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Sarah Vaughan contre Donald Trump

Sarah Vaughan. Photo Bob Parent 35ème anniversaire de sa mort. Sarah Vaughan chantait la tendresse. En plus, elle était noire et son parolier était un Juif dont les parents avaient immigré d'Ukraine : tout pour déplaire à Donald Trump, l'homme qui décrète plus vite que son ombre. Dernière lubie en date : des droits de douane imposés jusqu'aux manchots d'une île inhabitée de l'océan Austral. Mais pourquoi une telle "folie tarifaire" ? On vous dit tout, dans l'éphéméride du jour qui rend hommage à Sarah Vaughan (et à son parolier), mais aussi à Gabriella Ferri et Rosita Salvador, et encore à la cinéaste Sarah Maldoror, à qui le Centre Pompidou consacre une rétrospective... Avec d'autres éclats en pièces détachées, dont le visage du jour : Mohammad Hosseini. « À quoi peut ressembler une vie immunisée contre toute fragilité émotionnelle ? » (Sarah Vaughan, Autopsie d'un drame).  Ephémérides La très grande Sarah Vaughan avait une bonne raison de ne pas assister, hier, à l'annonce trumpiste du "Liberation Day" (concrètement, la nouvelle politique douanière du Führer de la Maison Blanche) : elle a quitté ce bas monde il y a trente-cinq ans jour pour jour, le 3 avril 1990. Elle n'avait que 66 ans, emportée par un cancer du poumon. On n'apprendra rien si l'on dit que Sarah Vaughan a été l'une des plus grandes voix du jazz. Elle était littéralement Body and soul. C'est en interprétant ce tube d'Ella Fitzgerald (présente dans la salle) qu'elle a décroché le premier prix au mythique concours pour amateurs de l’Apollo de Harlem, réputé pour faire émerger de nouveaux talents. C'était en 1942, elle avait 18 ans. « Je ne suis pas une personne spéciale. Je suis une personne ordinaire qui fait des choses spéciales », aimait à dire Sarah Vaughan. Proche de ses musiciens, aimant la fête et la célébration, «  elle allait boire des coups avec ses musiciens après les concerts, elle jouait au poker avec eux, ils étaient ses amis. C'est pour cela qu'elle n'est pas seulement un modèle artistique, mais aussi un modèle humain », confiait le journaliste musical et producteur de radio Lionel Eskenazi. Vivre avec son temps, artistiquement mais aussi politiquement : « Sarah Vaughan est l'une des rares artistes américaines a avoir franchi le rideau de fer au milieu des années 1970 », ajoutait-il en évoquant le concert mémorable qu'elle donna à Prague en Tchécoslovaquie, en 1978, en l'honneur du mouvement Charte 77 mené par Václav Havel pour la liberté d'expression. « Elle était très politisée, et c'est important parce qu'à l'époque, peu d'artistes américains allaient dans les pays de l'Est ». Tenderly (Tendrement) est l'une des chansons qui a fait connaître Sarah Vaughan. "Tenderly", c'est un mot que Donald Trump et la bande de prédateurs-psychopathes qui l'entourent ne savent même pas qu'il est dans le dictionnaire. En fin dechronique, chanson de Sarah Vaughan et explication de texte. D'autres voix disparues Elles étaient certes bien moins connues que Sarah Vaughan, mais ce n'est pas une raison pour les ignorer totalement. Disparue il y a vingt-et-un ans, le 3 avril 2004, Gabriella Ferri n'a eu aucun succès en France. C'était pourtant l'une des grandes voix de la chanson italienne, plus précisément romaine ; Rome dont elle a incarné le cœur battant, dans la veine du "petit peuple" de la ville éternelle. A entendre, pour connaître, sa version en italien de Gracias a la vida (ci-dessous), la célèbre chanson de la chilienne Violeta Parra, immortalisée par l'argentine Mercedes Sosa. Une biographie de Gabrielle Ferri est parue l'an dernier en Italie, signée Elena Bonelli : Io Gabriella Ferri. Una storia italiana (éditions Arcana). Et puis, dans un autre registre, clin d’œil à nos lecteurs québecois, on peut aussi saluer la mémoire de Rosita Salvador , décédée il y a dix-sept ans, le 3 avril 2008. Grande vedette des cabarets montréalais (tels le Mocambo et la Casa Loma) à la fin des années 1950 et au début des années 1960, elle a gravé une quarantaine de 45-tours et trois albums. « Mon cœur est en prison / Depuis le premier jour / Depuis que notre amour / En a fait sa maison » , chantait-elle dans un de ses plus grands succès, en 1965.  En pièces détachées "The Liberation Day" : Donald Trump annonce sa politique en matière de droits de douane, dans les jardins de la Maison Blanche, le 2 avril 2025. Photo Evan Vucci / AP Donald Trump : même les manchots seront taxés Hier dans les jardins de la Maison Blanche, Donald "facho-zozo" Trump a sorti le bulldozer. L'homme qui décrète plus vite que son ombre pense qu'à lui tout seul, il va pulvériser toute la structure du commerce mondial. L'addition des droits de douane va être salée pour tout le monde, et tout particulièrement pour la Chine. Il est probable que sur un terrain de golf, Donald Trump pourrait s'imposer face à Xi Jinping. Mais sur le terrain du commerce mondial, cela risque d'être une autre paire de manches. Et puis, encouragé par les libertariens et autres contempteurs de l’État, Trump conduit les Etats-Unis comme s'il s'agissait d'une entreprise. Peut-être n'est-il pas inutile de rappeler que le soit-disant milliardaire a foiré dans pratiquement toutes ses entreprises de business. Il serait (financièrement) mort depuis longtemps si la mafia russe, associée aux services de renseignement soviétiques puis poutiniens, ne l'avaient renfloué pour le sauver de la faillite et de la banqueroute. Et pas qu'une fois. Ce kompromat avec la Russie, les journalistes et commentateurs le font remonter en 1987, date du premier voyage à Trump à Moscou. En fait, cela a peut-être commencé un peu avant, en 1986, lorsque Donald Trump, qui n'a pas un sou, rencontre "miraculeusement" Steve Witkoff, magnat de l'immobilier, qui lui offre un sandwich au jambon, comme on l'a déjà raconté, en novembre dernier : ICI ). Jusqu'à présent, même les médias américains se sont fort peu intéressés à l'étrange carrière de celui qui est aujourd'hui l'envoyé spécial de Trump dans les "négociations" avec la Russie et l'Ukraine. Comment ce fils d'une modeste famille juive du Bronx (selon Wikipédia, qui omet de préciser que ses parents et grand-parents étaient russes) s'est-il retrouvé, en moins d'une décennie (celle des années 1990, lorsque des oligarques russes ont pu fuir la "mère-patrie" avec des sommes considérables) à la tête d'un empire de plusieurs centaines de millions de dollars ? Pas mal, pour un fils de fabricant de manteaux pour dames. D'où venait l'argent ? Mystère et boule de gomme... Revenons aux droits de douane. La fièvre protectionniste serait-elle, comme le débitent ce matin la quasi-totalité des commentateurs, la seule raison de l'emballement trumpiste ? Il faut lire une chronique de Timothy Noah, excellent journaliste de The New Republic ( ICI ) pour comprendre "la folie tarifaire de Trump". « Les tarifs douaniers de Trump ne visent rien d'autre que l'élimination de l'impôt progressif sur le revenu », écrit-il. Supprimer l'impôt sur le revenu et compenser le"manque à gagner", pour l’État fédéral, par des taxes douanières. Voilà une idée qu'elle est bonne. Sauf qu'elle est totalement stupide. « L'année dernière » , note le journaliste, « l'Internal Revenue Service [l'agence du gouvernement fédéral des États-Unis qui collecte l'impôt sur le revenu et des taxes diverses — sur l'emploi, impôt sur les sociétés et successions notamment — et fait respecter les lois fiscales concernant le budget fédéral des États-Unis - NdR] a collecté 2,96 milliards de dollars au titre de l'impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises, et les États-Unis ont importé pour 3,3 billions de dollars de produits étrangers. Vous remarquerez que ces chiffres sont assez proches. Pour remplacer toutes les recettes de l'impôt sur le revenu, il faudrait imposer des droits de douane de près de 100 % sur toutes les importations étrangères » ! Pas besoin d'avoir bac+5 pour comprendre que ça ne tient pas. Mais dans la tête de Trump, « déjà affaibli par un narcissisme malin et un analphabétisme fonctionnel, et qui montre presque quotidiennement des signes croissants de déclin cognitif » , ça tient. Et si Trump le dit, c'est que c'est vrai. Son réseau social ne s'appelle pas pour rien "Truth Social" : la seule, l'unique vérité (comme jadis La Pravda dans l'espace stalinien). La vérité, ça ne se discute pas. Sinon, c'est de l'idéologie, et c'est caca. Bon, il y a une chose qui vient parfois contester "la vérité" (auto-proclamée). Le réel, ça s'appelle. On verra bien. Un groupe de manchots royaux se dandinant sur les rives de Corinthian Bay dans le territoire australien de Heard Island, dans l'océan Austral. Photo : Matt Curnock/Australian Antarctic Division. Au fait : même les manchots seront taxés. Dans la liste des "pays" qui feront l'objet de droits de douane figurent les îles Heard-et-MacDonald. Ce territoire extérieur de l’Australie, situé dans le sud de l’océan Indien, inhabité, couvert de glaciers et abritant des manchots, figure dans la liste des taxes douanières visant l’Australie. Donald Trump a également imposé des droits de douane sur l’atoll de Diego Garcia, dans l’océan Indien, territoire britannique d’outre-mer qui accueille une base militaire américaine que le Royaume-Uni lui loue. Le Lesotho sera taxé à 99%, Madagascar à 93%, mais... personne ne semble encore avoir remarqué que la Russie est "curieusement" absente de le liste présentée hier par Donald Trump. De haut en bas, les signatures de Benito Mussolini, d'Augusto Pinochet et d'Adolf Hitler. Pour en finir avec Trump (pour aujourd'hui), on s'est intéressé à sa signature, qu'il exhibe à longueur de décret, marque du TRUMP POWER (après les Trump Tower). On a consulté un graphologue : « Cette signature complexe exprime le désir de montrer une image grandiose de soi et donne l'apparence de quelqu'un "qui en impose". Les principaux traits de caractère que l'on retient de la personnalité sont : froideur, despotisme, rigidité, volonté, orgueil, égocentrisme, ambition démesurée. Il s'agit de quelqu'un pour qui l'échange verbal n'existe pas, qui agit selon ses idées et son intérêt.Ici, pas de conciliation, pas de compromis ni d'accords : Altercations ou conflits ne sont pas craints ».  Wim Wenders, les clés de la liberté « J’ai toujours connu la paix, et j’ai grandi dans un monde où l’Europe semblait unie par cette idée. Mais aujourd’hui, nos anciens alliés ne nous soutiennent plus comme avant, et l’Europe est plus préoccupée par son économie que par la préservation de la paix. » Voici quelques jours, Wim Wenders, 80 ans, était en tournage à Reims, pour le tournage d'un court-métrage intitulé "Schlüssel zur Freiheit" (Les clés de la liberté). Commandé par le ministère des Affaires étrangères allemand, ce film s’inscrit dans le cadre des commémorations du 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et met en lumière un moment historique souvent méconnu : la première signature de la capitulation allemande le 7 mai 1945 à Reims, un jour avant celle du 8 mai, plus largement célébrée. « La guerre est de retour en Europe » , confie Wim Wenders, « et cela remet en question tout ce que nous avons construit depuis 1945. À travers ce film, je veux que les spectateurs se demandent : Et maintenant, que fait-on ? » . Ce que nous annoncions voici peu ( ICI ) se confirme. 39 enfants de la région de Louhansk ont été transférés de force dans un "sanatorium" de Klyazma, dans la région de Moscou, construit en 1963, à la grande époque soviétique des "sanatoriums". Le site dépend directement de l'administration présidentielle russe. Pour les enfants déportés, il y aura sans doute peu de balnéothérapie, mais beaucoup de séances intensives de russification. Cultures Sarah Maldoror. Photo DR Elle a épousé tous les engagements du 20e siècle : le surréalisme, la négritude, le panafricanisme, le féminisme et le communisme. En 1956, elle crée les Griots, la première troupe noire à Paris, puis étudie le cinéma à Moscou avant de réaliser à Alger son premier court métrage, Monangambééé , en 1969. Cinéaste femme, noire, anticolonialiste, Sarah Maldoror , décédée en 2020, laisse derrière elle une œuvre immense. En septembre 2022, nous lui avions déjà consacré un long hommage ( ICI ). En écho à l'exposition "Paris noir", le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective, du 3 au 7 avril. https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/hYT1Nh0 Et aussi : Pour explorer encore quelques autres chemins de traverse du cinéma brésilien contemporain, la version française de la Mostra de Cinema de Tiradentes, le plus grand événement du cinéma brésilien, c’est la semaine prochaine, du 3 au 7 avril, aux cinémas L’Ecran de Saint-Denis et au Méliès de Montreuil, ainsi qu’à la Cinémathèque française. https://mostratiradentes.com.br/ Pour explorer les rapports entre cinéma et bande dessinée, et ce que la seconde fait du premier, c’est à Bastia du 3 au 6 avtil, avec une exposition collective « bande des cinés », et les œuvres de Nicolas Badout, Aude Bertrand, Catel et Bocquet, Guy Delisle, Philippe Dupuy, Alex Inker (probablement bientôt dans Plan Large pour son extraordinaire Krimi , autour du tournage par Fritz Lang de M le Maudit),  et encore Julien Magnani.  BD à Bastia , 32e édition, du 3 au 6 avril.BD à Bastia, du 3 au 6 zavril : https://una-volta.com/bd-a-bastia-2025/ et https://una-volta.com/bande-des-cines/  Un visage par jour Mohammad Hosseini dans Au pays de nos frères, premier long-métrage de Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi. Premier long métrage écrit et réalisé par Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi, Au pays de nos frères étonne par son récit subtilement construit et particulièrement puissant. Le cinéma iranien ne s'était jamais encore intéressé au sort des réfugiés afghans en Iran – ils sont cinq millions à ce jour –. Le film de Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi (aujourd'hui exilés) évoque les humiliations subies et les affres de trois membres d'une même famille afghane, obligée de plier l’échine et de baisser la tête pour se faire une place, minuscule, sur les terres persanes. Et parmi eux, il y a Mohammad, un jeune collégien doué, forcé, un jour de sortie des classes, à suivre des policiers. Le contrôle d’identité n’est qu’un prétexte : le voilà exploité comme manœuvre pour des travaux de réfection du commissariat. Mais quand, au fil de ces « contrôles » répétés, un des flics se met à s’intéresser à lui de manière plus pressante, le drame advient, et le silence, honteux, qui va avec. Mohammad est joué par Mohammad Hosseini. Tous les acteurs du film (actuellement en salles) sont non-professionnels. Bande-annonce du film : https://vimeo.com/1058177137  Poème du jour Sarah Vaughan... et Jack Lawrence Pour le trente-cinquième anniversaire de sa mort, on termine cette chronique comme on l'a débutée : avec Sarah Vaughan et l'une de ses plus belles chansons. Tenderly est une chanson publiée en 1946 sur une musique de Walter Gross (1909-1967) et des paroles de Jack Lawrence. Souvent, les paroliers restent dans l'ombre. Alors, ici, dire deux mots de Jack Lawrence . Son nom de naissance (en 1912), c'était Jacob Louis Schwartz. Il n'y a pas besoin d'aller chercher midi à quatorze heures : ben oui, il était juif. Ses parents, Barney (Beryl) Schwartz et Fanny (Fruma) Goldman Schwartz,s'étaient enfuis de leur maison de Bila Tserkva, en Ukraine, pour aller en Amérique en 1904. Engagé dans le service maritime des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, Jack Lawrence a écrit la chanson officielle du service maritime et de la marine marchande, Heave Ho ! My Lads, Heave Ho ! Après la guerre, l 'une des premières grandes chansons de Jack Lawrence a été« Yes, My Darling Daughter », interprétée par Dinah Shore dans l'émission de radio d'Eddie Cantor et reprise par les Andrews Sisters dans une version ballade en 1941. On lui doit aussi les paroles de « All or Nothing at All », le premier succès solo de Frank Sinatra. Il a aussi écrit les paroles en anglais de « La Mer » de Charles Trenet, sous le titre « Beyond the Sea ». Jack Lawrence était homosexuel et a été le compagnon de longue date de Walter David Myden (nom de naissance Cohn ou Cohen) né à Cooperstown, dans l'État de New York, en 1915, de parents juifs ayant immigré de l'Empire russe. Jack Lawrence et lui se sont rencontrés alors qu'ils servaient dans la marine marchande américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1968, Lawrence et Myden ont fait un don important d'œuvres d'art américaines du XXe siècle au nouveau pavillon américain d'art et de design du musée d'Israël à Jérusalem. Cette donation est mentionnée dans une interview du couple publiée dans le New York Times , qui indique clairement qu'il s'agit d'un couple qui vit ensemble et qui fait cette donation ensemble, un aveu inhabituel et courageux pour des hommes homosexuels dans l'Amérique d'avant la chute du mur de Berlin. Des "sous-hommes" pour Trump, Musk et consorts... Tenderly, les paroles : The evening breeze Caressed the trees, Tenderly The trembling trees Embraced the breeze Tenderly Then you and I Came wandering by And lost in a sigh Were we The shore was kissed By sea and mist Tenderly I can't forget How two hearts met Breathlessly Your arms opened wide And closed me inside You took my lips You took my love So tenderly (traduction française) La brise du soir Caresse les arbres Tendrement Les arbres tremblants embrassaient la brise Tendrement Puis, toi et moi Nous sommes passés par là Et nous nous sommes perdus dans un soupir Le rivage était embrassé Par la mer et la brume Tendrement Je ne peux pas oublier Comment deux cœurs se sont rencontrés A bout de souffle Tes bras se sont largement ouverts Et m'ont enserrée Tu as pris mes lèvres Tu as pris mon amour Si tendrement Parce que vous le valez bien, les humanités  ce n'est pas pareil. 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