du quatrième Congrès mondial des Roms à Serock, en Pologne. Cette décision rendait hommage au premier Congrès mondial des Roms, organisé du 7 au 12 avril 1971 à Chelsfield, près de Londres, qui a marqué un tournant historique pour la reconnaissance et la coopération internationale des communautés roms.


"Gelem Gelem", l'hymne Rom interprété par le Barcelona Gipsy Klezmer Orchestra (2015),

avec la chanteuse Sandra Sangiao, et Mattia Schirosa (accordéon, ltalie), Robindro Nikolic (clarinettte, Serbie/Inde), lvan Kovačević (contrebasse, Serbie), Stelios Togias (percussions,Grèce), Julien Chanal (guitare, France),

Vroni Schnattinger (violon, Allemagne).


En cette Journée internationale, on n’a repéré, en France, aucun grand tintouin. Il faudra se contenter d’une cérémonie de dépôt de fleurs au Conseil de l’Europe, à Strasbourg, pour « rendre hommage à l'identité, à la résilience et au patrimoine culturel des Roms », en présence du commissaire européen aux droits de l’homme, l’irlandais Michael O’Flaherty. Cette cérémonie vient clore un séminaire, "Roma Youth Together" auquel ont participé, du 5 au 8 avril, trente-cinq jeunes leaders et travailleurs de jeunesse Roms issus des communautés Roms et Gens du voyage de toute l'Europe (ICI). Et toujours à Strasbourg, le théâtre du Maillon a accueilli, du 2 au 4 avril, une pièce de théâtre, Romáland, mise en scène par Anestis Azas et Prodromos Tsinikoris, qui « offre un portrait saisissant du statut de la communauté rom dans la société, abordant des thématiques telles que l'exclusion, la stigmatisation et la résilience culturelle » (lire ICI, critique sur Sceneweb). Tous ces événements s’inscrivent dans le cadre de "Opre Roma" ("Debout Roms !"), un mois entier d’événements dans toute l’Europe (ICI). En France, exception faite de Strasbourg, il n’y a rien.


Cachez ces gueux qu’on ne saurait voir ? On parlait plus tôt des « aires d’accueil » réservées aux Gens du voyage. Malgré l'adoption en 2022 d'une stratégie nationale visant à « lutter contre l’antitsiganisme et promouvoir l’inclusion des Gens du voyage et des personnes considérées comme Roms, dans le respect des lois de la République » (ICI), la France s’est fait remonter les bretelles, le 19 février dernier, par la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (ECRI). Car c’est peu dire que les choses se hâtent lentement…

 

« Dans un contexte où seuls 26 départements sur 95 respectent leurs obligations en matière de création d’aires et où les solutions d’habitat pour les "Gens du voyage sédentaires" (la persistance de cette dénomination administrative à de quoi nous interroger) sont quasi inexistantes, la majorité des Voyageurs se retrouvent contraints de vivre dans des aires prévues à l’origine pour un accueil temporaire. Résultat : des familles vivent en permanence sur des aires souvent situés à proximité d’installations polluantes, exposées à des expulsions répétées et privées de toute stabilité résidentielle », écrit sur son blog Mediapart William Acker, Délégué général de l’Association Nationale des Gens du Voyage Citoyens.


Delaine Le Bas, 'Gypsy' The Elephant In The Room, 2018, plastic and textiles, 70.05 x 6.40 x 0.40 cm, 2022.

Photo Marianne Kuhn / Mucem.


Les milieux artistiques et culturels ne sont guère plus accueillants. En septembre 2023, le Mucem à Marseille, avait pourtant inauguré une grande exposition, Barvalo (mot polysémique qui signifie en lange romani, "riche" et, par extension, "fier"), consacrée à l’histoire et à la diversité des populations romani d’Europe, avec quelque 200 œuvres et documents (imprimés, vidéo et sonores) issus de collections publiques et privées françaises et européennes (ICI). « Revigorées par "Barvalo", qui, espèrent-elles, fera date, les communautés romani aspirent désormais à la reconnaissance ultime : la création d’un musée qui leur soit propre », écrivait alors Roxana Azimi dans Le Monde, qui rappelait qu’André Malraux, dès 1964, formulait la nécessité d’un musée recueillant des archives tziganes. Visiblement, il va falloir attendre encore un peu, voire beaucoup.


Et on avait pu, lors de l’exposition au Mucem, découvrir des artistes contemporains d’origine rom, comme la Britannique Delaine Le Bas (ICI). Bien que celle-ci ait été, l’an passé, finaliste du prix Turner, elle reste encore persona non grata dans les musées et centres d’art en France…


En mémoire de...


Henri Meschonnic. Photo DR


Il n'était pas Rom. On peut toutefois saluer, en ce 8 avril, la mémoire du poète, traducteur, linguiste et essayiste Henri Meschonnic, mort à Villejuif il y a seize ans, le 8 avril 2009. Toàut au long de son oeuvre, Henri Meschonnic aura proposé une anthropologie historique, fondée sur une pensée du rythme, qui tente de repenser à la fois le langage, l'éthique, la politique et le poème. Inaugurée par la publication en 1962 des Poèmes d'Algérie dans la revue Europe, son œuvre poétique - de Dédicaces proverbes (1972) à La Terre coule (2006) - s'est développée parallèlement à une considérable activité théorique. Pour la poétique (1970) engage ainsi une réflexion sur l'écriture, le livre et la littérature qui se déploie à travers de nombreux ouvrages jusqu'à Politique du rythme, politique du sujet (1995), Célébration de la poésie (2001) ou Dans le bois de la langue (2009). Traducteur de la Bible pendant plus de trente ans (Les Cinq Rouleaux, 1970), Henri Meschonnic a également forgé l'une des plus fécondes théories actuelles de la traduction, notamment dans Poétique du traduire (1999). Il s'est aussi confronté à la psychanalyse, à la philosophie et à la critique d'art, et il a longtemps enseigné la littérature et la linguistique à l'université Paris-VIII.


A lire, extrait de "Manifeste pour un parti du rythme" (1999)

(...) Seul le poème peut unir, tenir l'affect et le concept en une seule bouchée de parole qui agit, qui transforme les manières de voir, d'entendre, de sentir, de comprendre, de dire, de lire. De traduire. D'écrire.

En quoi le poème est radicalement différent du récit, de la description. Qui nomment. Qui restent dans le signe. Et le poème n'est pas du signe.

Le poème est ce qui nous apprend à ne plus nous servir du langage. Il est seul à nous apprendre que, contrairement aux apparences et aux coutumes de pensée, nous ne nous servons pas du langage.

Ce qui ne signifie pas, selon une réversibilité mécanique, que le langage se sert de nous. Ce qui, curieusement, aurait davantage de pertinence, à condition de délimiter cette pertinence, de la limiter à des manipulations types, comme y procèdent couramment la publicité, la propagande, le tout-communication, la non-information, et toutes les formes de la censure. Mais alors ce n'est pas le langage qui se sert de nous. C'est les manipulateurs, qui agitent les marionnettes que nous sommes entre leurs mains, c'est eux qui se servent de nous.

Mais le poème fait de nous une forme-sujet spécifique. Il nous pratique un sujet que nous ne serions pas sans lui. Cela, par le langage. C'est en ce sens qu'il nous apprend que nous ne nous servons pas du langage. Mais nous devenons langage. On ne peut plus se contenter de dire, sinon comme un préalable, mais si vague, que nous sommes langage. Il est plus juste de dire que nous devenons langage. Plus ou moins. Question de sens. De sens du langage. (...)

Henri Meschonnic, extrait de "Manifeste pour un parti du rythme" (1999)


▶ Les archives d'Henri Meschonnic ont été déposées à l'IMEC - Institut Mémoires de l'Edition Contemporaine. Voir ICI.


Vaslav Nijinski dans "Le Spectre de la rose".


Et puis on a failli oublier. Il était peut-être un peu Rom sur les bords, on n'en sait rien, ses parents étaient polonais. En 1894, âgé de quatre ans, il se produit pour la première fois en public avec son frère en dansant le hopak, une danse traditionnelle improvisée des cosaques d'Ukraine, que leur avait apprise leur père. On devrait célébrer ce jour le soixante-quinzième anniversaire de la disparition de Vaslav Nijinski, mort à Londres, à 61 ans, le 8 avril 1950. Il sera finalement inhumé trois ans plus tard, en 1953, à Paris, au cimetière de Montmartre (22e division). Sa tombe est ornée d'une statue le représentant dans le rôle de Pétrouchka, réalisée par l'artiste russe Oleg Abaziev. Il se trouvera bien quelqu'un, parmi nos lecteurs, pour aller y déposer quelques fleurs...


 En pièces détachées


Donald Trump en pleine partie de golf. Photo DR


Il n'y a pas photo (enfin si, au-dessus) : Donald Trump au golf, c'est nettement moins gracieux que Nijinski (le DOGE est en train de vérifier s'il n'était pas un peu queer sur les bords), et moins enjoué que n'importe quelle danse tzigane. Ce week-end, alors que les bourses commençaient à dévisser après que le Führer de la Maison Blanche ait tiré au bazooka sur les droits de douane, Donald-l'agité-du-bocal s'éclatait sur un green en Floride : un trou par ci, un trou par là (en moins glamour que le Poinçonneur des Lilas immortalisé par Gainsbourg, une sorte de Rom métèque).


Il y a deux aspects de la personnalité de Trump que les médias français n'ont pas assez explorés : son goût du catch-spectacle, et sa pratique du golf. Savez-vous pourquoi, dans les cercles d'initiés, Trump est surnommé "le Pelé du golf" ? Parce qu'il déplace constamment sa balle avec ses pieds, ce qui, normalement, n'est pas franchement autorisé. Ce n'est pas tout : des partenaires de jeu racontent avoir vu Trump faire semblant de frapper une balle à partir d’une fosse de sable et courir vers le trou (une balle dissimulée dans une main) et se mettre à célébrer l’exécution d’un coup génial près du fanion ! D’autres se souviennent d’avoir vu Trump récupérer une balle qu’un partenaire de jeu avait frappée sur le vert, pour ensuite la lancer dans une fosse de sable, afin d’améliorer ses chances de remporter la partie. Ce n'est pas tout : Trump soutient qu’il a remporté 18 championnats de club, chaque fois sur des parcours qu’il possède, alors qu’un tel exploit relève de la science-fiction aux yeux des experts. Aucune de ces 18 victoires n’est d'ailleurs documentée. Il lui est même arrivé de s’autoproclamer champion d’un club sans avoir participé au championnat, en prétendant qu’il aurait battu le gagnant s’il avait été présent... Bref, un mythomane, doublé d'un tricheur compulsif.


Tout cela est raconté dans un ouvrage hélas inédit en français, Commander in Cheat, How Golf Explains Trump. Son auteur, Rick Reilly, ex-chroniqueur de la revue Sports Illustrated, connait Donald Trump depuis des décennies. Il sait donc de quoi il parle. Dans le monde du golf, un vieil adage veut que l’on puisse découvrir la vraie nature d’une personne en disputant une seule ronde avec elle. Par exemple, en observant bien votre partenaire de jeu, vous pouvez rapidement déterminer s’il est méticuleux ou brouillon, s’il est colérique ou tempéré, s’il est réservé ou extraverti, s’il est altruiste ou égocentrique et, bien sûr, s’il est respectueux des règles ou tricheur. Dans un sport où l’étiquette et la loyauté font foi de tout, et où les joueurs doivent eux-mêmes s’imposer les pénalités prévues au règlement, le dernier critère pèse évidemment très lourd. Et les golfeurs se méfient particulièrement des tricheurs. La tradition orale de ce sport, qui repose quand même sur près de six siècles, veut qu’il y ait de très fortes chances que les gens qui trichent au golf agissent de la même manière dans tous les aspects de leur vie.


Maassad Boulos, le "Monsieur Afrique" de Donald Trump


D'autres nouvelles de Trumpland ? Le Führer de la Maison Blanche (bis) vient de nommer comme conseiller principal pour l'Afrique un certain Maassad Boulos, déjà en charge du Moyen-Orient. Principale qualité de l'intéressé : est le père du gendre de Trump (son fils, Michael Boulos est marié à Tiffany Trump, la fille du président américain). Pour laver le linge sale, en famille, c'est mieux. Le reste est à lire sur l'excellent site Mondafrique :


La nomination de Maassad Boulos comme conseiller principal de Donald Trump pour l’Afrique est d’autant plus singulière que ses premiers pas dans la diplomatie au Moyen-Orient n’ont pas été couronnés de succès, toutes les parties se méfiant de lui. En effet, ce chrétien maronite s’est lancé, sans grand succès dans l’arène politique libanaise. (...)

L’homme de 54 ans qui détient pas moins de quatre passeports : français, libanais, américain et nigérian n’a aucune expérience dans le domaine. Selon le magazine Africa Report, il a débuté dans les affaires en Afrique grâce à son épouse, fille de Zouhair el-Achkar Fadoul, propriétaire du groupe Fadoul fondé en 1966 au Burkina Faso. Aujourd’hui ce consortium détient plus de 100 entreprises dans une dizaine de pays d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient. Depuis 2010, Maassad Boulos dirige une filiale de cette entreprise spécialisée dans le secteur automobile basée à Lagos au Nigéria. Les données financières disponibles montrent qu’elle n’est pas florissante et engrange une perte de chiffres d’affaires assez importante.  Mais tout a changé pour lui en 2022 lorsque son fils se marie avec Tiffany Trump. La cérémonie réunissant plus de 500 invités à Mar-a- Lago fût fastueuse, un mélange savant du kitsch américain et du luxe oriental.   (...) En réalité, en Afrique comme au Moyen-Orient, Maassad Boulos, représente surtout l’incarnation d’un népotisme si souvent reproché aux gouvernements africains par les Occidentaux.


 Un visage par jour


Anina Ciuciu en janvier 2023. Photo issue de sa page Facebook.


Née en janvier 1990 à Craiova, en Roumanie, elle a immigré en France avec sa famille à l'âge de 7 ans, Anina Ciuciu a réussi, malgré des débuts difficiles marqués par la précarité et la vie sans papiers, à intégrer l'université Panthéon-Sorbonne pour un master en droit et a également étudié à Sciences Po. Devenue avocate en 2023, après avoir réussi le concours d'entrée au barreau de Paris, elle est aujourd'hui une militante engagée pour les droits humains et lutte contre les préjugés envers la communauté rom.


Anina Ciuciu est active dans des organisations telles que La voix des Rroms et le Mouvement du 16 mai, qu'elle a cofondé, qui rend hommage à l'insurrection des Roms à Auschwitz-Birkenau en 1944 et mène des campagnes pour les droits humains, notamment contre la torture et les discrimination. Elle fait également partie du Collectif #EcolePourTous, qui vise à garantir l'accès à l'éducation pour les enfants roms et autres minorités en France.


  • Elle a cosigné avec Frédéric Veille, en 2013, un ouvrage autobiographique, Je suis Tzigane et je le reste, où elle raconte son parcours de jeune fille rom ayant surmonté la précarité pour réussir dans le domaine juridique.


Alexandre Romanès en 2016. Photo Romain Lescurieux


 Poèmes du jour


« Tout ce qui n’est pas donné est perdu ». Alaxandre Romanès ne se dit pas "rom", mais "tzigane", on ne va pas en faire tout un cirque. Enfin, si, Alexandre Romanès, avec Délia, sa compagne, il en a fait tout un cirque, lecirqueRomanès. Et en plus, Alexandre Romanès écrit. De la poésie. Ses ouvrages sont publiés par Le Temps qu'il fait et les éditions Gallimard. Le dernier en date, Le luth noir, est paru aux éditions Lettres Vives en 2017.


Ci-dessous, deux poèmes extraits de Paroles perdues (Gallimard, 2004)


La main qui se laisse prendre

est la plus belle,

et tous ceux qui ne voient pas

d'abord le ciel s'enterrent.

Moi, j'ai toujours été vers les autres, 

mais eux, il faut croire

qu'ils avaient mieux à faire.

.

Comme un ciel lourd et embué

le monde avance et fait ce qu'il peut.

Moi, j'admire l'oiseau magnifique

qui s'élève dans le ciel

et le geste impeccable

qui va droit au coeur.

.

J'irai à Dieu sans tache

mais pas sans regret

Le temps qu'on met 

à comprendre,

et pourtant

tout est si simple.


***


Tu as peut-être pleuré comme un enfant

mais ils n'ont pas cédé,

ils t'ont envoyé à la mort en riant.

Toi, tu voulais d'abord briser

la terrible fascination des hommes

pour le mal. Moi, plus modestement,

j'aimerais pouvoir décrire

chaque aspérité du coeur et du ciel.

Mais qui sait, de tout ça,

peut-être qu'il ne restera rien.

 

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