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Photo du rédacteurJean-Marc Adolphe

COLOMBIE. Et vinrent les "mingas" indigènes...


Photo Ivan Valencia / AP


Dernières nouvelles de la Révolution colombienne : les violences policières et les assassinats continuent, notamment à Cali. Sous pression, le président Duque annonce une réforme de la police qui n'est que poudre aux yeux, au moment où arrive enfin une délégation d'enquêteurs de la Commission Interaméricaine des Droits de l'homme. Enfin, les communautés indigènes convergent vers Bogota et appellent à une Assemblée Nationale Populaire.


Colombie, ça continue. Le gouvernement a la gâchette facile, quand il s’agit de zigouiller des jeunes manifestants qui demandent plus de justice sociale, le droit à l’éducation et autres revendications terroristes du même tonneau. Et quand sa police anti-émeute (ESMAD) n’y suffit pas, ou parce que les organisations de défense des droits de l’homme commencent à se faire pressantes, le gouvernement se fait seconder par des tueurs à gages (sicarios), hommes en civils armés qui tirent le jeune manifestant comme le lapin de garenne, et ne sont jamais arrêtés. Normal, dans certaines vidéos, on les voit discuter le bout de gras avec des policiers en uniforme avant de sortir leur calibre.


CALI, dans la soirée du 4 juin. 2 morts de plus. VIDEO, VIDEO, VIDEO et VIDEO



Pour l’ex-président Alvaro Uribe, qui ne recule devant aucune vergogne, ces civils / snipers qui tirent sur les manifestations avec intention de tuer, et qui, de fait, tuent, sont en situation de “légitime défense”. Lire ICI / Leer AQUI


VIDEO. Un clip édifiant. Voilà le gouvernement auquel la France d'Emmanuel Macron offre assistance politique et militaire.


Et aussi : comment la police de Duque traite la jeunesse de son pays. Voir ICI / Ver AQUI


Les menaces contre les journalistes s’accentuent. Témoignage de José Alberto Tejada, journaliste de la chaîne Canal 2 à Cali (VIDEO). Charles Gros-Shelton, journaliste français de @FrontlineRepor1 blessé par la police à Cali (Voir ICI).


Mais aussi : le 4 juin, action / performance dans le métro de Medellin.

Par ailleurs, ce même 4 juin, le tribunal administratif du Cundinamarca a ordonné une audition du président Duque sur les violences qui ensanglantent les manifestations depuis un mois, et aussi sur son utilisation (a priori anti-constitutionnelle) du décret qui autorise le déploiement de l'armée dans plusieurs villes du pays.

Le tribunal a également ordonné à la procureure générale Margarita Cabello, au procureur Francisco Barbosa et au défenseur public Carlos Camargo d'envoyer un rapport bref et détaillé sur les mesures qu'ils ont prises ou qu'ils prendront, dans l'exercice de leurs pouvoirs, concernant les dénonciations, les plaintes et autres situations particulières qui se sont produites et dont ils ont connaissance concernant les différentes journées de protestation dans le pays depuis le 28 avril jusqu'à ce jour. (LIRE ICI / Vidéo ICI)


Le 5 juin, Cali se réveille encore dans le cauchemar. Le bilan des manifestations de la veille fait d’abord état de 2 morts puis de 6, tous tombés au champ de bataille, dans la fleur de l’âge.

Reportage de Jules, reporter-citoyen pour VECU. Vidéo (11’) à voir ICI.


Des images terribles, insoutenables :

Attaque d’un poste médical. A voir ICI / Ver AQUI

La mort en direct. A voir ICI / Ver AQUI


Depuis le début, à Cali, les quartiers sont en première ligne de la résistance. Article paru dans lundimatin, le 7 juin 202.

6 juin : Veillée en hommage aux 5 jeunes gens assassinés au Paso del Comercio à Cali, sur Canal 3.


6 juin, Cali. Loma de la resistencia. La police préfère battre en retraite face aux manifestants. VIDEO ICI (3’55)

6 juin. Après plus d’un mois de manifestations, la contestation sociale ne faiblit pas en Colombie. Le comité national de grève suspendu les négociations avec le gouvernement. Le président Duque a annoncé… lors d’une cérémonie de promotion de policiers à Bogota, une réforme de la police dont la répression violente du mouvement social a été vivement critiquée par la communauté internationale. (Source : RFI, 7 juin 2021) ; Cette réforme, c’est évidemment poudre aux yeux : le président colombien refuse de céder aux revendications des manifestants qui réclamaient la démilitarisation totale de la police et sa transformation en un corps civil. Mais comme par hasard, l’annonce de Duque quant à une réforme de la police est intervenue le jour même de l’arrivée en Colombie d’une délégation de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), chargée d’évaluer la situation des droits de la personne au cours des dernières semaines de soulèvement social. L’ONG de défense des droits de la personne Human Rights Watch affirme, pour sa part, d’ores et déjà disposer d’«allégations crédibles» concernant 67 décès, dont 32 «liés aux manifestations».


Et puis... Les mingas indignenas sont en train de rejoindre en force Bogota, depuis tout le pays.

Les premiers à être arrivés sont un groupe de manifestant.e.s et de membres de la garde indigène du peuple Misak. Après avoir été bloqués par la police toute une nuit à l’entrée de Bogota, ils ont pu rejoindre le centre de la capitale, où ils ont organisé un cordon humanitaire devant l’Hotel Tequendama, pour accueillir la délégation de la CIDH.


L’implication des communautés indigènes dans le Paro nacional est spectaculaire et pourrait s’avérer déterminante pour sortir la Colombie de l’ornière.

Les organisations indigènes, paysannes, afro-descendantes et autres qui se sont installées en divers points, notamment au nord de la route panaméricaine dans le Cauca, ont décidé qu'à partir de lundi, elles se retireront de la route et commenceront à se préparer à rejoindre la ville de Bogota.

Pour l'instant, ils ont exclu un dialogue avec le président Ivan Duque, car ils affirment qu'il ne veut pas les écouter.

"Nous n'allons pas écouter Duque, nous allons écouter le peuple parce qu'il n'a pas voulu l'écouter", a déclaré Hermes Pete, conseiller principal du CRIC.

La Minga sociale, populaire et communautaire appelle à un Pacte pour la vie et les droits de l'homme avec la participation d'organisations sociales, de lignes de front (primeras lineas), de juristes internationaux, d'artistes et d'interlocuteurs de la société civile. Au cours de la journée, un rapport sur la situation des droits de l'homme dans le cadre de la grève nationale 2021 sera présenté et la communauté internationale prendra un rôle actif dans la défense de la vie en Colombie. Il y aura également un concert pour la vie : "l'Assemblée Nationale Populaire approche et ces 6, 7 et 8 juin à Bogota , il y aura un processus construit par le peuple dans les rues, dans les regroupements communautaires et les lignes de front. Nous invitons les jeunes et tous ceux qui se mobilisent à participer et à construire ces espaces de pouvoir populaire."


Après la Révolution française (1789), la Révolution colombienne (2021) notamment portée par les communautés indigènes ?

Article à suivre dans les prochains jours.


Jean-Marc Adolphe, 7 juin 2021.



Fresques et graffitis dans le cadre du Paro Nacional, émission Teusaradio (1 h 12). A voir ICI

IMAGES




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