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Annexer Gaza, le dernier délire de Trump

Photo du rédacteur: Jean-Marc AdolpheJean-Marc Adolphe

Dernière mise à jour : 7 févr.

Des enfants palestiniens font la queue à un point de distribution alimentaire à Deir-al-Balah, dans la bande de Gaza, le 28 novembre 2024. Photo Abdel Kareen Hana / AP


Pour transformer Gaza en "Riviera du Moyen-Orient", Trump veut faire du territoire palestinien une propriété américaine.


On le répète sans cesse : les humanités, ce n’est pas pareil. Lorsque Donald Trump a annoncé son intention de « faire le ménage » à Gaza en déportant vers l’Égypte ou la Jordanie, « temporairement » ou « à long terme», près de deux millions de Palestiniens, nous avons quasiment été les seuls, de toute la presse hexagonale, à dire noir sur blanc à quoi servirait ce nettoyage ethnique : faire place nette pour transformer Gaza en station balnéaire de luxe ("Trump veut faire de Gaza une station balnéaire", publié le 26 janvier).


Donald Trump et Benyamin Nétanyahou lors d'une conférence de presse commune à Washington, le 4 février 2025. Photo AP


Les choses se précisent. Cette nuit, à l’issue d’une conférence de presse commune avec Benyamin Nétanyahou, Trump a confirmé sans ambages son intention de faire de Gaza « la Riviera du Moyen-Orient » (cf Associated Press).


Dans son rôle de carpette dévouée aux délires du chef, le secrétaire d’État Marco Rubio en a rajouté une couche sur le réseau social de propagande d’Elon Musk : « Gaza DOIT ÊTRE LIBÉRÉE du Hamas. Comme [le président américain] l’a déclaré aujourd’hui, les États-Unis sont prêts à prendre les devants et à rendre à Gaza sa beauté » ["make Gaza beautiful again", dans la version originale du message].

 

Mais comment y arriver ? Trump a déjà la réponse : « Les États-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza, et nous ferons du bon travail » (“The U.S. will take over the Gaza Strip, and we will do a job with it too”. En d’autres termes : déployer l’armée US à Gaza et en faire une propriété américaine (« Je vois une situation de propriété [des Etats-Unis] sur le long terme » de la bande de Gaza »), comme si c’était une simple extension de Mar-a-logo, la résidence privée de Trump (où, soit diot au passage, Cyril Hannouna vient d’être invité à dîner le 22 février par le président américain, pour « parler de la liberté d’expression »).

 

Dans son délire de toute-puissance, Trump s’invente même porte-parole de l’Arabie saoudite, qui aurait validé sa proposition. Affirmation sitôt démentie par le ministère des affaires étrangères saoudien : « la position du royaume d’Arabie saoudite sur la création d’un État palestinien est une position ferme et inébranlable. ». L'Égypte, la Jordanie et d'autres alliés des États-Unis au Moyen-Orient ont par ailleurs averti Trump que le transfert des Palestiniens de Gaza menacerait la stabilité du Moyen-Orient, risquerait d'étendre le conflit et saperait les efforts déployés depuis des décennies par les États-Unis et leurs alliés en faveur d'une solution à deux États.

 

Même dans son propre camp, les délires de Trump ne font pas l’unanimité. Lindsey Graham, sénateur républicain de Caroline du Sud et allié de Trump, a sobrement commenté : « Nous verrons ce que nos amis arabes diront à ce sujet. Mais je pense que la plupart des habitants de la Caroline du Sud ne sont probablement pas enthousiastes à l'idée d'envoyer des Américains prendre le contrôle de Gaza. Je pense que cela pourrait être problématique ». Sans prendre autant de gants, le sénateur démocrate du Connecticut, Chris Murphy, a déclaré de son côté que Trump avait « complètement perdu la tête » : « Il veut que les États-Unis envahissent Gaza, ce qui coûterait des milliers de vies américaines et mettrait le Moyen-Orient à feu et à sang pendant 20 ans ? C'est à vomir ».

 

Reste un dernier problème : déporter près de 2 millions d’habitants, c’est purement et simplement un nettoyage ethnique. Les droits de l’homme dans tout ça ? Pas de souci : hier également, Trump a signé un décret pour retirer les États-Unis du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (le texte du décret suspend en outre tout financement américain à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens)…

 

Le nouveau Maître du Monde (en tout cas, qui se prend pour tel) n’aime pas trop qu’au nom de billevesées comme les droits de l’homme, on puisse lui mettre des bâtons dans les roues. A l’époque, Hitler non plus n’aurait pas trop aimé…

 

Jean-Marc Adolphe

 

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2 Comments


Trump est un incapable et un médiocre sauf pour une chose: il simplifie singulièrement le langage, et les choses deviennent plus clair. Transformer Gaza en riviera, c'était le projet du Quatar, et même du Hamas si seulement Israel ne l'avait pas ruiné par le boycott et les retenues financières. Donc l'idée c'est la riviera mais sans arabes. On sait comment ce genre de choses finissent, car c'était aussi l'idee de l'Algérie française, etc... Les arabes ne collent pas à l'idée de la plage... Seulement des arabes, monsieur trump il y en a plein dans cet endroit là, et eux aussi aiment bien la plage. Alors tout cela devra se négocier de façon médiocre et inhumaine, à coup de chantage et…

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...absolument sidérant ...deux fous furieux ... face aux pleutres des autres nations...

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