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Guerre globale

Un enfant palestinien blessé lors du bombardement israélien de la bande de Gaza attend d'être soigné à l'hôpital Al Aqsa de Deir al Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 26 mai 2024. Photo Abdel Kareem Hana / AP Est-ce "le massacre de trop" ? Le bombardement israélien sur un camp de déplacés à Rafah, ce 27 mai, suscite à juste titre une forme d'épouvante qui permet à Rima Hassan, nouvelle égérie de la France insoumise, de déclarer : "Israël, c'est pire que la Russie, c'est une monstruosité absolue". L'époque semble révolue où la raison semblait pouvoir dominer l'émotion, surtout lorsqu'aujourd'hui, "l'émotion" est mise au service de postures identitaires qui dispensent d'analyser les tenants et aboutissants d'une "guerre globale" qui lie aujourd'hui Palestine et Ukraine, avec la Géorgie pas très loin (sans parler d'autres fronts). Une "guerre globale" qui inclut aussi, sous d'autres formes plus sournoises, la France d'Emmanuel Macron, un Président qui peut-être désire inconsciemment ce qu'il dit détester. Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner :   ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI ÉDITORIAL 7 octobre 2023. Massacre perpétré par le Hamas en territoire israélien. L'épouvante. Un effroi, motivé par d'insoutenables images que les tueurs du Hamas ont même filmées avec leurs GoPro, que parvient à raconter lucidement Roman Bornstein sur le site du magazine Vanity fair , le 12 décembre 2023 ( ICI ). 27 mai 2024. Bombardement israélien d'un camp de déplacés de Barkasat, près de Rafah, dans la bande de Gaza. L'épouvante. Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a qualifié cette frappe d’ « erreur tragique » et a promis « une enquête sur ce qui s'est passé » . De qui se moque-t-il ? Il n'y a nul besoin d'enquête. Le site bombardé, géré par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, avait été désigné comme une zone humanitaire par l’armée israélienne. Néthanayou n'était peut-être pas au courant ? De plus, cette frappe meurtrière est intervenue trois jours après que la Cour Internationale de Justice ait ordonné à Israël d’arrêter « immédiatement » son offensive militaire à Rafah. Ce bombardement, c'est la réponse de Néthanayou à la Cour Internationale de Justice. Ce n'est en rien une « erreur tragique », sauf pour lui, car ce « massacre de trop » pourrait bien signer la fin de l'impunité dont a joui jusqu'à présent le Premier ministre israélien, encouragé par l'extrême-droite religieuse avec laquelle il a fait alliance pour se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Sur les réseaux sociaux israéliens, la droite radicale n'a pas caché pas un certain "enthousiasme" après le bombardement de Rafah. Yinon Magal, éditorialiste très populaire issu de la mouvance sioniste religieuse, a écrit dans un tweet, supprimé depuis, que le bombardement et l’incendie qui l’a suivi étaient le « feu de joie de l’année » , en référence à la fête juive de Lag Ba’omer, célébrée ce week-end avec ses traditionnels feux de joie. « Joyeuse fête »  a aussi commenté Naveh Dromi, chroniqueuse pour le quotidien sioniste religieux Makor Rishon , sous une photo de l’incendie... Contre le terrorisme du Hamas, Israël a certes le droit de se défendre, comme il est dit et répété. Mais là, il ne s'agit plus de cela. Pire même : au lieu de "défendre" Israël, Néthanayou est en train de ruiner son présent et son avenir. Néthanayou est aujourd'hui le pire ennemi de l’État d'Israël ; pas seulement en Israël, dans le monde entier. Allons un pas plus loin : à part quelques fanatiques extrémistes qui l'entourent et l'encouragent, Néthanayou est aujourd'hui le pire ennemi des juifs. Après cette dernière frappe à Rafah, de légitimes manifestations se sont plus ou moins spontanément organisées partout sur la planète (environ 10.000 personnes hier soir à Paris). Or cela fait un moment déjà que la "cause palestinienne", défendue de longue date par des militants et personnalités de toutes obédiences, se transforme ici ou là en expression d'un antisionisme radical qui flirte de près, voire de très près, avec un antisémitisme décomplexé. En France, lors du premier trimestre 2024, le nombre d'agressions antisémites a augmenté de 300 % par rapport à l'an passé ! Ajoutons que, par ricochet, aux États-Unis, l'expression de plus en plus radicalisée de cette cause palestinienne pourrait bien compromettre une possible réélection de Joe Biden (critiqué pour une politique jugée trop pro-israélienne) et ouvrir ainsi la voie pour un second mandat de Donald Trump, lequel se permet, dans une interview fleuve accordée au magazine Time , de criquer assez vertement Néthanyaou : le 7 octobre « a eu lieu sous son mandat » , affirme l'ancien président américain : « Ils ont l’équipement le plus sophistiqué  [en parlant d’Israël], ils avaient tout ce qu’il fallait pour l’arrêter. Et beaucoup de gens étaient au courant, vous savez, des milliers et des milliers de gens étaient au courant, mais Israël n’était pas au courant ! » Et (pour une fois, donnons raisons à Trump), il ajoute, parlant des jeunes palestiniens : « Les enfants grandissent et on leur apprend à haïr le peuple juif à un niveau que personne n’aurait cru possible. » De cela aussi, le jusqu'auboutisme de Néthanyaou est comptable. D'une certaine manière, le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 (qui aura visé, faut-il le rappeler, un festival organisé par des militants de la paix, partisans d'une solution à deux États) aura été du "pain bénit" pour le Premier ministre israélien. L'énorme émotion suscitée en Israël par ce pogrom aura fort opportunément (pour Néthanyaou et sa clique) fait taire les manifestations de plus en plus massives contre le projet de réforme judiciaire, dont le seul et unique objet était de protéger "Bibi" lui-même (Néthanyaou) pour corruption. Des manifestants dans les rues de Tel Aviv contre la réforme judiciaire du gouvernement de Benjamin Netanyahou, le 9 septembre 2023. Photo Ilan Rosenberg / Reuters. Hier encore, des milliers de personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv samedi pour protester contre le gouvernement israélien, exigeant davantage d'actions en faveur des otages du Hamas. Portant les photos de femmes soldats apparues dans une vidéo diffusée en début de semaine et décrivant leur enlèvement, ainsi que des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Arrêtez la guerre", les manifestants ont également demandé la démission du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et exigé de nouvelles élections. La vérité, c'est qu'en Palestine comme en Israël, l'immense majorité de la population n'aspire qu'à pouvoir cohabiter en paix (1), quelle que soit la solution politique retenue : deux États, un État fédéral, autre chose encore ? Ni le Hamas, soutenu par l'Iran qui veut la destruction pure et simple d'Israël ; ni l'extrême-droite juive orthodoxe qui a permis à Néthanyaou de rester au pouvoir et le tient en quelque sorte en otage, ne veulent d'une telle solution. Pour des raisons divergentes mais qui, au fond, convergent, ces différentes factions n'ont, pour maintenir leurs prébendes, avec le soutien de puissances qui jouent une autre partition, celle-ci mondiale, d'autre "stratégie" que d'attiser les haines réciproques pour entretenir le feu d'une guerre sans fin. Une guerre globale, qui sait jouer de tel ou tel "antagonisme" local pour nourrir son infernal commerce. Attiser les haines des uns envers les autres. Qu'il est loin le temps où Missak Manouchian, dans une ultime lettre à sa dulcinée-Mélinée, juste avant son exécution, le 21 février 1944, écrivait : « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. » Manouchian, combattant de la paix , savait au moins faire la distinction entre les peuples et les escrocs (voire psychopathes) qui les gouvernent. Où sont les Manouchian d'aujourd'hui ? Résilience ukrainienne, résistance géorgienne Concernant l'Ukraine, personne ou presque ne croit un tiers de quart de seconde au motif de la "dénazification" avancé par Poutine pour justifier l'invasion et l'agression de l'Ukraine, depuis le 24 février 2022. Faute d'avoir pu réaliser le "blitzkrieg" promis par ses éminents stratèges (qui eut consisté à prendre Kyiv en 24 heures et décapiter le gouvernement ukrainien (lire ICI le récit de ce fiasco), Vladimir Poutine n'a eu de cesse de s'enferrer dans le mensonge qu'il a lui-même inventé, et de poursuivre, contre toute raison raisonnante, une "opération militaire spéciale" où 350.000 jeunes soldats russes (au bas mot) ont déjà péri comme chair à canon. Avec, en renfort, quelques grandes démocraties amies, comme la Corée du Nord, le régime afghan des talibans (que Moscou vient de retirer de la liste d'organisations terroristes) ou... l'Iran des mollahs. Une analyse des séquences vidéo du site du crash du drone iranien Mohajer-6 dans la région de Koursk le week-end dernier (ce drone était vraisemblablement censé attaquer la région de Soumy en Ukraine), montre que ce drone transportait des bombes aériennes Qaem-5, que l'armée russe n'avait pas utilisées auparavant dans la guerre avec l'Ukraine. L’utilisation de telles bombes aériennes (utilisée en Iran depuis août 2019) indique, selon plusieurs experts, un « nouveau niveau » de coopération militaire entre Téhéran et Moscou. Le peuple russe n'a jamais été ennemi du peuple ukrainien. Il y a certes eu des querelles de famille (comme dans toute famille), voire pire (l'Holodomor, mais c'est Staline, et non le "peuple russe", qui en porte la responsabilité). Que sait-on, aujourd'hui, de ce "peuple russe" mis sous l'éteignoir ? Toute opposition y étant muselée, on devra se contenter de "signaux faibles". Celui-ci par exemple : les "élections" aux parlements régionaux viennent d'avoir lieu. La plupart des listes de Russie unie (le parti au pouvoir) avaient mis en avant des participants à "l'opération militaire spéciale" en Ukraine. Il était même prévu que leur score soit automatiquement augmenté de 25 % en raison de leur "engagement patriotique". Malgré cela, à part à Sébastopol (en Crimée occupée), c'est un fiasco total : ces candidats sont presque partout arrivés en dernière position. Seuls 1043 d'entre eux vont entrer dans des parlements régionaux, soit 3,2 % du nombre total de sièges à pourvoir ! A Kharkiv, après un bombardement russe, le 26 mai 2024. Photo Meduza Ce même jour, des écoliers à Kharkiv. Photo Kostantyn Liberov En Ukraine, l'offensive russe se concentre depuis début mai sur la région de Kharkiv,  deuxième plus grande ville d'Ukraine, qui comptait près d'1 million et demi d'habitants avant la guerre. Bombardements incessants. Le 26 mai, c'est un hypermarché qui a été visé. Au moins 16 morts, 43 blessés et 16 disparus. Pour Moscou, c'était naturellement une "cible militaire". Poutine ne parlera jamais d’ « erreur tragique ». Et sur les réseaux sociaux, les commentateurs de la propagande se réjouissent de ce nouveau "feu d'artifice" : après tout, il ne s'agissait que de "nazis". Des nazis, les femmes et enfants qui ont péri dans la frappe ? Mais oui : nés ukrainiens et souhaitant le rester, ce sont donc des "nazis passifs" selon le concept invité par le psychopathe Timofeï Sergueïtsev, qui a soufflé à Poutine cette histoire de "dénazification" lire ICI ). « Au début de la guerre, il y avait un sentiment d'intrépidité : s'ils nous tuent, ils nous tueront » , confie un habitant de Kharkiv au média indépendant Meduza. « Aujourd'hui, je pense différemment : si nous avons survécu aux horreurs qui se sont produites ici au début de la guerre, je veux survivre d'une manière ou d'une autre. Je veux vivre encore un peu. (...) Je pense que si la Russie déploie davantage de troupes ici, elle pourra au moins encercler Kharkiv, si ce n'est la prendre. Nous ne voudrions pas être coupés du reste de l'Ukraine. C'est vraiment effrayant : qu'en serait-il de la nourriture et des médicaments ? (...) Mais de nombreuses personnes ne veulent absolument pas évacuer, elles resteront ici jusqu'à la dernière minute, car la ville est vraiment importante pour elles. Ils ne se sentiront jamais aussi bien que chez eux. Et je ne parle pas seulement des retraités, beaucoup de jeunes ressentent la même chose. Mais d'un autre côté, il n'y a plus de vie en tant que telle ici. Il ne reste plus qu'à attendre la réponse à la question : "Qu'est-ce qui va se passer ensuite ?" » Pendant ce temps, les puissances occidentales en sont encore à tergiverser sur l'ampleur de l'aide militaire à apporter à l'Ukraine. A Kharkiv, le 26 mai 2024. Commentaire posté su X (ex-Twitter) : "Quand ce sera comme ça toutes les deux heures à Moscou, la guerre s'arrêtera."   En 2014, Jean-Luc Mélenchon écrivait déjà, sur son blog : « La Crimée est perdue pour l’Otan. Tant mieux. » Il n'a pas changé d'un iota, continue quoiqu'il en dise à minimiser le danger que représente le pouvoir poutinien, et persiste à voir dans d’imaginaires ingérences occidentales (l’Otan, l’UE, voire "le capitalisme"), les forces responsables de ce conflit. Il ne faut donc pas s'étonner de ce que le leader de la France insoumise observe un silence radio total sur la Géorgie. Pour ce très ardent "défenseur du peuple", ci ce même "peuple" vient à s'opposer aux copains de Poutine (hier en Syrie contre Assad, aujourd'hui à Tbilissi contre l'oligarque Bidzina Ivanichvili et la "loi russe"), c'est que ce même "peuple" est forcément instrumentalisé par la CIA et l'OTAN. CQFD. Et à la France insoumise, pas une tête qui dépasse. Même François Ruffin ou Clémentine Autain, que l'on dit plus "présentables", s'abstiennent de tout commentaire sur la Géorgie. La Géorgie ? « a'xiste pas » , comme disait Jean Tardieu ("La môme néant", in Monsieur Monsieur , Gallimard, 1951). La nouvelle égérie de la France insoumise s'appelle Rima Hassan. Au soir du bombardement sur Rafah, elle tweetait : « Israël est une monstruosité sans nom » . Pas le gouvernement de Néthanyaou, non : Israël en tant que tel ; Israël dont elle disait aussi, le 5 mai sur BFM : « c'est pire que la Russie » . Lorsque, tout récemment, elle dit explicitement que le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) aurait "dicté" le propos d'un ministre français (Stéphane Séjourné), elle enfourche tout simplement une très vieille antenne antisémite, celle d'un "Etat profond", où tapis dans l'ombre, des juifs influents seraient en fait partout à la manoeuvre. Voilà donc ce qui tient désormais lieu de ligne de pensée à la France insoumise... On a connu gauche plus internationaliste ! C'est un cas que cette Rima Hassan, dont il faudra reparler. Née en 1992 dans le camp de réfugiés palestiniens de Neirab, près d'Alep, en Syrie, ses grand-parents paternels, plalestiniens, ont été forcés à l'exil vers la Syrie lors de la création d’Israël en mai 1948. Ses grands-parents maternels, eux, sont issus d'une famille de notables syriens. On comprend que cela laisse des taces et là, visiblement, plus que des traces mais une haine tenace vis-à-vis de l'Etat d'Israël en que tel. Mais c'est en France qu'elle a pu trouver refuge et poursuivre ses études, où elle a obtenu un master en droit international à l'université Panthéon-Sorbonne. Cela n'empêche certes pas le ressntiment, vis-à-vis des brimades racistes qu'elle a subies lors de sa scolarité, de l'usage de sa langue maternelle (l'arabe) qu'elle a progressivement perdu, de la situation de sa mère qui n'a pu exercer en France son métier d'institutrice et a dû travailler dans des restaurants pour subvenir aux besoins de la famille... C'est d'ailleurs peu après le décès de sa mère, en 2021, qu'elle a décidé d'entrer en politique, non sans travailler simultanément comme conseillère du groupe L'Oréal, la multinationale de cosmétiques aujoiurd'jui détenue à 34% par la fgamille Bettencourt, dont le fondateur, Etienne Schueller, fut un collaborationniste notoire lors de la seconde Guerre mondiale, même s'il échappa en 1946 aux sanctions réclamées par le comité d'épuration de l'industrie chimique, après avoir inventé des "faits de résistance" imaginaires. Le nazisme, c'est loin... Rima Hassan ignorait-elle que le Groupe L'Oréal a aujourd'hui d'importants intérêts en Israël, où la firme est "numéro 1 de la beauté en Israël avec un portefeuille de 22 marques de maquillage, de produits capillaires, de parfums, etc." ? Toujours est-il qu'elle a cessé d'y travailler en novembre 2023 : « Mon contrat avec le groupe l’Oréal a été suspendu en raison de mes prises de position sur la Palestine. (…) Ils m’ont expliqué avoir eu des pressions et qu’ils ne souhaitaient pas se positionner » . Bref, victime un jour, victime toujours... Manifestation à Tbilissi, le 26 mai, jour de la fête de l'Indépendance. Photo DR. Géorgie. Appel à manifester ce 28 mai à 17 h (15 h en France) En attendant, la Géorgie ne baisse pas les bras. Ce 28 mai, le Parlement, contrôlé par le part au pouvoir, devrait invalider le véto posé par la Présidente, Salomé Nino Zourabichvili, au projet de "loi russe". Une nouvelle manifestation est convoquée à Tbilissi ce mardi à 17 h (15 h heure française) Franche et très souriante poignée de mains entre Jordan Bardella et Gabriel Attal avant leur débat télévisé du 23 mai dernier. Photo Thomas Samson / AFP Emmanuel Macron : après moi le déluge ? On n'est pas mieux lotis avec Emmanuel Macron et son gouvernement. Certes, il ne s'agit pas ici de comparer ce qui ne peut-être comparable. On s'étonnera toutefois de la récurrence du vocabulaire guerrier dans la bouche de l'actuel locataire de l'Elysée. "Stratégie" forcément gagnante, "mobilisation", "conquête", "souveraineté", sans parler du "réarmement" (7 fois dans son dernier discours de voeux) et du fameux « Nous sommes en guerre » , à six reprises, lors de son allocuation du 16 mars 2020, audébut de la crise du coronavirus. Alors même que le Président de la République a perdu de lourdes batailles, celle du busget et sans doute celle de l'électorat, qui cette réthorique martiale et belliciste peut-elle encore convaincre ? Sans doute le président jupitérien a-t-il lu (et corné quelsques pages) L'art de la guerre, de sin Tzu, premier traité de stratégie au monde, qui décrit notamment comment l'analyse des faiblesses de l'ennemi peut fonder une tactique. Mais pour cela, il faut un ennemi. Peut-être Emmanuel Macron n'a-t-il pas assez joué aux soldats de plomb dans son enfance ? Et s'il n'y a pas d'ennemi, l'inventer. C'est ce qu'on appelle la stratégie de l'huile sur le feu. Après la célèbre répartie présidentielle invitant un chômeur à "traverser la rue" pour trouver un emploi, Gabriel Attal ressort la vieille théorie du "chômage volontaire". Contre tous ces chômeurs qui préféreraient l'inactivité, nouvel accroissement des contrômes et nouveau durcissement des règles d'indemnisation. Ce n'est pas le moindre volet d'une véritable "guerre sociale" que ce gouvernement mène également dans l'éducation, la santé (y compris la psychiatrie), l'ensemble des services publics. Certes, cela est moins épouvantablement visible qu'un bombardement, mais combien de personnes brisées, déprimées, estropiées, cette "guerre sociale" va-t-elle laisser sur le carreau. Et combien de fuctures victimes devrons-nous déplorer de "passages à l'acte" commis par des personnes psychologiquement disloquées à force d'être poussées à bout ? Et enfin, il y a la Nouvelle-Calédonie, ce bout de France aux antipodes. On n'a toujours pas compris quel impérieux motif a poussé Emmanuel Macron à vouloir, tout seul, malgré les nombreux avertissements qu'il a reçus, revenir sur les accords de Nouméa qui ont assuré, malgré les injustices qui perdurent, dialogue et "paix sociale", et à imposer à la hussarde une réfoerme constititionnelle ? Plusieurs spécialistes de la Nouvelle-Calédonie évoquent aujourd'hui le risque fort plausible d'une "guerre civile"... En attendant,tout cela fait le jeu du Rassemblement national. Est-ce cela que veut Emmanuel Macron ? On ne saurait taxer le Président la République d'insincérité lorsqu'il exprime son refus de l'extrême-droite. Pour autant, dans un recoin de son inconscient, ne le désire-t-il pas ? Quoiqu'il tâche de s'en convaincre, sa volonté de transformer la République française en start-up nation ne marche pas, ou alors, très marginalement. On peut imaginer qu'il en conçoive courroux, déception, ressentiment, vis-à-vis des Français pas assez intelligents pour adhérer à son audance réformatrice. Il ne serait alors pas impensable qu'il veuille les "punir" de tant d'ingratitude. Et Jupiter est tellement d'infatué de lui-même qu'il pourrait être tenté de penser, en son for intérieur : "après-moi, le déluge". Et ce déluge, de le préparer. On ne dit pas que c'est la vérité. Juste une hypothèse. Jean-Marc Adolphe

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