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Photo du rédacteurjeanmarcadolphe

Colombie : le massacre des innocents.



Eloignant journalistes et organisations de défense de droits de l’homme, le régime de Duque avance vers la commotion fasciste, quitte à massacrer son peuple. Premiers cas de charniers dévoilés près de Cali. Mais le peuple colombien reste debout.


COLOMBIE, de notre envoyé spécial. L'annonce semble à peine croyable : après presque un mois de grève nationale, provoquée par l'annonce d'une réforme fiscale qui allait aggraver la situation de la majorité d'une population déjà exsangue, après un mois de manifestations à travers tout le pays pour demander plus de justice sociale, hier est tombée une nouvelle ahurissante. La faible allocation mensuelle de solidarité versée aux plus modestes en pleine crise sanitaire, 160.000 pesos par foyer, soit 40 €, à peine de quoi manger une semaine, n’ira pas au-delà de juin. Raison invoquée : les caisses de l’État ne permettent plus de financer une telle aumône. Vu les sommes astronomiques dépensées pour équiper l’ESMAD (police anti-émeute) d’armes meurtrières telles que le Venom (lire ici), on comprend où passe l’argent.


A quoi jour le président Duque, crédité selon un sondage récent, de 76% d’opinions défavorables ? Une seule explication possible : jeter encore un peu plus d’huile sur le feu, provoquer dans le pays de nouvelles émeutes afin de décréter « l’état de commotion », un état d’exception qui pourrait lui donner constitutionnellement les pleins pouvoirs. Selon plusieurs commentateurs, cet « état de commotion » conduirait de façon quasi-certaine à une guerre civile. N’est-ce pas précisément ce que cherche le président colombien ?

Certains signes sont particulièrement inquiétants. Alors que Duque refuse toujours l’entrée sur le territoire colombien d’une commission d’enquête de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, hier a été refoulé Juan Grabois, membre du Dicastère pour le service du développement humain intégral du Vatican, une délégation d'observation venant d'Argentine pour documenter la situation de la crise des droits de l'homme. Il a été refoulé pour "agression et danger possible pour le pays". (https://www.pagina12.com.ar/343839-el-gobierno-de-colombia-expulso-a-juan-grabois).

Dans cette vidéo (https://www.facebook.com/HumanaRadioColombia/videos/148024644010405), on voit comment la police traite certains représentants patentés d’associations de droits de l’homme. Ces représentants ont aussi été expulsés d’une « marche silencieuse” organisée à Cali par des soutiens du régime uribiste (voir vidéo : https://www.facebook.com/HumanaRadioColombia/videos/148024644010405 ).

Qu’y a-t-il à cacher, en plus de ce que transmettent les réseaux sociaux ? Selon la chaîne teleSUR, deux corps ont été retrouvés dans la municipalité de Palmira, dans le département de Valle del Cauca, qui correspondent à des jeunes de la « primera linea » qui participaient à la Grève nationale dans le quartier de Siloé, à Cali. Un rapport de l'équipe juridique et humanitaire 21 N, de la Corporation Justice et Dignité, et de la Commission inter-églises pour la justice et la paix, souligne qu'à Cali les manifestants disparaissent et sont ensuite retrouvés dans les municipalités voisines. Dans des déclarations à teleSUR, l'ami de l'une des victimes retrouvées sur l'autoroute Cali-Palmira, Carlos Sierra, a assuré que le jeune homme "a été assassiné par l'État. (….) Carlos, comme tous les jeunes qui sont sortis dans les manifestations, n'a pas pu poursuivre ses études en raison du peu de possibilités que nous avons en Colombie. C'était une personne qui s'est battue jusqu'à son dernier moment et qui a essayé d'apporter un changement dans le pays". Les organisations de défense des droits de l'homme affirment que, depuis le 2 mai, elles ont reçu des informations selon lesquelles le centre administratif municipal de Cali serait utilisé comme un espace secret pour les opérations des forces de sécurité. Le document précise que certains jeunes de Cali signalés comme disparus ont été exécutés dans les municipalités de Guacarí et Buga (situées à moins de 40 minutes de Cali), "certains des survivants des exécutions ont été retrouvés avec des blessures par balle dans des centres médicaux et aujourd'hui ils sont terrifiés et se cachent", ajoutent-ils. L'enquête des organisations des droits de l'homme met également en garde contre l'existence de sites utilisés comme fosses communes. "Depuis le 14 mai, des informations font état de possibles fosses communes dans les zones rurales des municipalités de Buga et de Yumbo, où les corps de nombreux jeunes de Cali sont apparemment emmenés", ajoutent-ils.


L’un de ces jeunes disparus est un étudiant en communication digitale de 21 ans : depuis vendredi soir, il n’a donné aucune nouvelle à sa famille. Il suffit de voir son visage : de toute évidence, l’un de ces dangereux « vandales » et « terroristes » dénoncés par le Président Duque. Sans oublier les narcotrafiquants, qui seraient derrière tout ça. C'est bizarre, parce que les narcotraficants sont... justement les soutiens d'Uribe de Duque…

Lundi, le célèbre journaliste Gonzalo Guillén a rapporté le crash d'un petit avion à Providencia avec un chargement de 440 kilos de cocaïne, dissimulée sous quelques boîtes de masques anti-Covid. Selon le site Pluridad, l'avion appartiendrait à deux partisans pro-Uribe bien connus. L'avion N722HR, qui transportait les 440 kilos de drogue, appartenait à la société Interandes Helicopters S.A.S., dont le capital est divisé à parts égales entre Miguel Jaramillo Arango et Fernando Alfonso Escovar Lagebeck, tous deux considérés comme pro-Uribe. Cette société, Interandes Helicopters S.A.S., identifiée par le NIT 900.577.649, posséderait un bunker à l'aéroport de Guaymaral, un aérodrome de la ville de Bogota.

𝗟𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗮𝗱𝗼𝘅𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗮 𝗽𝗼𝗹𝗶𝗰𝗲 𝗮𝗻𝘁𝗶-𝗻𝗮𝗿𝗰𝗼𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲 𝘀𝗲 𝘁𝗿𝗼𝘂𝘃𝗲 𝗲𝗻 𝗳𝗮𝗰𝗲 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝘁 𝗮𝗲𝗿𝗼𝗽𝗼𝗿𝘁, 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗽𝗿𝗲̀𝘀 𝗱𝘂 𝗯𝘂𝗻𝗸𝗲𝗿 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗮𝗴𝗻𝗶𝗲 𝗱𝗼𝗻𝘁 𝗹'𝗮𝘃𝗶𝗼𝗻 𝘁𝗿𝗮𝗻𝘀𝗽𝗼𝗿𝘁𝗮𝗶𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗲𝗻𝘁𝗮𝗶𝗻𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗸𝗶𝗹𝗼𝘀 𝗱𝗲 𝗱𝗿𝗼𝗴𝘂𝗲𝘀 𝗶𝗹𝗹𝗶𝗰𝗶𝘁𝗲𝘀. Selon ce qu'a révélé Gonzalo Guillén, Miguel Jaramillo Arango, actionnaire de la société et l'un des propriétaires de l'avion, est le frère de Luis G. Jaramillo, qui a été directeur de la Financiera de Desarrollo Territorial, Findeter, pendant les mandats présidentiels de l'ancien sénateur Álvaro Uribe Vélez. Il est également l'actuel président de l'Association colombienne de l'aviation civile générale, AOPA Colombia.

Plus c’est gros, plus ça passe : la femme de Miguel Jaramillo Arango, Alejandra Azcárate, a déclaré à la presse que l'avion n'appartenait pas à son mari, mais à un ami qui lui avait prêté pour apporter … de l'aide humanitaire ! L'Agence de journalisme d'investigation API a toutefois que l'avion était bien enregistré au nom du mari de Miguel Jaramillo Arango.

Bref, en Colombie, il y a aujourd’hui deux sortes de « première ligne » : celle des jeunes qui se battent à mains nues pour plus de justice sociale


et la « première ligne » (de coke) des narcotraficants qui sont derrière Uribe et Duque.


Au passage : la France ne dit toujours rien. Pire, elle apporte son concours militaire à un régime qui tue sa jeunesse et asperge de glyphosate les communautés indigènes.


Dernière information d’hier, non moins inquiétante : l’incendie du Palais de justice de Tuluá, près de Cali. Là encore, le gouvernement attribue cet incendie aux « vandales ». Mais cet incendie rappelle un autre fait tristement célèbre : la prise du Palais de justice de Bogota, les 6 et 7 novembre 1985, qui s’était terminée par un bain de sang (près de 100 morts). On sait aujourd’hui que le cartel de Medellin a activement participé à cette opération. Selon un ancien proche de Pablo Escobar, le cartel aurait payé 2 millions de dollars pour contribuer au financement de l'opération. Il se serait agi pour le cartel de détruire des documents judiciaires et empêcher l'extradition de trafiquants. (Source Wikipedia)


Duque, et derrière lui Uribe, ne reculeront devant rien pour maintenir par la terreur les privilèges du clan de corrompus qui les ont fait élire. Derrière sa vitrine (de moins en moins) « démocratique », la Colombie reste un système féodal.

Duque connait sur le bout des doigts-sur-la-gachette (que l’on imagine manucurés à la perfection) la musique de la répression. Mais le peuple connaît une autre chanson. « El pueblo unido jamas sera vencido ». Telle est la jeunesse à venir de la Colombie, comme on peut le voir là :


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