Tatiana Gueria Nade
CULTURES VIVES / EN DIRECT DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE DANSE DE OUAGADOUGOU
L’une est née en 1908 dans un quartier cossu de Paris ; l’autre voici une vingtaine d’années en Côte d’Ivoire.
L’une, Simone, a été scolarisée à l’âge de cinq ans ans au cours Désir, qui accueillait les filles de « bonnes familles ».
L’autre, Tatiana, a suivi le cours de ses désirs et est entrée à l’École de Danse d’Irène Tassembedo, à Ouagadougou.
Simone et Tatiana, cent ans les séparent, et une autre faille comme on dit, Nord / Sud.
Mais elles sont du même feu, de la même écorce, celui.celle du deuxième sexe.
Dans un solo, Sian, qu’elle vient de présenter à la 10ème édition du Festival International de Danse de Ouagadougou, Tatiana Gueria Nade bouffe et régurgite les mots de Simone de Beauvoir, dont la voix ferme vient convulser le corps de la danseuse.
Bon, j'ai triché : la voix n'est pas celle de Simone Beauvoir (ça aurait pu), mais celle de Delphine Seyrig, née en 1932 à Beyrouth, morte à Paris le 15 octobre à 1990, à 58 ans. Elle aussi (Delphine Seyrig) fut une grande voix du féminisme (voir ICI, sur le site de l'INA).
Avec ce paradoxe : ce « racisme », cette « ségrégation » dont parle Simone de Beauvoir alias Delphine Seyrig, qui mettent Tatiana Gueria Nade hors d’elle, sont aussi ce qui la révèle elle, en liberté d’être.
Jean-Marc Adolphe
A NOTER Tatiana Gueria Nade sera en résidence en mai-juin 2022 à l'échangeur, Centre de développement chorégraphique de Château-Thierry ("Visa pour la création", en partenariat avec l'Institut français), en co-réalisation avec la Briqueterie et les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.
La création de Sian sera présentée le 1er octobre 2022 lors du festival C'est comme ça à Château-Thierry (Aisne).
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