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Choré-graphies. Dessiner, danser (XVIIe-XXIe siècle)

Photo du rédacteur: Nicolas VillodreNicolas Villodre

Vingt-et-un ans après l'exposition Danses tracées, conçue par Laurence Louppe pour le musée de la Vieille Charité à Marseille, le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon et l’Institut national d’histoire de l’art s'associent pour une nouvelle exposition à venir qui traitera des relations entre le dessin et la danse. Un vaste champ qui va de l’Orchésographie (1589) aux productions graphiques de danseurs et choré-auteurs contemporains comme Daniel Larrieu ou Lucinda Childs.

 

Le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon et l’Institut national d’histoire de l’art présenteront, du 19 avril au 21 septembre 2025, l’exposition Choré-graphies. Dessiner, danser (XVIIe-XXIe siècle), qui traitera des relations entre le dessin et la danse. Le directeur général de l’INHA, Éric de Chassey et les commissaires de l’exposition, Pauline Chevalier, conseillère scientifique de l’institut et Amandine Royer, conservatrice du musée bisontin, nous ont apporté des précisions sur l’événement.

 

Amandine Royer a indiqué qu’un des points de départ du projet a été la monstration de Laurence Louppe, en 1991, Danses tracées [au musée de la Vieille Charité, à Marseille], qui donna lieu à un catalogue publié en 1994 par les éditions Dis Voir. Laurence Louppe ouvrit une brèche qui a permis de considérer les notations et les dessins de chorégraphes comme des pratiques graphiques en tant que telles. La commissaire a rappelé que le terme chorégraphie fut forgé en 1700, diffusé grâce à la publication de Raoul Auger Feuillet, qui s’appuie sur les travaux de Pierre Beauchamp, La Chorégraphie ou l’art de décrire la danse, dont l’exemplaire de l’INHA est celui de la deuxième édition de 1701. La chorégraphie n’est pas alors l’acte de créer mais celui d’écrire la danse.

Amandine Royer, Pauline Chevalier, Éric de Chassey, lors de la présentation à la Bibliothèque nationale

de l'exposition "Choré-graphies. Dessiner, danser (XVIIe-XXIe siècle)". Photo Nicolas Villodre.


Amandine Royer a évoqué l’importance historique de Francine Lancelot dans ce domaine, avec le colloque sur les danses anciennes qui se tint en septembre 1982 à Besançon et qui portait sur l’Influence de la danse sur la musique baroque. Francine Lancelot, qui se présentait comme « chorélogue », se référait au traité de Thoinot Arbeau sur les danses de la Renaissance, les maîtres à danser de Louis XIV et les systèmes d’écriture de la danse qui lui ont permis de les déchiffrer, de retrouver leur style, de les reconstituer, voire de les recréer avec sa compagnie Ris et danceries. Elle donna au théâtre de Besançon un spectacle intitulé Bal et ballets à la cour de Louis XIV.


La Chorégraphie ou l’art de décrire la danse (1701)


Les incunables de la BN et de l’INHA montreront la variété des signes, abstraits ou figuratifs, des systèmes, des techniques visant à illustrer ou à synthétiser l’art de Terpsichore. Un vaste champ qui va de l’Orchésographie (1589) aux productions graphiques de danseurs et choré-auteurs contemporains comme Daniel Larrieu ou Lucinda Childs, en passant par l’ouvrage Le Maître à danser (1725) de Pierre Rameau, l’alphabet original de Jean-Étienne Despréaux (début du XIXe siècle), la Sténochorégraphie proposée par Arthur Saint-Léon en 1852, les sculptures de mouvements dansés de Rodin, les notations de Laban et de ses confères du siècle dernier.

 

Outre les pièces des musées de Besançon, nombre d’œuvres picturales seront prêtées par les musées comme, par exemple, La Classe de danse de Degas du musée d’Orsay ; la cinédanse sera au programme grâce aux films du fonds de la Cinémathèque de la danse ; des spectacles et des installations rythmeront le parcours ainsi que toute la durée de l’événement – on pense notamment à la pièce de Myriam Gourfink, Les Temps tiraillés que nous avions découverte au Centre Pompidou en 2009 dont seront présentés dispositif et partition. Enfin, un catalogue sera co-édité par Liénart, INHA et MBAA. Nul doute que l’exposition franc-comtoise vaudra le détour.


Nicolas Villodre

 

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BONUS

Wassily Kandinsky, “Dance Curves: On the Dances of Palucca” (1926)


Le tracé des signes, par Dominique Brun

C’est l’immersion dans l’expérimentation quotidienne de leur corps, liée à leur pratique de la danse, qui conduit les danseurs, interprètes, pédagogues ou chorégraphes, à produire des signes qui témoignent, par et dans l’acte même de danser, de matières dont le corps est à la fois le dépositaire et l’héritier. De là, ils décident dans le vif de leur propre sujet, c’est-à-dire, à même la substance de leur corps de danseur – qui est aussi le sujet, objet vivant de leur propre étude – pourquoi tel signe, plutôt que tel autre, relève d’un intérêt particulier.

Cette décision, souvent inconsciente, pose à certains d’entre nous, une question double qui pourrait se formuler de la sorte : lesquels, parmi ces signes permettent de repérer une matière ? Et pourquoi cette matière-là est celle qui nous semble pouvoir participer à l’émergence d’une forme ?


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