Instantanés. La vie reprend à Boutcha. Le 1er septembre, comme partout en Ukraine, c’était rentrée des classes. Le lendemain, 2 septembre, étaient enterrés des civils non identifiés. A Tchernihiv, non loin de Boutcha, plusieurs centaines de civils sont également morts lors de bombardements incessants en mars, et de nombreux établissements publics ont été détruits. Quand école rime avec gravats : photoreportage d’Emilio Morenatti, prix Pulitzer 2021, pour Associated Press.
Cette publication vous est offerte par la rédaction des humanités, média alter-actif. Pour persévérer, explorer, aller voir plus loin, raconter, votre soutien est très précieux. Abonnements ou souscriptions ICI
A Boutcha, il y eut 33 jours d’occupation russe. Plus de 450 cadavres ont déjà été retrouvés, et de nouveaux corps continuent d’être exhumés.
Un massacre déjà grandement documenté (lire « Boutcha, la preuve par l’enquête »), dont seuls certains dérangés du ciboulot, du genre de Ségolène Royal, contestent la réalité : à ce propos, le collectif Stand with Ukraine a annoncé hier son intention de déposer dans les prochains jours une plainte contre l’ancienne ministre socialiste.
Hier à Boutcha, un prêtre bénissait les cercueils de civils non identifiés morts en février-mars 2022. Photo Emilio Morenatti / Associated Press.
Mais la veille, c’était rentrée des classes, à Boutcha aussi. Photo Kostyantyn Chernichkin pour The Kyiv Independent.
Une rentrée précédée par une cérémonie de recueillement et une minute de silence en mémoire de ceux qui sont morts sous l’occupation russe. Photo Kostyantyn Chernichkin pour The Kyiv Independent.
A Tchernihiv, en mars, d’incessants bombardements ont tué plusieurs centaines de civils, et de nombreux bâtiments ont été réduits à l’état de ruines. Quand école rime avec gravats, un photoreportage d’Emilio Morenatti, prix Pulitzer 2021, pour Associated Press. Le 30 août, il a accompagné des collégiens qui, pour la première fois depuis le 24 février, remettaient les pieds dans leur école, aujourd'hui détruite.
Mykola Kravchenko, 12 ans, regarde sa salle d'informatique détruite au lycée de Mykhailo-Kotsyubynske, bombardé par les forces russes
le 4 mars, à Tchernihiv, en Ukraine, mardi 30 août 2022. "Quand je suis à l'école, je pense aux personnes qui sont mortes
dans les décombres", dit Mykola. Photo Emilio Morenatti / AP
De gauche à droite :
Entourée d'éclats de verre et de décombres, Khrystyna Ignatova, 16 ans, est assise à son bureau dans les restes de sa classe de l'école n°21 de Tchernihiv, bombardée par les forces russes le 3 mars, à Tchernihiv : « Ce qui s'est passé est une tragédie. J'ai déjà pleuré sur tout ce que j'ai perdu. Mon école, mes amis et mes professeurs me manquent. Mais il y aura une nouvelle école, de nouveaux professeurs et de nouveaux amis. Le plus important est que la vie continue », dit Khrystyna.
Oleksandr Morhunov, 13 ans, est assis sur sa chaise dans les restes de sa classe de l'école n°21 de Chernihiv, bombardée par les forces russes le 3 mars, à Tchernihiv. "Quand je suis dans ma classe, je pense à quel point je veux que la guerre se termine", dit-il.
Entourée d'éclats de verre et de décombres, Sofia Zhyr, 14 ans, est assise à son bureau dans les restes de sa classe de l'école n°21 de Tchernihiv, bombardée par les forces russes le 3 mars, à Tchernihiv. "J'avais peur de venir à l'école la première fois après qu'elle ait été bombardée. Pendant longtemps, je ne faisais que la regarder de loin. À ces moments-là, il semblait que rien n'était jamais arrivé", dit Sofia.
Photos Emilio Morenatti / AP
Ivan Hubenko, 11 ans, marche sur les décombres de son ancienne école, qui a été bombardée par les forces russes le 3 mars, à Tchernihiv, en Ukraine, mardi 30 août 2022. "Je me sens offensé quand je suis dans mon école. Un ressentiment du fait
que les Russes ont détruit mon école", dit-il. Photo Emilio Morenatti / AP
Anastasia Avramenko, 13 ans, se tient dans les décombres de son ancienne salle de classe, à l'endroit même où se trouvait son bureau avant le bombardement de l'école n°21 de Tchernihiv le 3 mars. "Je voulais obtenir mon diplôme ici.
C’est comme si j’étais née dans cette école", dit-elle. Photo Emilio Morenatti / AP
Photojournalistes
Konstantin Chernichkin, né à Boärka en Ukraine, vit à Kiev. Fondateur de POLEZORU, première plateforme médiatique alternative de Kiev pour les journalistes visuels indépendants et les documentaristes qui se concentrent sur des projets à long terme à vocation sociale , il est directeur du service photo de The Kyiv Independant.
Sur Instagram : https://www.instagram.com/chernikakos/
Sur Facebook : https://www.facebook.com/kchernichkin
Emilio Morenatti : reporter-photographe espagnol, né à Saragosse en 1969, lauréat du Prix Lucas Dolega 2012, du Prix Ortega y Gasset en 2013 et du Prix Pulitzer de la photographie d’actualité en 2021. Basé à Barcelone, il est éditeur et rédacteur en chef photo de The Associated Press pour l’Espagne et le Portugal.
Emilio Morenatti a commencé sa carrière de photojournaliste en 1988 dans un journal local, El periódico del Guadalete, à Jerez de la Frontera. En 1992, il rejoint l’agence EFE, la principale agence de presse espagnole et s’installe à Séville.
Fin 2003, il est à Kaboul pour l’agence Associated Press et couvre la transition démocratique qui suit la chute du régime Taliban. En 2005, Associated Press l’envoie au Moyen-Orient à Gaza et Jérusalem. En 2006, il est kidnappé à Gaza par quatre hommes armés avant d’être libéré un jour plus tard, indemne. Il couvre ensuite l’Asie Centrale au Pakistan pour AP. En août 2009, il est gravement blessé en Afghanistan, quand le véhicule où il a pris place avec un cadreur Indonésien, Andi Jatmiko, et deux soldats américains, saute sur un engin explosif improvisé dans la province de Kandahar. Il perd son pied gauche dans l’explosion.
Il documente le sort de femmes pakistanaises défigurées après avoir eu le visage brûlé à l’acide, pour s’être « opposé à un mariage forcé, demandé le divorce ou s’être disputé simplement avec son mari ».
En 2021 Emilio Morenatti remporte le Prix Pulitzer de la photographie d’actualité pour ses photos de la pandémie de Covid-19 en Espagne, qui reflètent la souffrance des personnes âgées.
À partir d’octobre 2021, il documente les conséquences de l’éruption du volcan Cumbre Veja sur l’île de La Palma dans les îles Canaries, travail qui est récompensé par un premier prix au 79e concours Pictures of the Year International.
Sur Instagram : https://www.instagram.com/emilio_morenatti/
Photo en tête d'article : Sofia Klyshnia, 12 ans, se tient dans les décombres de son ancienne salle de classe, à l'endroit même où se trouvait son bureau avant que le lycée de Mykhailo-Kotsyubynske ne soit bombardé par les forces russes le 4 mars, à Tchernihiv. "J'ai peur de me tenir dans la partie détruite de la classe que j'étudiais autrefois", dit-elle. Photo Emilio Morenatti / AP
Un désastre...tous ces enfants sans écoles au milieu des décombres de leur lieu d'apprentissage....Tristesse infinie,impuissance..
Quelle force de vie et d'amour leur faut il en attendant la fin de la guerre,la reconstruction des villes,la normalité?