Dans l'Espace Territorial de Formation et de Réincorporation d'Aguabonita, chaque année, des artistes locaux viennent peindre des fresques sur les façades de toutes les maisons, selon les préférences des ex-combattants.
La Cour constitutionnelle inflige un camouflet historique au gouvernement d’Ivan Duque.
Cet article vous est offert par les humanités, média alter-actif. Pour persévérer, explorer, aller voir plus loin, raconter, votre soutien est très précieux. Abonnements ou souscriptions ICI.
LE TOUR DU JOUR EN 80 MONDES / COLOMBIE Le président français Emmanuel Macron est un grand amateur de « fake news »…, quand elles l’arrangent. Ainsi en va-t-il de la Colombie, pays dont la France est le cinquième marchand d’armes, lesquelles ont notamment servi à réprimer dans le sang (plus de 80 morts) le vaste mouvement de protestation sociale au printemps dernier. Au motif que son « grand ami » Ivan Duque (l’actuel président colombien) serait un fervent défenseur de la démocratie et des droits de l’homme, la France garde intacte sa coopération militaire avec le régime narco-corrompu et criminel qui Colombie. Militaire, et économique : en dix ans, la France a consenti à la Colombie 2 milliards « d’aide » (en réalité, des prêts pour des projets où se retrouvent engagés des entreprises françaises).
L’Accord de paix, signé en 2016 entre l’État colombien et la guérilla des FARC, sert à entretenir cette aimable fiction. Or, comme l’a révélé l’enquête au long cours de Verdad abierta traduite et publiée par les humanités, le président Ivan Duque (qui était opposé à cet Accord de paix, n’a cessé d’en limiter ou d’en entraver la mise en œuvre. C’est notamment le cas du chapitre consacré à la réincorporation des ex-combattants des FARC, qui continuent d’être régulièrement pris comme cible par les groupes militaires qui sévissent encore dans certaines régions (Lire ICI).
Or, voilà que sur ce point, la Cour constitutionnelle colombienne vient d’infliger un camouflet historique au gouvernement d’Ivan Duque. Fans une décision rendue le 27 janvier, après six heures de séance, la Cour a déclaré inconstitutionnelle la mise en œuvre de l'Accord de paix avec les ex-guérilleros des FARC, et a donné raison aux ex-combattants, qui avaient déposé huit requêtes contre l’État, alléguant notamment un manque de garanties de sécurité dans les territoires où ils ont été regroupés. La juge Cristina Pardo, qui a rédigé le rapport de la Cour constitutionnelle, parle de « violation massive de l'Accord de paix ».
La Cour constitutionnelle ordonne à l’État de garantir la mise en œuvre des programmes de protection et de sécurité des ex-combattants, des membres du parti Comunes et de leurs familles et dirigeants. L'Unité de protection nationale (agence gouvernementale) dispose de quatre mois doit réévaluerle risque auquel sont exposés les signataires de l'Accord de paix en cours de réincorporation et les membres du parti Comunes, ainsi que d'autres personnes se trouvant dans des situations similaires.
La juge Pardo a précisé que l'arrêt ordonne au gouvernement national d'adopter des mesures qui lui permettent de respecter pleinement les garanties de sécurité prévues par l'Accord de paix, et d'engager les procédures visant à fournir des allocations budgétaires suffisantes pour que les signataires de l'Accord de paix exercent des activités de direction politique ou sociale.
La Cour constitutionnelle souligne l’extrême gravité, pour la démocratie, de ce que 270 anciens combattants et signataires de l’Accord de paix, qui ont désarmé, aient d’ores et déjà été assassinés.
Pour la juge Pardo, suivie par la Cour constitutionnelle, le gouvernement n'a aucune excuse pour ne pas assurer la sécurité des signataires de l'Accord. Selon elle, le gouvernement a délibérément écarté deux instances, prévues dans l’Accord de paix, qui auraient été essentielles pour faire face aux situations à risque auxquelles sont confrontées les ex-combattants des FARC.
Comments