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1,6 million d'enfants ukrainiens sont la proie de Poutine

Dernière mise à jour : 1 avr.

Uta Kasniashvili, "Enfant sous les bombes". Euromaidan art graphics


Il y a les enfants déportés en Russie, mais aussi ceux, très nombreux, qui sont contraints de vivre dans les territoires occupés par la Russie, où ils subissent une propagande féroce, souligne dans un entretien la juriste ukrainienne Kateryna Rashevska. Aux Etats-Unis, l'administration Trump a provisoirement rétabli une "queue de crédit" pour les chercheurs de l'Université de Yale qui travaillent précisément sur ces déportations d'enfants, mais cette annonce tient de l'entourloupe. Conjuguant l'actuel et l'inactuel, notre chronique du jour évoque Michel de Montaigne (était-il juif ?), Thomas Mundy Peterson et César Chávez, deux Américains qui sont rentrés dans l'histoire, et... le taco mexicain, dont l'empereur aztèque Moctezuma aurait été l'un des premiers gourmets. Et puis, on fait rapidement connaissance avec un nouveau visage (la première ministre indigène au sein du gouvernement colombien) avant de goûter la poésie de Michel Thion.


 Ephémérides


Montaigne était-il juif ?


Tout le monde, naturellement, connaît Antoinette Louppes de Villeneuve. Non ? Mais si, voyons : la mère de Michel Eyquem de Montaigne. Eh bien, elle ne s'appelait pas vraiment Louppes de Villeneuve. Ce patronyme est la francisation du nom espagnol Lopez de Villanueva. Les ancêtres maternels de Montaigne étaient originaires de Saragosse. C'était une famille juive espagnole. L'un de ces ancêtres, chiffonnier à Calatayud, s'appelait Moïse Paçagon. Pour échapper à l'Inquisition, il aurait fait mine de se convertir au catholicisme et choisi ce nouveau patronyme de Lopez de Villanueva. Sophie Jama, autrice d'une Histoire juive de Montaigne (Flammarion, 2010), a retrouvé la trace d'un certain Micer Pablo Lopez de Villanueva, qui a été brûlé vif par l'Inquisition espagnole en 1491. Sophie Jama attribue également une origine marrane à la lignée paternelle de Montaigne, les Eyquem. Pour mémoire, les marranes sont, à partir du XVe siècle, les Juifs de la péninsule Ibérique convertis au catholicisme qui continuaient à pratiquer leur religion en secret.


Montaigne s'est présenté et a toujours été considéré comme un "catholique sincère". Dans son œuvre, certains indices laissent toutefois penser qu'il ne s'était pas complètement écarté du judaïsme, comme le récit qu'il fait, dans son Journal de voyage en Italie, de ses visites aux synagogues de Vérone et de Rome. Et puis, il y a ce fait troublant que rapporte Edgar Morin dans Le Monde moderne et la condition juive (Seuil, coll. "Points", 2012) : « lorsque son grand ami Étienne de La Boétie était sur son lit de mort, et alors qu’il venait de recevoir l’extrême-onction, celui-ci aurait déclaré, selon des propos rapportés par Montaigne dans une lettre pour son père : “Je veux mourir sous la foi et religion que Moïse a plantées en Égypte ; que les pères reçurent en Judée et qui de mains en mains et par succession de temps ont été apportées en France.” J’en suis venu à me demander si le célèbre “parce que c’était lui, parce que c’était moi” n’avait pas un sens caché, en référence à un secret commun. »


On raconte tout cela parce qu'il y a exactement cinq-cent-trentre-trois ans, le 31 mars 1492, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon (son cousin germain, à qui elle a été fiancée à l'âge de trois ans), ces deux illuminati trumpistes avant l'heure, signaient l'édit qui ordonnait l'expulsion des juifs d'Espagne.


Thomas Mundy Peterson : a voté (en premier)


Il y a exactement cent-cinquante-cinq ans, le 31 mars 1870, à Perth Amboy, dans l’État du New Jersey, Thomas Mundy Peterson, alors âgé de 45 ans, qui travaillait dans la construction de tranchées d'égouts et aussi dans l'entretien de pelouses, est entré dans l'histoire.

Il n'avait pourtant rien fait d'extraordinaire. Enfin, si, ce jour-là, il a voté. Et aux États-Unis, il fut le premier Afro-Américain à le faire, jouissant ainsi du 15ème amendement de la Constitution américaine, adopté le 3 février 1870, après la guerre de Sécession : « Le droit de vote des citoyens des États-Unis ne sera dénié ou limité par les États-Unis, ou par aucun État, pour des raisons de race, couleur, ou de condition antérieure de servitude. »

Les élections de 1870-1871 pour la Chambre des représentants se déroulèrent pendant plusieurs mois. Le New Jersey fut le premier État à voter et dans le New Jersey, donc, Thomas Mundy Peterson. En 1884, en reconnaissance de son statut de premier électeur afro-américain, les citoyens de Perth Amboy lui ont décerné une médaille d'or, qu'il a portée avec fierté jusqu'à la fin de sa vie, le 4 février 1904.


Perth Amboy s'appelait jadis Ompoge ("Debout", en langue algonquine), jusqu'à ce que les colons écossais la rebaptisent  New Perth (en l'honneur de James Drummond, comte de Perth, l'un des 12 associés d'une compagnie de propriétaires écossais). Le nom de Perth Amboy a finalement été retenu, combinaison des combinaison des noms autochtones et coloniaux et autochtones (Amboy est dérivé de Ompoge).

La ville de Perth Amboy compte aujourd'hui 55.000 habitants. Lors des dernières élections américaines, les Démocrates ont recueilli 53,3 % des voix (contre 71,3 % en 2020, et 81,2 % en 2016).


  • Photo : souvenir de la cérémonie de remise de médaille à Thomas Mundy Peterson, 1884. Photo William R. Tobias. National Museum of African American History and Culture, Smithsonian Institution.


Le César Chávez Day

Pour rester aux États-Unis, c’est aujourd’hui le César Chávez Day, une journée commémorative fédérale, proclamée par Barack Obama en 2014. Elle est célébrée chaque année le 31 mars pour honorer la naissance et l'héritage de César Chávez (mort en 1993), militant mexicain-américain des droits civiques, qui a pratiqué la résistance non violente pour améliorer les conditions de travail et de vie des ouvriers agricoles aux États-Unis après avoir connu l'injustice dans son enfance au début des années 1930. Les United Farm Workers (travailleurs agricoles unis), organisation qu'il a fondée en 1962, continuent de lutter contre les injustices dans l'agriculture, notamment en ce qui concerne l'utilisation des pesticides et la législation sur les heures supplémentaires.

Cette histoire n'est pas trop du goût de Donald Trump, pour qui les Latinos sont avant tout des criminels en puissance.


Il y a du cactus dans le taco !


« Le meilleur taco bowl se trouve au grill de la Trump Tower. J’adore les Hispaniques ! », clamait pourtant Donald Trump pendant la campagne électorale de 2016, tout en affirmant, quelques mois plus tôt : « quand les Mexicains envoient leurs gens, ils n’envoient pas les meilleurs »… Le taco ? « C’est de la nourriture américaine », affirmait sans broncher, en 2018, l'alors présentateur de Fox News Tucker Carlson. Lors de la campagne de 2016, un certain Marco Gutierrez, cofondateur du mouvement Latinos for Trump, disait pourtant le contraire, mais pas pour s'en réjouir : « Ma culture est une culture très dominante. Elle s’impose, et ça crée des problèmes. Si on ne fait rien, il y aura des camions de tacos à chaque coin de rue »...



En tout cas il n'y pas de Journée nationale du taco aux États-Unis, alors qu'au Mexique, oui. Et ça tombe aujourd'hui. Le taco est d'ailleurs classé par l’UNESCO comme patrimoine immatériel de l’humanité). Tout a commencé avec les traditionnelles tortillas de maïs dans le Mexique préhispanique. Comment sont apparus les tacos ? Il y a au moins deux versions. La première correspond à l’empereur aztèque Moctezuma, qui utilisait des tortillas comme cuillère, formant ainsi quelque chose de similaire à ce que l'on connaît actuellement sous le nom de taco, tandis que la seconde se concentre sur le fait que les femmes de l'époque envoyaient aux hommes de la nourriture enveloppée dans des tortillas. Pour savoir, on a essayé d’interviewer Moctezuma, mais on n’a pas encore réussi à le joindre.


L’épi de maïs, popularisé par les Mayas et les Aztèques, est vendu sous différentes formes sur le marché de "Mexica", la capitale, au début du XVIᵉ siècle, rapporte Aïtor Alfonso dans son ouvrage La Faim de l’Histoire. La technique de "nixtamalisation", qui consiste à tremper les grains dans une solution alcaline afin de retirer la paroi les entourant, et ainsi pouvoir le moudre pour en faire une tortilla, est donc connue lorsque le conquistador Hernán Cortés débarque aux portes de Mexico-Tenochtitlán, en 1519. Impossible de connaître avec une absolue certitude les ingrédients du taco original. Certainement des haricots, de la courge et des piments parmi les plus facilement disponibles. Ce n’est qu’au XIXᵉ siècle que les taquerias font leur apparition à Mexico pour rassasier les ouvriers, avant de rallier bien plus tard les "cols blancs" de la capitale.


Aujourd'hui, parmi plein de variétés possibles de tacos, on peut avoir un faible pour les tacos nopal : l'attrait de ce taco réside dans son ingrédient principal, le cactus nopal, originaire du Mexique, et utilisé dans la cuisine mexicaine pour sa saveur et sa polyvalence...


  • Illustration : Moctezuma II, roi Tlatoani de 1502 à 1520. 


 En pièces détachées


Donald Trump, troisième mandat et "idéologies inappropriées"


« Personne ne peut être élu plus de deux fois au poste de président ». C'est ce que dit le 22ème amendement de la Constitution des États-Unis. Mais bon, la Constitution c'est un bout de papier qui a été rédigé en 1787, il serait peut-être temps de s'en émanciper. Le président de la Convention constitutionnelle, c'était George Washington et son secrétaire, James Madison. Tous deux étaient planteurs esclavagistes, ce qui les rend a priori fort sympathiques aux yeux d'Elon Musk, mais ils étaient quand même un peu mous du genou, et en plus, ils ne roulaient même pas en Tesla.


Nonobstant donc ce qui est gravé la constitution, Trump a affirmé hier, lors d’une interview téléphonique avec la chaîne NBC, qu'il ne « blaguait pas » sur son intention de briguer un troisième mandat présidentiel. Interrogé sur un éventuel scénario dans lequel le vice-président, J. D. Vance, se présenterait à l’élection présidentielle et lui céderait ensuite sa place (comme avait fait Poutine avec Medvedev en Russie), Trump a répondu que c’était « une » méthode, ajoutant qu’il « en existait d’autres ».


On aime assez le mot de "méthode", qui fait penser au vocabulaire mafieux. Trump pourrait aussi se passer d'élections, tout simplement. Par exemple en suscitant une situation insurrectionnelle qui lui permettrait d'instaurer la loi martiale, le temps d'installer un régime encore plus autoritaire qu'il ne l'est déjà. C'est en tout cas ce que préconise Curtis Yarvin, l'idéologue de "l'enténèbrement" qui murmure à l'oreille de J. D. Vance. En attendant, il n'est pas lieu de se demander quand aura lieu le coup d’État, car nous y sommes déjà : un coup d’État par touches successives, mais qui a déjà commencé.


Parmi les décrets que l'Agent Orange dégaine à tour de bras, l'un d'eux, signé le 27 mars, porte sur la restauration de « la vérité et la raison dans l’histoire américaine ». Comme l'écrit Le Monde, ce décret vise à prendre le contrôle d’institutions culturelles incontournables à Washington : les musées Smithsonian, une institution fondée en 1846, regroupant aujourd’hui 21 musées et un zoo gratuits, une vingtaine de bibliothèques, des centres éducatifs. Pour Trump, ces institutions culturelles et éducatives véhiculent des « idéologies inappropriées ». Le même argument est utilisé par le DOGE d'Elon Musk pour réduire à peau de chagrin les financements de l'USAid. Le maccarthysme, à côté, c'était de la gnognotte, et l'on n'a encore sans doute rien vu de l'ampleur que va prendre cette nouvelle chasse aux sorcières.


La Russie de Poutine et les enfants ukrainiens


Le Laboratoire de Recherche Humanitaire (Observatoire des conflits) de l'Université de Yale fait partie de ces organismes portés par une "idéologie inappropriée" : rien que le mot "humanitaire", c'est suspect. Ses chercheurs produisaient un travail conséquent sur les déportations enfants ukrainiens en Russie. L'annonce de la suppression brutale de cette entité, avec le risque que ses données soient purement et simplement effacées, a provoqué certains remous jusque dans les rangs républicains. Alors, l'administration Trump a fait mine de lâcher un peu de lest : un financement "à court terme" a été débloqué, le temps que les responsables du laboratoire de recherche « s'assurent que les données essentielles sur les enfants sont bien transmises aux autorités compétentes ». Personne, à notre connaissance, n'a relevé l'entourloupe. Car quelles sont les « autorités compétentes » auxquelles les chercheurs seraient censés transmettre leurs données ? Certainement pas à la Cour pénale internationale, dont Trump -tout comme Poutine- conteste la légitimité.


Katerina Rashevska lors de la présentation de l'étude « Crimes contre les enfants en Ukraine :

la structure du récit russe et les opérations d'information », Kyiv, 27 février 2025. Photo DR


On rappelle qu'est en jeu le sort de vingt à trente mille enfants (peut-être plus) kidnappés et illégalement déportés en Russie. Dans un long entretien récemment publié par le média ukrainien New Voice, Kateryna Rashevska, juriste au Centre régional des droits de l'homme, souligne que « jusqu'à 1,6 million d'enfants ukrainiens sont actuellement sous le contrôle de la Fédération de Russie. Il s'agit d'enfants qui ont été emmenés illégalement sur le territoire de la Fédération de Russie, ainsi que d'enfants contraints de vivre dans les territoires occupés par la Russie. Environ 600.000 enfants actuellement sous occupation russe sont en âge d'être scolarisés ».


En ce qui concerne les enfants déportés en Russie, « les orphelins et les enfants privés de soins parentaux sont des catégories qu'il est presque impossible de rapatrier sans intervention extérieure. Aujourd'hui, le processus d'adoption et de placement dans des familles russes se poursuit. Il se rapproche de plus en plus de ce qui s'est passé dans la péninsule annexée. Les parents "adoptifs" » russes viennent, cherchent de jeunes enfants en bonne santé et les emmènent. Il peut s'agir de petits groupes familiaux. (...) En réalité, la grande majorité des enfants emmenés en Russie ne sont pas placés dans des familles russes, mais dans des refuges et des orphelinats locaux. Il va sans dire que les orphelinats russes sont presque des colonies où règne la violence. Les enfants qui se retrouvent dans ces institutions continuent d'attendre que quelqu'un vienne les chercher, que quelqu'un les emmène. Il convient également de noter qu'il y a beaucoup d'orphelins de guerre parmi ces enfants, c'est-à-dire ceux dont les parents ont été tués au cours des hostilités. »


Des "centres de réhabilitation" financés par la France ?


Le 19 octobre dernier, le ministre français des affaires étrangères avait annoncé que la France allait aider à la création de centres de réhabilitation pour les enfants qui ont été renvoyés après avoir été déportés par la Russie, qui seraient ouverts dans deux villes ukrainiennes, Dnipro et Kharkiv. « Pour le moment », indique Kateryna Rashevska, « je n'ai aucune information sur la construction de ces centres. En même temps, je sais que la France donne beaucoup d'argent par l'intermédiaire de l'UNICEF qui, à son tour, soutient des ONG locales en Ukraine qui mettent en œuvre des programmes de réhabilitation et de réintégration. Mais avec nos partenaires du réseau ukrainien des droits de l'enfant, nous ne soutenons pas les initiatives telles que les centres susmentionnés. Selon nous, il s'agit d'une sorte de stigmatisation de l'enfant, de sa séparation, de son enfermement, qui peut lui donner l'impression d'être différent. Après tout, il n'y aura pas d'autres enfants dans ces centres, mais seulement des enfants ayant vécu des expériences similaires. En outre, la propagande russe peut utiliser activement cet aspect : il s'agit de la formation de l'idée des centres comme une sorte de "ghetto" où certaines actions éducatives sont menées à l'encontre des enfants revenus de déportation, ceux qui ont été déplacés de force.»



  • A NOTER : Le jeudi 4 avril à 18 h, à Paris (Mairie du 9ème arrondissement), l'association "Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre", organise un évènement pluridisciplinaire, mêlant musique, film et tables rondes. Pour réserver (entrée libre), ICI.


Un visage par jour


Lena Estrada Añokazi. Photo DR


En Colombie, Lena Yanina Estrada Añokazi vient d'être nommée ministre de l'Environnement. C'est une grande première : originaire de la région amazonienne de Colombie, Lena Yanina Estrada Añokazi, politologue de l'Université nationale de Colombie et titulaire d'un doctorat en durabilité de l'Université polytechnique de Catalogne, est une dirigeante indigène du peuple Uitoto Minɨka. Elle était depuis 2022 représentante des peuples indigènes auprès du Programme des Nations unies pour l'environnement. On en reparlera...


 Poème du jour


"Nous serons la force faible"


La 27e édition du Printemps des poètes (Lire ICI) s'achève aujourd'hui. Nous avions promis de faire, ce jour, une annonce importante. Mais on n'est pas encore tout à fait prêts. Pour (ne pas) tout dire, il s'agit d'un projet qui, sans être spécialement onéreux, demande quelques moyens... que l'on cherche encore.

En attendant, on ne s'arrête pas en chemin. Au-delà du Printemps des poètes, la poésie continuera de trouver place ici-même, dans ces chroniques au gré des jours.


Pour aujourd'hui, deux poèmes de Michel Thion,


Nous serons la force faible

(Éditions de la Margeride, 2014)


Écrire et danser sur le vent, nous le ferons,


dans la nuit attentive.


Nous écarterons de notre chemin


ceux qui se sont faits marionnettes,


ils sont la mort souriante.


Danse


Danse nuit

danse brouillard

rêver dormir


Danse nue la scintillante


Oiseau sommeille

la tête sous ton aile

danse la tempête


Arbre danseur tremblant

danse la lumière

danse amère de l'obscurité

aurore aux doigts de nuit


Regarde alors tes paupières

transpercées de douceur


Et le rideau de perles d'ombre

danse au vent brûlant

des chagrins inapaisés.


Un volcan rêveur est le tombeau de Polyphème

recouvert de nuages

avec danseuses de marbre et de sang


Danse les traces du feu sur la peau du volcan

la peau de l'arbre et la peau du ciel

et la peau du nuage


Quand le volcan s'endort

les enfants d'Ulysse

posent une fleur sur le sol

et dansent silencieux


Danse immobile

le cobra

sous la lune


Une île

regard lointain

regarde et danse où il te plaît


La danse ancienne et obscure

des survivants


Une danse

qui a connu l'éclat du feu et le marteau du forgeron

et l'effleurement

ne pas oublier l'effleurement

de l'horizon

et la danse rieuse de la pluie et de la mer


Danse aveuglée de larmes et de silence


Écoute la respiration

écoute avec lenteur

avec une lenteur concentrée

sans gravité ni inquiétude

danse la danse de l'écoute


Écoute la chaleur

danse l'air en plein soleil


danse lentement

avec tendresse

danse l'enfant

l'opale

et les gouttes d'eau

ne pas oublier les gouttes d'eau.


  • Michel Thion vit à Lyon. Poète depuis plus de 40 ans, il a d’abord participé à l’action culturelle et artistique dans le domaine des musiques contemporaines. Il a été animateur, directeur de médiathèque, chroniqueur et critique musical, directeur d’un festival de musiques contemporaines, délégué départemental à la musique, producteur de théâtre musical, et enfin, directeur de théâtre.

    En 2002, se consacre à l’écriture d’ouvrages après avoir publié ses textes poétiques isolément. L’auteur s’intéresse particulièrement aux ramifications entre poésie et musique. Parmi sa douzaine de recueils figurent L’Enneigement, (Prix SDGL Révélation de Poésie 2015 et prix CoPo 2016), Aphorismes et Périls ou Chroniques de la Mort, parus aux éd. de La Rumeur Libre.

 

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1 Comment


Merci beaucoup Jean-Marc de parler aussi de ces enfants, car le calvaire ne se situe pas seulement de l'autre côté de la frontière! Entre un enseignement russe, des parents devant accepter la nationalité russe pour que leurs enfants puissent bénéficier d'une main mise militaro-patriotique...l'enfer bien caché des TOTs!

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